Imaginez que vous êtes le conseiller d'un roi qui a eu un rêve dont il ne peut se rappeler. Il vous demande d'abord de raconter ce rêve, puis de l'interpréter. La Bible décrit la réaction des conseillers du roi de Babylone, Nébucadnetsar, qui se sont trouvés précisément dans cette situation. Ils s'exclamèrent avec horreur: «Il n'est personne sur la terre qui puisse dire ce que demande le roi; aussi jamais roi, quelque grand et puissant qu'il ait été, n'a exigé une pareille chose d'aucun magicien, astrologue ou Chaldéen.» Dan. 2:10.
Les conseillers du roi avaient raison. Il n'était «personne sur la terre», c'est-à-dire personne ne pouvait répondre à une telle exigence en s'appuyant sur un concept matériel et personnel de l'intelligence. Il existait toutefois, à cette cour, un homme qui savait que, par la prière, il trouverait une réponse en s'en remettant à autre chose qu'à un concept limité de l'intelligence. Daniel avait une profonde confiance en Dieu; il avait la certitude que Celui qui sait tout Se révélerait à lui. Il n'hésita pas à promettre au roi qu'il interpréterait son rêve, et c'est exactement ce qui s'est passé. Dans sa prière de gratitude à Dieu, Daniel s'exclama: « Béni soit le nom de Dieu, d'éternité en éternité ! A lui appartiennent la sagesse et la force. » Dan. 2:20.
Le cerveau matériel est considéré comme le siège de l'intelligence, et on compte sur lui pour la compréhension, un peu comme le roi comptait sur ses conseillers inefficaces. Au mieux, on lui reconnaît des limites. Au pire, on l'accuse de mal fonctionner et de retarder l'activité normale. Pourtant, les Écritures disent de Dieu: «Son intelligence n'a point de limite.» Ps. 147:5. L'intelligence infinie est — doit être — partout; elle est donc la seule intelligence réellement active. L'intelligence infinie ne saurait être canalisée dans un cerveau matériel limité. Elle doit être, et en fait elle est, exprimée spirituellement et manifestée sans bornes.
L'intelligence est inséparable de notre véritable nature d'idée divine.
L'expression de l'intelligence est l'homme, l'homme créé par Dieu, la vraie nature de chacun de nous. «Le temps est venu où un concept fini de l'infini et d'un corps matériel en tant que siège de l'Entendement devra faire place à un sens plus divin de l'intelligence et de ses manifestations — à la meilleure compréhension que la Science donne de l'Être suprême, ou Principe divin, et de l'idée.» Science et Santé, p. 285. Le «Principe divin, et... l'idée» signifie Dieu et l'homme à Son image et à Sa ressemblance. Chacun de nous est en réalité le reflet spirituel de Dieu, exprimant l'intelligence infinie de l'Entendement divin. C'est pourquoi l'intelligence est inséparable de notre véritable nature d'idée divine.
Revendiquer dans nos prières que cette intelligence nous appartient par réflexion, et le démontrer, c'est faire preuve de sagesse divine et de bon sens humain. En adoptant cette sagesse, nous succombons de moins en moins à la tentation de limiter nos possibilités ou de fonder l'estime que nous avons de nous-mêmes sur des critères comme le quotient intellectuel (Q.I.). Admettre que l'Entendement est la source de l'intelligence nous évite la froideur terrible que manifeste parfois un intellect humain non régénéré spirituellement et satisfait de lui-même. Cela nous élève aussi au-dessus des entraves que crée la croyance en la faiblesse intellectuelle. L'intelligence véritable est inséparable de l'amour et de la domination; elle se voit dans la gentillesse, l'humilité et la sainteté. Il ne s'agit donc pas de la soi-disant intelligence attribuée à la «matière grise» ou à des «cellules grises», intelligence qui, on le suppose, peut fonctionner sans ces qualités vitales, et qui nous laisse avec un sentiment de frustration et de manque d'amour.
Dans la mesure où nous refusons de nous appuyer sur un soi-disant intellect matériel, nous découvrons, comme le fit Daniel, les ressources pleines d'inspiration de l'intelligence divine.
Christ Jésus a clairement démontré une intelligence chaleureuse, pleine de compassion et d'affection, prête à agir avec sagesse et perspicacité. Le Sauveur ne recourait pas aux moyens d'action humains et s'appuyait entièrement sur Dieu pour accomplir sa mission, merveilleuse et inégalée, de guérison et de réforme. En s'abstenant de croire à une intelligence matérielle et personnelle, Jésus évita les pièges liés à une telle croyance, et en démontrant la réflexion, il fut en mesure, uniquement par des moyens spirituels, de guérir les malades et de faire retrouver aux pécheurs leur innocence. Il prouva la présence et le pouvoir de l'Entendement divin, non pas la prétendue capacité d'un cerveau personnel. Comme il est écrit dans Science et Santé: « Jésus démontra l'incapacité de la corporalité aussi bien que la capacité infinie de l'Esprit, aidant ainsi le sens humain erroné à fuir ses propres convictions et à chercher le salut en Science divine. » Ibid., p. 494. Il montra que Dieu n'agit pas par l'intermédiaire d'un mécanisme matériel. Dieu S'exprime dans Son idée, l'homme.
Le cerveau n'a absolument rien à voir avec l'intelligence véritable! Nous pouvons progressivement céder à ce fait libérateur et démontrer la vérité selon laquelle Dieu, l'Entendement divin, exprime dans l'homme spirituel Sa propre intelligence pure et libre de toute entrave. Il se peut que nous ne soyons jamais appelés à deviner le rêve d'un roi ! Mais il n'y a pas une seule activité — à la maison, au travail, dans notre quartier ou à l'église — qui n'exige intelligence et perspicacité. Dans la mesure où nous refusons de nous appuyer sur un soi-disant intellect matériel, nous découvrons, comme le fit Daniel, les ressources pleines d'inspiration de l'intelligence divine.
C'est ce qu'a appris une de mes amies alors qu'elle poursuivait des études classiques à l'université. Le travail à fournir était plus difficile que prévu. Cependant, grâce à ce qu'elle apprenait des lois de Dieu dans la Science Chrétienne, elle fut capable de s'en remettre à l'Entendement divin et de s'appuyer sur sa vraie nature, le reflet de cet Entendement. Une meilleure compréhension de l'autorité suprême de Dieu la mit à même de surmonter le «trac» des examens finaux. Et en prenant conscience de l'action de la loi divine universelle, elle vit la nécessité d'apprécier les autres étudiants, de voir en chacun d'eux l'expression intelligente de l'Entendement. Ce fut certes pour elle une entreprise culturelle enrichissante, mais elle acquit surtout une éducation spirituelle qui l'a amenée à prouver, dans une plus grande mesure, la réalité de l'intelligence spirituelle.
Nous avons tous la possibilité de prouver que nous sommes en relation directe et constante avec l'Entendement divin, Dieu. Et nous avons ainsi recours à la meilleure intelligence et au meilleur pouvoir possibles. La sagesse et la puissance qui sont les Siennes sont aussi les nôtres, par réflexion.
