Considérons-nous les hommes et les femmes incarcérés dans la prison locale comme des frères et des sœurs ?
Pour être honnêtes, plusieurs d’entre nous devraient peut-être bien admettre que, dans le cours habituel de leur vie, ils ne pensent pas souvent à eux, si ce n’est avec une vague reconnaissance de les savoir derrière les barreaux plutôt que rôdant dans leur quartier.
Examinée de plus près, cette attitude n’est guère logique pour des chrétiens. Il ne rime en effet à rien de reléguer tout un groupe de la population dans une zone obscure, exclue de nos préoccupations et nos prières sincères !
Savez-vous que certains prisonniers sont d’avides lecteurs des périodiques de la Science Chrétienne ? (Vous en découvrirez quelques-uns dans cet article.) En outre, étant donné la diversité de notre lectorat, vous ne serez pas étonnés d’apprendre qu’un certain nombre d’abonnés ont eu, au sens propre du terme, des frères ou des sœurs en prison.
Il n’y a rien dans le véritable christianisme qui vise à diminuer la gravité du crime ou à lui trouver des excuses. Il est donc évident que ceux qui sont derrière les barreaux recherchent autre chose qu’une simple compassion humaine en lisant les périodiques de la Science Chrétienne.
On entend souvent, de nos jours, parler de « soif spirituelle », non parce que c’est une idée à mode, mais parce que cela reflète bien l’aspiration profonde de l’humanité à ce qui est réel et solide, à ce qui est fiable, à ce qui apporte la guérison, à ce qui est significatif et moralement satisfaisant. Cette soif de spiritualité ne s’arrête pas à la porte des prisons ! Au contraire, elle exprime bien ce que ressentent de nombreux prisonniers. Beaucoup d’entre eux savent pertinemment ce qui ne peut l’étancher, et ils sont à la recherche des vraies valeurs. Ils découvrent qu’ils ne sont pas condamnés à une existence vide ni à un cycle interminable d’incarcérations, mais qu’ils ont en fait beaucoup à donner à leur prochain.
Ils s’aperçoivent qu’en toutes circonstances, les vérités exprimées dans les périodiques ont une portée pratique. Citons, en particulier, la révélation de la nature spirituelle de l’homme créé par Dieu et de l’amour infaillible que Dieu dispense à chacun de Ses fils et de Ses filles. Ils découvrent aussi, souvent avec une grande joie, que l’on peut prier partout, que la prière guérit et qu’elle ouvre de vastes perspectives sur des horizons qui semblaient jadis limités.
Dans une des descriptions vivantes qu’il fit du royaume des cieux, Christ Jésus dépeint le Fils de l’homme, le roi, accueillant les justes par ces paroles: « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père... j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi... Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » (Matth. 25:34, 36, 40).
Comment aller vers ces frères qui sont en prison ? Les réponses sont diverses et propres à chacun. Certains lecteurs des périodiques de la Science Chrétienne sont aumôniers dans des prisons, d’autres y animent des services religieux le dimanche, d’autres encore suivent des délinquants qui sont en liberté surveillée, et certains donnent des traitements par la Science Chrétienne aux détenus qui leur en font la demande.
Un Scientiste Chrétien, responsable depuis quarante ans de personnes en liberté surveillée, évoque la perspective spirituelle sans laquelle il ne pourrait faire ce travail: « Le responsable de cette mise à l’épreuve doit déceler le déséquilibre qui a conduit celui dont il s’occupe à commettre un crime et aider ce dernier à cultiver la maîtrise de soi nécessaire pour résister aux tentations à venir. Au fil des années, j’ai acquis la conviction qu’on ne peut espérer parvenir à la guérison dans ce domaine si l’on ne perçoit pas que la bonté fondamentale de l’homme, héritée de Dieu, a le pouvoir infaillible d’annuler toute prétendue propension à faire le mal...
«J’ai décidé de ne jamais perdre de vue l’identité spirituelle inhérente à chacun, quelle que soit la vigueur avec laquelle on affirmait que tel ou tel délinquant était un minable, qu’il ne valait rien, que c’était un cas désespéré. Après avoir travaillé quarante ans avec d’anciens criminels, ma foi dans l’innocence inviolable de l’homme et dans le pouvoir rédempteur des enseignements de Christ Jésus s’est renforcée au lieu de diminuer... J’ai eu l’immense satisfaction de voir de nombreux rebuts de la société devenir des citoyens estimés, malgré toutes les forces contraires. »
N’avons-nous pas tous un rôle à jouer dans l’élimination du désespoir et de la criminalité qui emprisonnent de si nombreux membres de la famille humaine ? Ceux qui connaissent tant soit peu le pouvoir transformateur de la prière ont toutes les raisons d’espérer que la prière efficace, qui vainc l’apathie et le découragement chronique, sera de plus en plus considéré comme une force puissante en faveur de la réforme, force qui desserre l’étau crime et du désespoir.
L’influence décisive de la prière est de mieux en mieux perçue dans le domaine des affaires, de la santé, du foyer, etc. Cette prière scientifique ne se fonde pas sur le témoignage temporaire et accablant des sens matériels, mais sur le fait régénérateur que l’homme est le fils impeccable de Dieu.
Si nous considérons ceux qui sont en prison comme des membres de la grande famille à laquelle nous appartenons tous, nous entrevoyons mieux l’importance de notre attitude et de nos prières. Même dans les milieux non religieux, on reconnaît de plus en plus que l’atmosphère mentale et l’attitude des membres du foyer ont une grande influence. Les pensées invisibles que nous inspirent ceux que nous aimons ne sont pas sans agir sur la façon dont ils se perçoivent eux-mêmes et dont ils se conduisent. Les sociologues et ceux qui travaillent auprès des familles disent très souvent que ce n’est ni la richesse ni l’environnement matériels, mais le climat mental qui favorise le plus la croissance normale des membres de la famille, qui les aide le mieux à devenir des éléments utiles de la société.
Lorsque notre concept de la famille est assez large pour comprendre nos frères et sœurs emprisonnés, il est naturel que les prières que nous faisons pour notre famille prennent, elles aussi, une ampleur nouvelle. Prier au sujet des causes sous-jacentes qui conduisent quelqu’un en prison est un bon travail de départ. Sommes-nous prêts à aller au-delà de la simple intention de prier pour que les pensées et les actes de nos frères soient libérés de l’emprise du mal? Sommes-nous disposés à prier vraiment?
RÉFLEXIONS ÉMANANT DE PERSONNES QUI VISITENT LES PRISONS
Une bénévole qui travaillait à la maison d’arrêt du comté me demanda d’aller voir avec elle un détenu qui manifestait un grand intérêt pour la Science Chrétienne. Pendant leur entrevue, je restai tranquillement assis auprès d’eux, priant et lisant.
Au cours de la visite suivante, l’homme me demanda si j’accepterais de faire la connaissance d’un de ses amis, un camarade de prison. Je rencontrai donc cet ami, qui était en prison pour la première fois. Il avait certains problèmes de santé chroniques et avait perdu le sommeil depuis treize mois, c’est-à-dire depuis qu’il était incarcéré.
Il désirait en savoir davantage sur Dieu, et je lui montrai comment étudier les Leçons bibliques indiquées dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne. A sa demande, j’acceptai de prier pour lui.
La semaine suivante, il demanda de nouveau à me voir. Il m’apprit qu’il dormait maintenant toute la nuit et qu’il éprouvait le désir nouveau de faire quelque chose d’utile de sa vie. Son père ayant possédé un restaurant, il décida de demander un emploi à la cuisine de la maison d’arrêt. Il avait auparavant perdu la vue d’un œil et, lors d’un examen médical lié à ce nouvel emploi, le médecin constata avec surprise qu’il recommençait à voir de cet œil.
Mon ami m’informa alors que son procès aurait lieu la semaine suivante. Le procès précédent n’avait pas abouti faute d’un accord unanime entre les jurés. Le juge qui allait présider le second procès était connu pour le fort taux de condamnations et la sévérité des peines pronocées sous son autorité. Son avocat souhaitait qu’il accepte un compromis, m’expliquant qu’il pourrait ainsi sortir de prison, mais mon ami maintenait qu’il était innocent, et ne pouvait accepter de compromis.
Il resta en contact étroit avec moi tout au long du procès. Chacun de nous pria pour considérer cette situation non comme un jugement, mais comme l’occasion de voir la sollicitude de Dieu se manifester dans son existence.
A un moment donné, le procureur chercha à discréditer le témoignage de mon ami et dit avec dédain: « Je n’ai jamais entendu une chose pareille ! » Le juge répondit alors: « Eh bien, moi, si. » Cette remarque sembla clore la question.
Mon ami me dit que lorsqu’il jeta un regard vers le jury, il eut l’impression de voir un « chœur d’église », charitable et compréhensif.
Il fut déclaré innocent de tous les chefs d’accusation et libéré.
« J’ÉCRIS UN TÉMOIGNAGE DE GUÉRISON »
Je suis incarcéré dans la section disciplinaire depuis trente-neuf mois.
Mes pieds, surtout les orteils, me faisaient très mal lorsque je mettais mes chaussures, et cela semblait empirer tout le temps.
Je venais de commencer d’étudier la Science Chrétienne, et i’apprenais à mieux connaître notre Père-Mère Dieu.
Le directeur m’a ordonné d’aller voir le médecin. Celui-ci m’a dit qu’une opération serait nécessaire et que l’on devrait m’enlever l’ongle d’un orteil. J’ai alors écrit à une praticienne de la Science Chrétienne à qui j’ai expliqué la situation. Je lui ai fait part de mes craintes. Elle m’a conseillé de lire certains passages et d’y réfléchir. DansÉcrits divers de Mary Baker Eddy, j’ai lu ceci: « Les stades progressifs en Science Chrétienne se gagnent par la croissance, non par l’accumulation... »
J’ai refusé l’opération chirurgicale et me suis mis à prier. (J’ai aussi nettoyé mon pied régulièrement, tout en le protégeant.) L’état de mon pied s’est amélioré, jusqu’à la guérison finale. Cette guérison s’est accomplie par le pouvoir de notre Père-Mère Dieu, le bien, qui guérit et rachète.
Je n’ai jamais oublié ce qui s’est passé lors d’un service religieux dans une prison, il y a des années de cela. J’étais alors aumônier. Un cadre d’entreprise très occupé s’était proposé pour assurer avec moi un service de la Science Chrétienne. En arrivant, il dut passer des portes qui se fermaient avec un bruit métallique, se soumettre au détecteur à métaux, signer des registres; il avait l’air d’un enfant sage et intimidé. L’expression de son visage semblait dire: « Puisqu’il faut en passer par là, allons-y ! »
Je ne me souviens d’aucun des détails du service de ce matin-là, si ce n’est que j’en retirai beaucoup. Et il devait de toute évidence en être de même pour les autres, car l’attention fut très soutenue pendant la lecture, et une atmosphère de gratitude et de camaraderie sincères régnait lorsque nous eûmes terminé. Chacun appréciait de merveilleuses qualités chez les autres, les cœurs et les esprits s’ouvraient.
En sortant, nous avons peu parlé avant d’atteindre la dernière porte. Ce fut alors comme si mon ami ne pouvait se contenir plus longtemps. Ses yeux étaient comme ceux d’un petit enfant qui vient de gagner le prix.
« C’est donc ça ! dit-il, l’air étonné, c’est donc ça ! » Il parlait, bien sûr, de ce qu’on ressent quand le véritable christianisme est à l’œuvre.
A chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure
du don de Christ... Et il a donné les uns comme apôtres,
les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes,
les autres comme pasteurs et docteurs... jusqu’à ce que
nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la
connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait,
à la mesure de la stature parfaite de Christ.
Éphésiens 4:7, 11, 13