C'est La une question que beaucoup se posent. Pour les parents comme pour les enseignants, c'est aussi une question à laquelle il n'est pas facile de répondre. Les enfants ne sont en général pas satisfaits de s'entendre dire: « Parce qu'il faut de l'instruction de nos jours » ou encore « Parce que je l'ai dit, et tu n'auras pas d'argent de poche si tu ne travailles pas bien à l'école ! »
Il nous est, bien sûr, arrivé à tous de trouver merveilleux d'aller à l'école et de continuer nos études. C'est peut-être le jour où nous avons chanté sur la scène à l'école maternelle et où notre mère avait les larmes aux yeux, ou encore lorsque notre professeur de mathématiques, au lycée, a réussi à nous passionner pour les exercices sur les fractions...
C'est mon professeur d'anglais, en première année de faculté, qui m'a fait comprendre pourquoi il était si important de s'instruire. Il m'a demandé un jour ce que je voulais faire dans la vie.
— Oh ! me suis–je écriée avec enthousiasme, je veux écrire.
Il n'a pas paru du tout impressionné.
— Et sur quoi allez–vous écrire ? a–t–il encore demandé.
Je me suis mise à bredouiller et j'ai avoué que je l'ignorais. Il a alors déclaré avec un sourire ironique:
— Mademoiselle Metzner, je vous suggère d'attendre d'avoir quelque chose à dire avant d'écrire. Il existe déjà trop de gens qui écrivent sans avoir rien à dire. Puis il a ajouté avec douceur:
— Vous pouvez profiter de vos études ici pour trouver un sujet qui en vaille la peine.
Un sujet qui en vaille la peine ! Voulait–il dire quelque chose qui contribue à rendre le monde meilleur ? J'ai soudain compris pourquoi il était si important d'aller à l'école, de lire un livre ou d'apprendre quoi que ce soit. Bien conçue, l'instruction nous permet de comprendre ce qui compte dans la vie, ce qui est vraiment précieux, puis d'en faire part à ceux que nous voulons aider.
Cela ne s'est pas produit d'un seul coup, mais cette conversation avec mon professeur d'anglais m'a fait voir les études sous un nouveau jour. J'ai cessé de croire qu'il s'agissait d'enregistrer des faits dans sa mémoire ou de développer des talents. J'ai cessé de croire que cela n'avait lieu qu'à l'école et à l'université (cela peut se produire n'importe où, au bénéfice de n'importe qui). Il s'agissait, je le voyais désormais, de chercher et d'apprécier ce qui est bon et bien dans l'art, les sciences, la littérature, l'étude d'une langue, l'architecture, la technologie et dans tout ce qu'on fait.
Quand on trouve quelque chose de bon, quelque chose de pur, quelque chose de beau, quelque chose qui a de la valeur dans un certain domaine, c'est une manifestation de Dieu qu'on perçoit en réalité. Pourquoi ? Parce que Dieu est le bien. Il est la seule et unique origine de chaque parcelle de bien qu'on est susceptible de découvrir où qu'on soit, dans n'importe quelle branche d'étude ou d'activité.
Naturellement, l'instruction prend tout son sens lorsqu'on y apporte une certaine dimension morale et qu'on reconnaît, tant soit peu, la suprématie du Dieu unique. Cela développe en soi la faculté de discerner, dans le monde des études, ce qui a de la valeur et ce qui n'en a pas, ce qui est vrai et ce qui est faux. On peut alors tirer des leçons de l'histoire du monde, raisonner pour résoudre les problèmes, distinguer ce qui est dégradant de ce qui élève le savoir humain.
Mary Baker Eddy n'avait pas eu l'occasion d'étudier comme peuvent le faire bien des femmes d'aujourd'hui, mais elle a appris et réfléchi toute sa vie. Elle comprenait le caractère éphémère de la connaissance humaine tout en reconnaissant la valeur d'une solide instruction, ce qui l'amena à écrire: « Tout ce qui présente l'apparence d'une idée gouvernée par son Principe donne matière à réflexion. Par l'astronomie, l'histoire naturelle, la chimie, la musique, les mathématiques, la pensée remonte naturellement de l'effet à la cause. »
Notre Leader poursuit ainsi: « Les études de la bonne espèce sont nécessaires. L'observation, l'invention, l'étude et la pensée originale élargissent les idées et devraient favoriser le progrès de l'entendement mortel, afin qu'il sorte de lui–même, de tout ce qui est mortel. » Science et Santé, p. 195.
Toute jeune fille, Mary Baker Eddy étudia les grandes œuvres littéraires et écoutait avec ferveur son frère Albert (avocat de formation universitaire) lui enseigner les éléments de base du droit et des langues. Par la suite, elle traversa de dures épreuves: elle perdit son mari encore très jeune, sa santé se détériora, elle fut séparée de son fils unique et son deuxième mariage fut un triste échec. Le mobile profond qui l'incitait à augmenter son savoir devint alors de plus en plus spirituel. Sa quête de la vérité finit par se concentrer uniquement sur Dieu.
Elle fut ainsi amenée à découvrir le sens profond du christianisme primitif tel que Jésus nous l'a laissé, autrement dit elle découvrit la Science Chrétienne, ou les lois de Dieu sur lesquelles reposait la mission de guérison de Jésus. Elle découvrit que le fait de vivre conformément à ces lois — les avoir constamment à l'esprit et y conformer chaque pensée et chaque acte — pouvait transformer la vie de chacun en une mission chrétienne de guérison. Plus elle s'instruisait dans la Science du christianisme en méditant la Bible et en mettant ses enseignements à l'épreuve (c'est-à-dire en guérissant les gens de toutes sortes de maux), plus elle était convaincue que sa découverte avait un potentiel illimité et pouvait sauver l'humanité.
Mary Baker Eddy trouva un sujet à traiter qui était d'une importance sans égale. C'est ainsi qu'elle écrivit Science et Santé, ouvrage qui explique la Science du christianisme en termes si clairs et si convaincants que les enfants eux-mêmes sont capables de la comprendre et de la mettre en pratique.
La quête de la vérité qui amena Mary Baker Eddy à la découverte de la Science Chrétienne — et l'exploration qui suivit — n'avait rien d'égocentrique ni de purement intellectuel. C'était une révélation progressive de la nature de Dieu et de l'homme, l'homme qui est, pour reprendre les termes bibliques, « de la race de Dieu » Voir Actes 17:29., c'est-à-dire pur, spirituel et parfait. Mary Baker Eddy parla ainsi de la recherche intensive à laquelle elle se livra tout de suite après sa découverte: « Cette recherche était douce, calme, soutenue par l'espoir; elle n'était ni égoïste ni déprimante. » Science et Santé, p. 109.
C'est là ce que l'instruction par excellence peut accomplir pour nous. Ce peut être une sorte de découverte spirituelle et de découverte de soi. Ce peut être tout ce que nous en faisons, tout ce que nous en attendons. A l'opposé, cela peut nous faire sombrer dans le scepticisme et dans l'obscurité du matérialisme. Cependant, mue par l'inspiration spirituelle, l'instruction peut être comme un feu d'artifice spirituel, qui nous révèle l'éclat de la lumière divine à chaque tournant de l'existence humaine. Lorsque nous accordons la priorité à l'étude de la nature de Dieu et de notre être spirituel, les années passées à l'école éclairent notre objectif et nous indiquent la voie à suivre.
Il est donc très important de continuer ses études. Nous choisissons nous-mêmes la qualité de notre instruction, ainsi que je l'ai constaté au lycée, à l'université et lorsque j'ai, à mon tour, enseigné l'anglais en faculté. Au cours de mes années d'enseignement, j'ai essayé de me rappeler ce que j'avais découvert des années auparavant, savoir qu'apprendre aux étudiants à rédiger, c'est leur communiquer un talent précieux, mais les aider à trouver quelque chose de vraiment substantiel à écrire, leur apprendre à réfléchir, c'est vraiment les instruire.
