Mary Baker Eddy commença l'année 1896 en prononçant une allocution de communion à L'Église Mère, La Première Église du Christ, Scientiste — son Église de Boston, dans le Massachusetts. Elle amena l'auditoire à porter son attention, non sur la persécution subie par Jésus de Nazareth, mais sur sa démonstration de l'Amour divin infini, démonstration qui permit à notre Maître de pardonner à ses ennemis et de triompher de la croix et de tombe. Voir Écrits divers, p. 120-125. Comme bien souvent en pareille occasion, quelqu'un, dans l'assistance, obtint une guérison:
Invalide depuis des années, cet homme était devenu si irritable que sa famille avait bien du mal à le supporter. Il ne pouvait pas marcher sans cannes... Séjournant quelque temps à Boston, il résidait non loin de l'Église de la Science Chrétienne. Le dimanche matin, en entendant sonner les cloches, il demanda quelle était cette église. Ayant appris qu'il s'agissait de l'Église de la Science Chrétienne et que les adeptes de cette confession affirmaient guérir les malades, il se rendit au service. Il raconta que, très peu de temps après son arrivée dans l'édifice, une femme, présentée comme étant Mrs. Eddy, prononça une allocution. Elle parlait depuis très peu de temps, quand, tout à coup, il se sentit guéri. Ce n'est que de retour chez son ami qu'il s'aperçut qu'il avait oublié ses cannes. Le lendemain, il acheta Science et Santé, un livre écrit par cette même Mrs. Eddy qu'il avait entendue dans l'église. Depuis, il étudie ce livre avec assiduité. [L'un de ses vieux amis a déclaré: ] «Je me demande même s'il se rend compte de la transformation qui s'est opérée en lui. Je vous assure que je n'avais encore jamais constaté un changement si radical chez quelqu'un.» The Christian Science Journal, février 1897, p. 550.
Une semaine après le service de communion, Mary Baker Eddy écrivit à l'un de ses élèves: «Aimons nos chers ennemis et montrons-leur par notre propre vie, dans la mesure de nos efforts, le chemin qui mène au Ciel... Le service de communion était très harmonieux dimanche, grandiose même. J'étais sûre d'avoir accompli des guérisons et j'ai, en effet, entendu parler de quelques cas par la suite.» Document du Service historique de L'Église Mère: L03453.
L'une de ces guérisons survint avant le service, au moment où Mary Baker Eddy pénétrait dans l'église. Elle dépassa un homme qui marchait avec des béquilles dans la rue, et le salua de la tête en souriant. Il raconta plus tard sa guérison:
Quand je suis rentré à la maison, ma mère et ma sœur ont toutes deux remarqué un changement en moi. Je m'en étais tout de suite aperçu, car j'avais davantage de force et j'avais marché avec beaucoup plus de facilité sur le chemin du retour. Le lendemain ou le surlendemain, les voisins et mes amis ont remarqué le changement. Le Dr Marr a déclaré qu'il n'avait jamais vu quelqu'un se remettre aussi vite [de la fièvre typhoïde], et il s'est montré très surpris. Souvenirs de Charles Carroll Howe, Service historique.
Mary Baker Eddy insistait sans cesse auprès de ses élèves sur la nécessité d'accomplir des guérisons plus nombreuses et plus complètes. À la fin du mois de janvier, elle écrivit à un élève: «Le fait de savoir qu'il n'y a qu'un seul Dieu, une seule Cause, un seul effet, un seul Entendement, guérit instantanément. N'ayez qu'Un Seul Dieu, et le reflet de Dieu que vous êtes accomplira la guérison.» Document du Service historique: L05911. Christian Science Sentinel, 4 avril 1936, p. 610. Le lendemain, dans une lettre à un autre élève, elle écrivit: «L'Amour est le seul et unique but dans la croissance spirituelle. Sans l'Amour, il n'y a pas de guérison, morale ou physique. Chaque pas en avant vous en apportera la preuve, jusqu'à ce que la victoire soit acquise et que vous ne possédiez aucune autre conscience que l'Amour divin.» Document du Service historique: L05459. Sentinel, 28 mars 1936, p. 590. Dans le numéro de février du Christian Science Journal, Mary Baker Eddy répondit à ceux qui voulaient savoir si elle enseignerait encore: «Le temps est venu pour les Scientistes Chrétiens de faire leur propre travail, d'apprécier les signes des temps, de démontrer la connaissance et le gouvernement de soi-même et, comme l'heure l'exige, de démontrer leur empire sur tout péché, toute maladie et la mort. » Écrits divers, p. 317.
À l'époque, l'attention de Mary Baker Eddy se portait également sur les besoins du monde, en dehors des États-Unis. Elle demanda à l'une de ses élèves, qui avait établi une église de la Science Chrétienne à Saint Louis, dans le Missouri, de se rendre à Londres afin d'y créer une église sur la base de la guérison et de l'enseignement de la Science Chrétienne. Elle réfléchit aussi à la nécessité de faire traduire son livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Écritures, en français et en allemand.
Dans la douceur du climat de cette fin de printemps 1896, Mary Baker Eddy fit la connaissance d'une jeune fille de seize ans, Minnie, qui vivait dans une ferme du voisinage, à Concord, dans le New Hampshire. D'origine anglaise, sa famille avait émigré en Amérique trois ans auparavant. Minnie avait passé la majeure partie de l'hiver dans un sanatorium, car elle était tuberculeuse. S'ennuyant de sa famille, elle était retournée dans la ferme de ses parents contre l'avis des médecins qui ne pensaient pas qu'elle puisse se rétablir. Mary Baker Eddy la rencontra au cours d'une de ses promenades quotidiennes en voiture, et elle l'invita à lui rendre visite. Elles ne tardèrent pas à devenir amies. Minnie accompagna un jour Mary Baker Eddy dans une de ses promenades:
[Mrs. Eddy] me proposa d'aller avec elle nourrir les poissons rouges du bassin. Elle les appela... et, à ma grande surprise, ils s'approchèrent aussitôt et vinrent prendre leur nourriture dans sa main. Elle me regarda en souriant, avec une expression exquise. À ce moment-là, j'avais complètement oublié ma maladie, et tout ce que je savais, c'est que je me sentais bien. Souvenirs de Minnie Ford Mortlock, Service historique.
Au cours de l'été, Mary Baker Eddy demanda aux parents de Minnie l'autorisation de la faire venir chez elle pour aider à la cuisine et dans les travaux ménagers. Ils refusèrent, estimant qu'elle était trop jeune. Évoquant ce refus, Minnie écrivit plus tard: «Quand je repense à ces années, je me dis que mes parents et moi nous étions montrés bien ingrats. Elle m'avait sauvé la vie. Je n'oublierai jamais son doux visage.» Ibid.
Durant le second semestre de 1896, Mary Baker Eddy se consacra essentiellement à la préparation de son livre Écrits divers, 1883–1896. L'ouvrage, publié en février de l'année suivante, comprenait la plupart de ses articles parus dans le Journal, magazine qu'elle avait créé quatorze ans plus tôt et dont elle avait été, au début, l'éditrice et la rédactrice en chef. Dans le Journal de mars 1897, Mary Baker Eddy demanda à tous ses élèves de cesser d'enseigner la Science Chrétienne pendant un an. Elle écrivit notamment ceci:
«Écrits divers» est conçu pour aider tous les penseurs sincères à acquérir la meilleure compréhension possible du livre d'étude de la Science Chrétienne.
La Bible, Science et Santé avec la Clef des Écritures et mes autres œuvres publiées sont les seuls professeurs adéquats à cette heure. Il sera du devoir de tous les Scientistes Chrétiens de faire circuler et de vendre le plus grand nombre possible de ces livres.Journal, mars 1897, p. 575.
À la fin de janvier, Mary Baker Eddy avait écrit à l'un de ses élèves les plus prometteurs pour lui dire qu'elle souhaitait lui donner un exemplaire de son nouveau livre. Cette lettre évoque avec éloquence la récente décision de celui-ci de consacrer sa vie à la pratique de la guérison par la Science Chrétienne. En voici des extraits:
Puisse l'Amour qui veille sur vous et sur tous guider chacune de vos pensées et chacun de vos actes vers le modèle spirituel, impersonnel, qui représente le seul idéal et constitue le seul Guérisseur scientifique.
Je vous demande de persévérer sans cesse dans cette voie glorieuse, et de n'avoir d'autre ambition ni d'autre but. On ne saurait atteindre une position plus élevée que celle d'un Guérisseur scientifique authentique dans cette sphère de l'être... Ce qui vous aide à atteindre ce but, c'est la spiritualisation. Pour y parvenir, vous devez avoir un seul Dieu, une seule affection, un seul chemin, un seul Entendement... Priez chaque jour, n'omettez jamais de prier, aussi souvent soit-il: «Ne m'induis pas en tentation», c'est-à-dire en langage scientifique: Ne m'induis pas à perdre de vue la pureté absolue, les pensées chastes et pures; que toutes mes pensées et tous mes buts soient élevés, désintéressés, charitables, humbles — inspirés par l'affection de l'Esprit. Grâce à cette altitude de pensée, votre esprit se détache de la matérialité et acquiert la spiritualité, et c'est là l'état d'esprit qui guérit les malades. Document du Service historique: L03524. La lettre entière est reproduite dans le livre de Robert Peel, Mary Baker Eddy: The Years of Authority (Boston: The Christian Science Publishing Society, publié à l'origine par Holt, Rinehart and Winston, 1971), p. 101.
Sept mois plus tard, elle lui écrivit de nouveau:
À présent, cher James, veillez à ce que l'attachement aux biens de ce monde, l'amour mortel naturel des applaudissements humains et toute forme d'orgueil ou de vanité ne puissent s'insinuer dans votre pensée, car ces choses figurent parmi les voleurs qui voudraient se glisser dans la demeure de l'homme bon pour le déposséder de ses biens – emporter les richesses des pensées les plus pures et les plus élevées – biens qui pèsent dans la balance de Dieu et vous permettent de guérir les malades et de réformer les pécheurs. Document du Service historique: L03528.
L'élève envoyée à Londres accomplit sa mission avec succès, et le service de dédicace de Première Église du Christ, Scientiste, Londres, eut lieu le 7 novembre 1897. Voir Mary Baker Eddy, message de dédicace, The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 183. Mary Baker Eddy avait fait un don de mille dollars pour contribuer à l'achat de l'édifice.
1898 s'avéra une étape importante pour la Cause de la Science Chrétienne et ses activités de guérison. Au mois de janvier, Mary Baker Eddy créa le Conseil des Conférences de l'Église, et elle réorganisa La Société d'Édition de la Science Chrétienne, qui avait alors le statut de compagnie indépendante, de façon à ce qu'elle fasse partie de L'Église Mère. En février, elle créa le Conseil d'Instruction de l'Église. En avril, elle fournit les vingt-six sujets des Leçons bibliques hebdomadaires. En mai, elle changea le jour des réunions de témoignage du vendredi soir pour le mercredi. En septembre, elle fonda le Christian Science Weekly, qu'elle rebaptisa Christian Science Sentinel quatre mois plus tard. En novembre, Mary Baker Eddy donna son dernier cours de Science Chrétienne devant une classe de soixante-dix élèves qu'elle avait elle-même invités. Et en décembre, elle établit le Committee on Publication de l'Église. À la fin de 1898, elle écrivit à un conférencier nommé par elle: «Cette année, j'ai œuvré jour et nuit pour ouvrir la voie à notre église et établir une méthode de travail systématique au sein des activités de la S[cience] C[hrétienne].» Document du Service historique: L02402.
En février de la même année, Mary Baker Eddy avait commenté le Psaume quatre-vingt-onze, lors d'une assemblée des membres de l'église de Concord. Elle déclara qu'on y trouvait «davantage de vérités théologiques de portée pratique que dans n'importe quel autre texte du même nombre de mots, rédigé dans le langage humain, à l'exception du Sermon sur la montagne» Document du Service historique: A10125. Voir aussi Journal, avril 1898, p. 3.. Elle poursuivit en faisant remarquer que le premier verset de ce psaume soulignait un point essentiel dans le travail du chrétien, c'est-à-dire le fait de demeurer «sous l'abri du Très-Haut»:
Mais quel est cet abri sacré du Tout-Puissant ? Selon ce qu'enseigne l'expérience et dans la mesure où la Vérité a révélé son idée immortelle par le sens spirituel, cet abri est l'Amour spirituel, sur lequel se fonde tout christianisme, toute guérison, tout salut.Ibid.
C'est grâce à cet Amour spirituel que Mary Baker Eddy était à même d'effectuer des guérisons si rapides et de faire face aux problèmes de toute nature avec une telle autorité.
Dans la Bible, le livre de la Genèse déclare que Dieu donne à l'homme la domination «sur toute la terre». Afin que ce siècle puisse être en mesure de démontrer cette domination par la guérison chrétienne, Mary Baker Eddy a fait connaître la révélation qu'elle a reçue de l'Entendement divin, dans son livre Science et Santé. Après quoi, inspirée par Dieu, elle a établi une Église fondée sur cette révélation et a organisé La Première Église du Christ, Scientiste, de façon à ce que ses activités puissent favoriser «la guérison des nations» Apoc. 22:2..
Celui qui demeure sous l'abri du Très-Haut
repose à l'ombre du Tout-Puissant.
Je dis à l'Éternel:
Mon refuge et ma forteresse,
mon Dieu en qui je me confie !
Car c'est lui qui te délivre du filet de l'oiseleur,
de la peste et de ses ravages.
Il te couvrira de ses plumes,
et tu trouveras un refuge sous ses ailes ;
sa fidélité est un bouclier et une cuirasse. (...)
Aucun malheur ne t'arrivera,
aucun fléau n'approchera de ta tente.
Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies.
Psaume 91:1–4, 10, 11,