Sous Certains Aspects, la Bible est une œuvre biographique, qui rend compte d'une longue période historique. La façon dont elle rapporte les événements vécus par bien des personnages leur donne un caractère d'authenticité indéniable. On en conclut donc qu'il s'agit bien de personnages et de faits historiques.
Bien que certains aient peut-être été inventés ou exagérés dans le but d'enseigner quelque chose (Job en est sans doute un bon exemple), cet ouvrage présente le plus souvent des personnages réels. Non seulement il montre ce qui leur arrive, mais il en explique les raisons. C'est probablement pourquoi la Bible a un si grand impact sur ses lecteurs. Même si ceux-ci ne perçoivent pas la signification spirituelle de ces événements remarquables du passé, ou même s'ils la rejettent consciemment, il leur serait difficile de leur attribuer un caractère mythologique car ces récits ont incontestablement un accent de vérité.
Bien entendu, le pouvoir réel de la Bible réside dans la signification morale et spirituelle des récits. L'image d'Abraham emmenant son enfant chéri pour le sacrifier nous frappe et nous émeut au plus profond de notre être. C'est une tragédie qui relève de la plus belle littérature. Mais, quand on voit la façon dont Isaac a été sauvé par la pénétration spirituelle qui a permis à Abraham de mieux comprendre la nature divine, le récit prend une autre dimension. En renonçant à considérer le sacrifice humain comme un témoignage ultime de piété et de vénération, Abraham accomplissait un grand pas en direction de la conviction exprimée plus tard par le Psalmiste: « Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c'est un esprit brisé: O Dieu ! tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit. » Ps. 51:19.
Oui, la Bible est une œuvre biographique. Elle nous parle de personnes comme vous et moi, de ce qui leur est arrivé et, ce qui est le plus important, elle en explique la raison. Les circonstances ont changé depuis l'époque d'Abraham, mais ce qui n'a pas changé, c'est la nécessité de nous attacher avec ferveur à notre compréhension la plus haute et la plus parfaite de Dieu, et d'y conformer nos actes, jusqu'à ce que nous obtenions de Lui la compréhension et la vision spirituelles qui nous permettront d'agir sur une base encore plus élevée.
En fait, quand on considère son déroulement spirituel, l'histoire d'Abraham est notre histoire, et la vie qu'il a vécue correspond à la nôtre. Comme Pierre, nous avons tous renié le Christ, un jour ou l'autre, d'une façon ou d'une autre. Néanmoins, Pierre a réussi, plus tard, à ressusciter Dorcas, ce qui prouve que nous pourrons, nous aussi, accomplir de grandes choses en temps voulu.
Perçue sous cet angle, la Bible devient notre biographie. Elle indique les pas mentaux que nous accomplissons lorsque nous progressons (ou même parfois semblons régresser) sur la voie qui nous sort de l'esclavage de la matière et du péché pour nous conduire à la liberté donnée par l'évangile, la bonne nouvelle annonçant que l'homme est en vérité l'enfant parfait d'un Dieu qui est Amour. La confusion qui régna dans la tour de Babel, où les gens tentèrent de remplacer les hauteurs spirituelles par les réalisations matérielles, les triomphes remportés par David sur ses ennemis grâce au pouvoir moral, triomphes ternis cependant par son incapacité de refréner toutes ses impulsions coupables, le courage de Paul luttant pour prouver aux moqueurs que sa spiritualité n'était pas faiblesse, voilà autant d'exemples qui nous servent de leçons dans l'existence.
Parmi tous ces récits, il en est un qui est particulièrement éloquent pour le Scientiste Chrétien. La Bible est en grande partie l'histoire des entants d'Israël; et Israël commença sa vie sous le nom de Jacob.
Il n'est pas nécessaire de relater ici son histoire entière. C'est une histoire riche de sens que vous pouvez lire dans le livre de la Genèse. A un moment donné, Jacob traverse une crise. Il passe la nuit seul, au bord de la rivière Jabbok, et se livre à un rude combat avec lui-même — avec ses échecs et les craintes qu'ils font naître en lui. Grâce à l'aide d'un ange qui vient à ses côtés, il reconnaît tout d'abord ses erreurs, puis s'élève au-dessus d'elles. Il persiste et prévaut contre l'ennemi en lui-même, et la lumière spirituelle se lève sur lui avec tant d'éclat que sa nature est radicalement transformée, et, en témoignage de ce changement intérieur, son nom est également modifié.
Son nouveau nom, Israël, rappelle non seulement sa lutte contre le péché mais aussi la victoire qu'il a remportée. Ce combat, ainsi qui la victoire sur soi-même qui en résulte, est devenu la principale caractéristique du peuple de Dieu.
Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy parle ainsi de Jacob: « Il était destiné à devenir le père de ceux qui, par de grands efforts, démontreraient comme lui le pouvoir de l'Esprit sur les sens matériels; et les enfants de la terre qui suivraient son exemple seraient appelés enfants d'Israël, jusqu'à ce que le Messie leur eût donné un nom nouveau. Si ces enfants venaient à s'égarer et à oublier que la Vie est Dieu, le bien, et que le bien n'existe pas dans les éléments qui ne sont pas spirituels — perdant ainsi le pouvoir divin qui guérit les malades et les pécheurs — ils devraient, par de grandes tribulations, être ramenés dans la bonne voie pour recevoir un nom nouveau en Science Chrétienne et être amenés à nier le sens matériel ou entendement dans la matière, comme l'enseigne l'évangile. » Science et Santé, p.309.
Plus nous vivons cela nous-mêmes, plus nous faisons de la Bible notre histoire personnelle. Cette victoire remportée sur l'erreur humaine, ce développement de la bonté et de la spiritualité personnifiée par Jacob, nous permettent de nous identifier à des personnages aussi différents qu'Abraham et Pierre. Ainsi, le sens moral et spirituel des récits bibliques devient également le thème de notre vie.
Et Christ Jésus ? Est-ce aller trop loin que de dire qu'il peut exister un parallèle entre la vie de Jésus et la nôtre ?
En tant que Messie annoncé annoncé par la prophétie, né d'une vierge, Christ Jésus est certes sans égal. Personne ne peut prendre sa place de Sauveur, de Guide qui mène à la Vérité et à la Vie. Cependant, nous devons tous, à un moment donné, suivre chaque pas indiqué, affronter chaque adversaire et remporter chaque victoire ainsi qu'il l'a fait. Il a déclaré à ses disciples: «Vous boirez en vérité de ma coupe et serez baptisé du baptême que j'ai reçu. » Matth. 20:23 (d'après la version King James). N'oublions pas que, lors de son baptême sur les rives du Jourdain, les cieux se sont ouverts et une voix s'est fait entendre qui disait: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé. » Matth. 3:17.
C'est là aussi, et surtout, notre histoire, car ce qui nous fait le plus ressembler à notre Sauveur, c'est que nous sommes enfants de Dieu. Le Christ, la nature spirituelle de l'homme que Jésus incarnait si parfaitement, était sa nature divine, la nature divine qui constitue également notre seule identité véritable, maintenant et toujours.
Jésus pensait, parlait et agissait du point de vue de cette nature spirituelle et parfaite de l'homme, et non sur celui d'une identité pécheresse et mortelle. Cette profonde spiritualité donnait à Jésus une autorité inégalée qui lui permettait de guérir. Si, Scientistes Chrétiens, nous constatons que nos efforts pour accomplir à notre tour, dans une certaine mesure, ces œuvres puissantes, ne réussissent pas autant que nous le désirons, il nous faut sans doute mieux comprendre la perfection de notre véritable identité. Cela veut dire que, comme le soulignent les récits bibliques, il nous faut transformer notre pensée et notre vie, augmenter notre spiritualité et multiplier les expressions tangibles de notre bonté. Il nous faut tirer parti des leçons morales que nous donne le récit des enfants d'Israël. Il nous faut accepter et prouver que ce récit est en vérité le nôtre.
Dans la mesure où nous accomplirons les pas humains qui sont indispensables pour sortir de l'identité matérielle en exprimant davantage d'humanité, d'honnêteté, d'affection, de foi, de courage, etc., nous maintiendrons l'intégrité morale qui, de pair avec la compréhension de la Science divine, nous permet de guérir sur une base purement spirituelle. Cette régénération du caractère révèle notre véritable nature spirituelle et nous met à même de réaliser notre destinée d'enfant de Dieu.