A vingt ans, j'ai été enrôlé dans l'armée soviétique. A priori, cela ne paraissait pas être l'endroit idéal pour progresser, surtout en raison des conflits qui, à mon avis, ne manqueraient sans doute pas d'éclater entre le régime militaire soviétique et ma conscience.
Heureusement, la pratique de plusieurs sports m'avait rendu assez robuste pour supporter facilement les exigences physiques de ma nouvelle vie. J'ai vite fait partie des meilleurs soldats.
Je portais toujours avec moi un petit carnet dans lequel j'avais noté des passages de la Bible, de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy et d'articles parus dans Le Héraut de la Christian Science ainsi que les réflexions personnelles qu'ils m'avaient inspirées. Je lisais ces notes à la dérobée, et leur message m'apportait une grande force spirituelle. A cette époque, la religion était sujette au dédain aux railleries et à la répression. Néanmoins, je croyais fermement que Dieu me défendrait et me guiderait.
Un jour, tard dans la soirée, alors que je jetais un coup d'œil furtif sur mon carnet, un sergent particulièrement zélé s'en est aperçu et m'a confisqué le carnet pour l'examiner de plus près. La situation était extrêmement grave. Un silence profond planait dans toute la compagnie. A présent, je pouvais seulement m'en remettre à ce que la Christian Science m'avait appris. Je me suis dit: « Malgré ce qui vient de se passer, Dieu gouverne. Il règne aussi sur ce sergent. »
L'homme s'était plongé dans la lecture de mon carnet. Puis il m'a demandé calmement: « Pourquoi lisez-vous cela ? » « Je pense que ces idées me sont d'une grande aide », ai-je répondu. Et je me suis dit intérieurement: « Maintenant, il faut vraiment que j'en prouve la véracité. »
A cette époque, des hommes disparaissaient pour la moindre expression d'indépendance d'esprit. J'ai prié pour surmonter l'oppression mentale et le sentiment d'être en danger. Je me suis dit: « Tous les hommes sont les enfants de Dieu et ils sont frères, même ceux entre les mains desquels mon carnet va peut-être tomber. Dieu règne là aussi. »
Les journées suivantes ont été très occupées par un entraînement militaire intensif, et aussi, en ce qui me concerne par la prière. Je me suis efforcé de concentrer mes pensées sur l'univers divin qui constitue la réalité et est parfaitement bon. Cela m'a aidé à voir avec davantage d'assurance que tout est bon et que j'étais en droit de m'attendre à ce que ceux qui m'entouraient expriment cette bonté.
Puis j'ai été convoqué chez l'officier politique. Contrairement à ce que je prévoyais, l'entretien a été cordial, même s'il a exigé de grands efforts mentaux des deux côtés. Il n'y a pas eu de conflit désastreux. Et cet incident a eu un autre effet: je n'ai pas été envoyé à l'école militaire soviétique. Je suis resté fidèle à mes principes, et cette loyauté m'a épargné un sort très désagréable. J'ai senti que Dieu avait réellement pris soin de moi.
Néanmoins, j'étais surveillé plus étroitement qu'autrefois et n'ai plus obtenu de laissez-passer pour aller en ville. La vie paraissait bien sombre et sans but. Pourtant, j'essayais de faire mon travail le mieux possible. Un soir d'automme, j'étais particulièrement déprimé. « De quoi suis-je coupable ? Pourquoi me traite-t-on comme un prisonnier ? », me demandais-je.
Dans le hall d'entrée de la caserne se trouvait une immense vitrine où étaient exposés des objets appartenant à notre régiment. Je suis parvenu à me cacher derrière pour prier. J'ai tenu le raisonnement suivant: « Puisque Dieu est partout, Il est donc avec moi aussi. Je ne suis pas seul. Dieu gouverne tous les hommes, même ceux qui pensent me gouverner. Si Dieu est partout, peu importe où je suis, Il est avec moi. »
Pendant un instant, j'avais oublié dans quelle situation j'etais, mais la cloche du souper m'a fait sursauter. J'avais retrouvé l'espoir et je me sentais heureux, bien que rien ne changeât pendant plusieurs semaines. Puis j'ai été envoyé chez le chef des armées de la capitale. Grâce à cette nouvelle tâche qu'on m'avait assignée, j'ai eu droit à un laissez-passer pour aller en ville. Ce document me permettait de faire du sport les jours de permission, à l'extérieur du camp militaire.
J'apprenais que Dieu gouverne, même si les choses semblaient être déterminées d'avance par des règlements athées, politiques et militaires.
J'avais acquis la conviction que l'Amour divin est reflété par tous les hommes. Cette compréhension libère les relations humaines de toutes restrictions et fait apparaître l'harmonie divine dans l'existence humaine.
Un jour, un officier politique avait déclaré que j'étais loyal à tous les points de vue, mais que, sur le plan politique, j'etais absolument nul. Or, en me tournant vers Dieu sans perdre espoir, j'ai compris qu'Il savait qui j'étais et qu'Il annule toute mauvaise décision.
Plusieurs semaines plus tard, le commandant du bataillon devait faire parvenir un important message à un détachement voisin, mais les lignes de communication étaient bloquées en raison du mauvais usage qui en avait été fait. Après que deux hommes politiquement sûrs furent envoyés – sans atteindre leur destination – le commandant, très ennuyé, m'a demandé d'y aller. Je suis arrivé à temps. Les lignes ont été débloquées et le contact rétabli. Il semblait que même ce système complètement athée avait besoin de moyens plus élevés pour trouver la fiabilité.
Peu à peu, la sympathie de ma compagnie et de mes supérieurs se faisait sentir. Lors d'un moment de repos, un jeune soldat s'est mis à raconter une anecdote grivoise. Très vite, un camarade plus âgé l'a interrompu: « Arrête ! Je suis sûr qu'Anti [c'est mon nom] ne tient pas à entendre ça ! » J'ai été surpris, mais j'ai compris qu'ils respectaient mon engagement spirituel.
Le matin du 1er mai, le chef du contre-espionnage du régiment est venu voir notre bataillon et m'a demandé s'il était vrai que, étant un homme instruit, je croyais à l'existence de Dieu. En remettant mon destin entre les mains de Dieu, j'ai répondu: « Oui, c'est ce que je crois. » Il m'a alors demandé si je propageais mes idées dans le régiment. J'ai répondu qu'on ne peut pas servir des principes à la louche, mais j'ai admis que je répondais toujours honnêtement aux questions qu'on me posait. On m'a alors dit de ne pas propager mes principes, puis est venue la question-clé: « Que feriez-vous si vous deviez tuer quelqu'un ? »
Ah oui bien sûr, de quelle valeur est un soldat qui ne veut pas tuer ! Or, j'avais pris la décision de ne pas tuer. Et maintenant, il fallait que je l'avoue. Je devais déterminer qui j'étais destiné à servir: Dieu ou mon officier supérieur. J'ai donc répondu: « Il est possible de trouver une solution pacifique à tous les problèmes. Et je crois que mon Dieu ne me mettra pas dans une situation où je devrais tuer un homme. »
Puis on m'a laissé tranquille – seul avec mon Dieu. Ma franchise a surpris mes camarades. Lorsque la structure du régiment a été revue, on m'a donné le grade d' « ancien soldat », le plus élevé pouvant être accordé à un soldat non-conformiste (qui pense différemment). J'avais donné toute ma confiance à Dieu et, à nouveau, je n'avais pas été déçu.
J'apprenais que Dieu gouverne, même si les choses semblaient être déterminées d'avance par des règlements athées, politiques et militaires. Quand, par exemple, le secrétaire du bataillon est devenu alcoolique, le commandant m'a nommé à ce poste. J'avais accès à des documents secrets que je devais aussi surveiller, c'est pourquoi j'étais obligé de dormir dans le petit bureau. Chaque jour, mon travail terminé, j'avais ainsi la possibilité de prier sans être dérangé !
A un moment donné, j'étais de service dans la pièce où des soldats étaient démobilisés. Le commandant du camp est entré, s'est irrité d'avoir trouvé quelque chose en désordre et m'a mis aux arrêts de rigueur pour une journée. Je me suis mis à prier, à la recherche d'une solution scientifique. Je restais ferme, car je savais que Dieu annulerait la sentence injuste. Étant donné le poste que j'occupais, c'était à moi de rédiger l'ordre de mon arrestation. Cependant, quand je l'ai donné au chef du bureau, le capitaine bougon n'a pas voulu m'envoyer en prison, parce qu'il n'avait personne pour me remplacer. J'ai dû réécrire l'ordre de mise aux arrêts, mais quand j'ai eu terminé, le délai d'exécution du châtiment avait été dépassé.
Chaque nouvelle journée m'apprenait quelque chose de nouveau. Lorsqu'est venu le temps de ma démobilisation, j'ai préparé les documents de sortie pour tous mes camarades. Cependant, le commandant m'a dit: « Si je vous laisse partir, j'ai un problème avec la garde. » C'était une remarque injustifiée, mais que pouvais-je faire ? Tout d'abord, je me suis senti profondément déprimé. Les jours et les semaines traînaient en longueur, comme irréels. Puis, un soir, je me suis installé dans une pièce isolée. Je pouvais enfin réfléchir de nouveau tranquillement. J'ai compris qu'il existait une solution juste, même pour ce problème, et Dieu — la sagesse suprême — m'aiderait à la trouver.
J'ai pris le tableau de service du commandant et me suis mis à travailler sur l'affectation des tâches. Après la modification de certaines tâches, il restait un homme supplémentaire. Cela signifiait que je pouvais être démobilisé. J'avais servi pendant trois ans et trois mois dans l'armée soviétique. Le lendemain matin, j'étais libre.
Ce qui, au premier abord, avait semblé être un destin malheureux se révéla une école de développement spirituel très utile.
Ce qui, au premier abord, avait semblé être un destin malheureux se révéla une école de développement spirituel très utile. J'éprouve une profonde gratitude envers Mary Baker Eddy qui nous a donné des enseignements nous aidant à comprendre les lois de Dieu et à leur obéir.
Rapina, Estonie
En lisant ce magazine, vous remarquerez que les mots « Science Chrétienne », y compris dans le titre du Héraut, apparaissent désormais en anglais. Christian Science est le nom que Mary Baker Eddy a donné à sa découverte. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, elle écrit: « En l'an 1866, je découvris la Science du Christ ou lois divines de la Vie, de la Vérité et de l'Amour, et je nommai ma découverte Christian Science. » (p. 107) Toutes les traductions de Science et Santé ont gardé les mots « Christian Science » en anglais dans ce passage. En accord avec cet usage, les Directeurs de l'Église du Christ, Scientiste, étendent donc l'utilisation des mots anglais à chaque texte qui paraîtra dorénavant, ce qui permettra ainsi aux termes « Christian Science » d'être reconnus universellement tels que Mary Baker Eddy les a introduits à l'origine.
