Lorsque les enfants d'Israël arrivent en Terre promise, Moïse envoie un groupe d'hommes explorer le pays. Ils reviennent au bout de quarante jours et racontent que c'est un pays « où coulent le lait et le miel », mais, ajoutent-ils, « ce peuple... est plus fort que nous », ce sont « des hommes d'une haute taille... des géants: nous étions à nos yeux et aux leurs comme des sauterelles. »
Caleb, l'un des éclaireurs, a découvert les mêmes choses, mais sa foi dans le dessein de Dieu lui inspire une conclusion différente. Secondé par Josué, il déclare: « Montons, emparons-nous du pays, nous y serons vainqueurs !... Si l'Éternel nous est favorable, il nous mènera dans ce pays, et nous le donnera... ne les craignez point ! » La peur suscitée par le récit précédent l'emporte cependant, et les enfants d'Israël vont errer dans le désert pendant quarante ans avant de reconnaître qu'ils sont capables d'entrer en possession de la Terre promise. Voir Nombres, chap. 13, 14.
Les pérégrinations des Israélites nous donnent une leçon spirituelle. Le manque de confiance en notre capacité de nous en remettre à Dieu pour atteindre un objectif légitime, comme la guérison, risque de nous faire stagner. Nous avons tous senti, à un moment donné, la nécessité de faire un pas en avant. Nous avons prié avec ferveur pour connaître la voie à suivre, mais, une fois éclairés par Dieu, nous avons eu peur de suivre l'inspiration divine. Nous avons gardé les yeux rivés sur le problème au lieu d'écouter la réponse accordée à nos prières. Nous sommes demeurés dans le désert.
Dans le livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé, Mary Baker Eddy décrit cet état d'esprit: « La Science révèle la possibilité d'accomplir tout bien et incite les mortels à travailler pour découvrir ce que Dieu a déjà fait; mais mettre en doute notre capacité d'acquérir la bonté à laquelle nous aspirons et de produire des résultats meilleurs et plus élevés, est bien souvent ce qui entrave nos premiers coups d'aile et entraîne l'insuccès dès le début. » Science et Santé, p. 260.
D'où vient cette méfiance à l'égard de notre capacité de faire appel au pouvoir spirituel ? De la croyance générale, inculquée par l'éducation, que nous vivons dans un corps matériel, séparés de Dieu, l'Esprit. Cette croyance nous empêche d'accepter et de démontrer la domination que Dieu nous a donnée sur le péché, la maladie et les infirmités. Évoquant ce concept erroné de l'identité, Mary Baker Eddy écrit: « Tôt ou tard nous apprendrons que les entraves des facultés finies de l'homme sont forgées par l'illusion qu'il vit dans le corps non dans l'Ame, dans la matière non dans l'Esprit. » Ibid, p. 223. Cette conviction erronée que l'âme est dans la matière, écrit-elle, « renverse l'ordre de la Science et attribue à la matière le pouvoir et la prérogative de l'Esprit, de sorte que l'homme devient la créature la plus absolument faible et inharmonieuse de tout l'univers » Ibid, p. 123.. Une sauterelle face à un géant, en quelque sorte !
Notre capacité de nous en remettre à Dieu pour surmonter tout problème, qu'il soit de la taille d'un moucheron ou de celle d'un géant, provient directement du fait que nous sommes Son image et Sa ressemblance. Le premier chapitre de la Genèse, qui nous révèle ce lien que rien ne peut rompre, déclare aussi que Dieu a donné à l'homme la domination sur toute la terre. Dieu étant omniprésent, Son pouvoir est accessible à l'homme à tout moment. Aucune situation ne saurait échapper au gouvernement divin, quel que soit le témoignage des sens physiques, car Dieu est Touten-tout. En prenant conscience de ce fait, nous abandonnons peu à peu tout sentiment d'être personnellement capable ou incapable. La crainte se dissipe lorsque nous comprenons que nous avons reçu de Dieu le pouvoir de triompher de tous les problèmes que nous rencontrons.
Si l'homme mortel était à l'origine de ce pouvoir, nous aurions de bonnes raisons de douter et de craindre, mais, comme le déclare Paul, « c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » Phil. 2:13..
La Science Chrétienne appelle entendement mortel la conscience qui fonde l'existence sur le témoignage des sens matériels. Mary Baker Eddy déclare: « L'entendement mortel voit ce qu'il croit aussi certainement qu'il croit ce qu'il voit. » Science et Santé, p. 86. Ainsi s'explique le récit des compagnons de Caleb ! Le concept limité et fini qu'a l'entendement mortel de toutes choses tend à nous retenir dans le désert, à nous faire douter de notre capacité de démontrer la Science Chrétienne. Mais la Bible affirme que Dieu, l'Esprit, est l'Entendement. Puisqu'il n'y a qu'un seul Dieu, il n'y a qu'un seul Entendement. En vérité, l'entendement mortel ne saurait exister. Ce n'est pas l'entendement de l'homme, l'image et la ressemblance de Dieu; ce n'est qu'une supposition.
Comprendre cela nous élève la conscience d'une façon extraordinaire. Nous percevons que le corps matériel, que l'on croit être l'homme, n'est rien d'autre qu'une fausse croyance sans identité véritable. Nous comprenons alors que le péché et la maladie, honorés et craints par l'entendement mortel, font partie de cette fausse croyance, et la peur que nous en avons fait place au joyeux discernement de notre perfection spirituelle. Nous acceptons la domination que Dieu nous a donnée — et que Christ Jésus a démontrée — et nous savons que nous sommes tout à fait capables de la démontrer en accomplissant des guérisons.
Il y a quelques années, j'ai eu, pendant plusieurs mois, des verrues sur les mains. Je priais de temps à autre, mais sans résultat. Un jour, la secrétaire d'un client avec qui j'avais rendez-vous m'a accueilli par une poignée de main. Elle m'a conseillé de recourir à la chirurgie pour me débarrasser de mes verrues. Jusque-là, personne n'avait fait la moindre remarque à ce sujet. Ses propos attentionnés m'ont fait comprendre que j'en étais venu à accepter le témoignage des sens matériels au point de m'estimer incapable de guérir ce problème par la prière. C'était précisément ce que voulait me faire croire l'entendement mortel !
Le jour même, j'ai pris la décision de m'en remettre véritablement à Dieu pour guérir cette affection. Je me suis mis à prier de façon plus systématique en affirmant mon identité spirituelle tout en niant le témoignage des sens physiques. Je me suis efforcé de suivre cette recommandation de Mary Baker Eddy: « Que ni la crainte ni le doute n'obscurcissent votre sens lumineux et votre calme confiance que la récognition de la vie harmonieuse — comme l'est éternellement la Vie — peut détruire tout sens douloureux de ce qui n'est pas la Vie ou toute croyance en ce qu'elle n'est pas. » Ibid, p. 495. J'éprouvais un sentiment croissant de domination à mesure que j'entrevoyais ma pureté immaculée, la pureté de l'expression de l'Ame, l'Esprit. J'ai aussi pris la résolution de vivre en fonction de cela, et je me suis efforcé, chaque jour, de triompher des pensées condamnables inspirés par la volonté personnelle ou l'autojustification. En l'espace de deux semaines, les verrues avaient disparu. Elles n'avaient, en réalité, jamais fait partie de mon être.
C'est la remarque de la secrétaire qui m'a réveillé. Mais, d'une façon ou d'une autre, nous avons tous besoin d'être réveillés, afin de cesser d'entretenir des croyances matérielles et de démontrer la compréhension spirituelle. Lorsqu'il s'en produit l'occasion, nous pouvons revendiquer notre capacité de démontrer la Science Chrétienne, car nous sommes l'expression même de Dieu.