Tout en creusant le sable pour attraper une poignée de crabes minuscules qui s'y enfonçaient, Sandrine se rappela qu'elle n'avait pas encore terminé son heure de lecture quotidienne. Elle s'assit et lâcha les crabes, qui se bousculèrent pour regagner l'eau ou retourner dans le sable. Elle voyait sa sœur, qui lisait paisiblement sur une serviette de bain à côté de la chaise où sa mère lisait aussi. C'était comme si tout le monde, dans la famille, aimait lire et pouvait le faire pendant des heures. Mais, lorsque Sandrine essayait de s'y mettre, elle avait toujours mal à la tête. Elle redoutait le devoir quotidien de lecture que la maîtresse avait donné à sa classe pour les vacances d'été.
— Sandrine, il est temps de lire un peu, dit la maman.
Sandrine revint vers sa mère en traînant les pieds dans le sable. La maman remarqua qu'elle avait les larmes aux yeux.
— Qu'est-ce qui se passe, ma chérie ? demanda-t-elle.
— Je n'aime pas lire, ça me fait mal à la tête, répondit Sandrine.
Maman prit Sandrine sur ses genoux et la serra très fort dans ses bras.
— Tu sais, Sandrine, nous pouvons prier à ce sujet.
Toute petite déjà, Sandrine avait appris à se tourner vers Dieu pour être guérie. Elle avait été guérie en très peu de temps d'une piqûre d'abeille, d'une coupure à la jambe et d'un coup de soleil, juste en priant. Et elle avait aussi vu beaucoup de guérisons se produire dans la famille, comme lorsque sa petite sœur avait été guérie après s'être démis le bras. Sa mère et son père avaient prié, et ils avaient demandé à une praticienne de la Science Chrétienne de prier aussi. Sandrine était donc heureuse de se tourner vers Dieu pour ce problème.
— Dieu prend toujours soin de toi, et Il ne pourrait rien créer qui puisse te faire du mal, dit la maman. Tout ce que Dieu fait est bon, et Dieu est la cause parfaite de Sa création parfaite.
Sandrine se sentit tout de suite réconfortée, mais elle avait encore quelque chose à dire.
— Maman, il y a une élève, dans ma classe, qui m'a dit qu'elle avait mal à la tête quand elle lisait, et que cela voulait dire qu'elle devait porter des lunettes. Je n'ai pas envie d'avoir de lunettes.
— Eh bien, il faut sans doute trouver un meilleur mobile pour prier au sujet de cette difficulté, suggéra maman.
— Qu'est-ce qu'un mobile ? demanda Sandrine.
— Un mobile, c'est la raison pour laquelle tu fais quelque chose. Si tu désires voir et lire sans difficulté, c'est pour exprimer l'harmonie et la perfection de Dieu, et ça, c'est un bon mobile.
Et la maman expliqua encore que c'est ce que nous faisons déjà, parce que Dieu exprime ces qualités en chacun de nous; notre prière nous aide à comprendre ce qui est déjà vrai à notre sujet.
— Ce n'est pas un très bon mobile de penser que les gens nous aimeront mieux si nous ne portons pas de lunettes, fit remarquer la maman. Dieu nous aime entièrement, et Il voit chacun de nous parfait, en bonne santé et beau. C'est par là que commence notre prière, avec ce que Dieu voit en Ses enfants.
Sandrine et maman retournèrent au bungalow et prirent un livre écrit par Mary Baker Eddy, dont le titre est Science et Santé. Dans ce livre, presque à la fin, l'auteur a écrit un chapitre qui nous aide à mieux comprendre certains mots de la Bible. On appelle ce chapitre « Glossaire ». Elles y ont cherché le mot yeux, parce qu'elles désiraient mieux comprendre comment Dieu voit. Voici ce qu'elles ont trouvé: « YEUX. Discernement spirituel — non matériel, mais mental. » Science et Santé, p. 586.
Cela veut dire que la vision est vraiment spirituelle, ont-elles pensé. C'est reconnaître que ce que Dieu crée est bon et pur, puisque c’est Son expression. En réalité, Sandrine voyait avec la pensée spirituelle et rien ne pouvait endommager ni entraver le discernement spirituel. Elles se sont souvenues d'un autre passage de Science et Santé où Mary Baker Eddy parle de la vision: « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. » Ibid., p. 476.
Elles ont parlé de la façon dont elles pouvaient voir tout le monde « dans la Science », dans la loi de la perfection et de la bonté, qui est la loi de Dieu. Voir chaque chose et chaque personne dans la Science, c'est apprendre à voir ce que Dieu voit. Cela nous amène à pouvoir lire avec facilité et sans souffrance.
— Je crois que je ferais bien de ne plus trouver que ceux qui portent des lunettes ont l'air bizarre et de les voir comme Dieu les voit, beaux et spirituels, conclut Sandrine.
Ce jour-là, elle lut pendant une demi-heure, et cela ne lui donna pas du tout mal à la tête. En fait, à partir de ce moment-là, elle ne se plaignit plus jamais d'avoir mal à la tête en lisant. En quelques semaines, elle réussit à lire pendant une heure entière, comme l'avait recommandé la maîtresse et, à la fin de l'été, elle lisait beaucoup plus vite et avec plaisir. L'année suivante, la maîtresse fit remarquer combien Sandrine était devenue bonne en lecture. Sandrine n'eut pas besoin de lunettes, mais le plus grand bienfait de tous fut d'avoir appris à voir comme Dieu voit, à voir le bien qu'Il a créé.