J’ai Surpris un jour la conversation de deux collègues, à l’heure du repas. « Quelle matinée! se plaignait l’une. Le téléphone n’a pas arrêté de sonner. Tout le monde avait quelque chose d’urgent à régler. Je n’ai pas eu un brin de répit. Je suis épuisée. »
« C’est exactement la même chose chez nous, répondait l’autre. C’est toujours pareil à cette période de l’année. Mais je suis sûre que tu n’aimerais pas non plus te tourner les pouces. »
Leur préoccupation m’était familière. Je m’étais fait la même réflexion très peu de temps auparavant. J’avais énormément de travail — beaucoup trop — mais tout semblait intéressant, passionnant même. Des idées nouvelles m’étaient venues également et j’aurais aimé faire des suggestions, mais je n’avais même pas le temps de m’asseoir une minute pour y réfléchir tranquillement. J’étais particulièrement agacée lorsqu’on me confiait des tâches qui me semblaient inutiles ou, pire encore, qui revenaient à d’autres. Je devais aussi m’occuper de ma maison et de ma famille, ainsi que d’une activité bénévole qu’il me semblait normal de soutenir. Et, plus important que tout, je voulais avoir suffisamment de temps pour prier, poursuivre mon étude spirituelle et participer aux activités de mon église. Cela devait être terrible de n’avoir rien à faire, mais un petit peu de travail en moins ne m’aurait pas dérangée!
Je dois admettre que, tout d’abord, j’ai accepté cette situation déprimante en m’efforçant de faire face, malgré tout, du mieux que je pouvais. Les choses ne s’arrangeaient guère, ce qui n’était pas surprenant. Cependant, la Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce) influençait mon style de vie depuis longtemps, et j’avais eu maintes preuves de la sollicitude de Dieu envers ma famille et moi-même. Je me suis alors rendu compte qu’une nouvelle occasion m’était donnée de prouver que Dieu nous gouverne et nous guide dans chaque aspect de l’existence.
Il me fallait d’abord trouver la sérénité. Rien de moins facile quand on a tant de tâches à accomplir! Mais si l’on veut être guidé par Dieu, il faut cesser de s’agiter pour écouter Ses directives. « L’Éternel est mon berger... Il me dirige près des eaux paisibles » Ps. 23:1, 2., déclare le Psalmiste. L’adjectif « paisible » évoque le calme et la sérénité. C’est lorsque les eaux sont paisibles que les reflets sont les plus fidèles. C’est cela que je voulais voir: le reflet fidèle, ou l’expression de Dieu, que j’étais en vérité, et non l’image déformée que je donnais de moi-même d’un être humain pressé, soumis à la tension d’une activité frénétique. Une véritable sérénité pouvait effacer cette image.
La sérénité ne signifie pas que rien ne se passe. Les eaux stagnantes croupissent; on pourrait dire qu’elles ne progressent pas. Mais la sérénité spirituelle nous met à même d’être réceptifs aux directives divines. Je me suis rendu compte que le temps passé le matin, avant toute autre chose, à étudier la Leçon biblique (composée de passages de la Bible et du livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy) est d’une importance capitale. Je prends ainsi conscience du lien m’unissant à Dieu, notre Père-Mère, qui guide tous Ses enfants avec amour. Quand je ressens cette unité de Dieu et de l’homme, je me sens également en harmonie avec mes semblables, qu’il s’agisse de mes collègues de travail, de ma famille ou de mes amis. Nous sommes comme les rayons du soleil: chacun de nous brille directement à partir de la même source, et rien ne peut l’en empêcher.
A mesure que les semaines passaient, j’ai mieux compris que cette sérénité ne se limitait pas aux heures tranquilles du matin, lorsque le téléphone ne sonnait pas et qu’on n’exigeait encore rien de moi. Quelqu’un m’avait envoyé une très jolie carte représentant un étang calme et serein couvert de nénuphars roses. Je l’ai mise sur mon bureau, à mon travail, afin de ne pas oublier la sérénité des premières heures du matin, et pour me rappeler que l’homme reflète sans cesse le calme et la paix qui viennent de l’unique Entendement, Dieu. J’ai appris à m’interrompre dans mes activités quand celles-ci se bousculaient, pour demander simplement à Dieu ce que je devais faire d’abord. J’ai constaté que je parvenais de mieux en mieux à conserver cette sérénité, que ce soit en attendant mon tour au supermarché ou au cours d’une réunion importante.
En écoutant tranquillement l’Entendement divin, nous saurons avec certitude par quoi commencer. D’autre part, l’Entendement nous amène à discerner ce qui est de notre ressort et ce qui ne l’est pas. Parfois, le contraire de l’Entendement, le prétendu entendement mortel, nous incite à accepter un travail qui revient à une autre personne; ou bien il nous suggère une activité immédiate qui nous détourne de ce que nous avions été amenés à entreprendre sous l’inspiration de la sagesse divine. Mais cet entendement erroné et hypothétique n’a pas, en réalité, le pouvoir de nous distraire ni de nous influencer.
Pour le prouver, il faut de l’humilité. Il ne nous appartient pas de délimiter la volonté de Dieu. Nous devons avoir confiance en Dieu, l’Entendement, et nous en remettre au pouvoir de Sa bonté. Mary Baker Eddy écrit que Dieu, l’Entendement, est « la Divinité, qui délimite mais n’est pas délimitée » Science et Santé, p. 591.. Si nous laissons Dieu guider nos pensées, nos désirs et nos actes, nous serons capables d’accomplir les tâches qui nous incombent. Nous devons faire Sa volonté en toutes choses, selon Son dessein. Lorsque nous nous soumettons au plan qu’Il a conçu pour nous, nous ressentons Sa sollicitude, et tout s’accomplit de la meilleure façon possible à l’avantage de tous ceux qui sont concernés.
Le fait de courir çà et là pour tâcher de mener à bien tout ce que nous avons à faire dénote parfois, à notre insu, la peur de l’avenir, la peur de ce qui arrivera demain si tout n’est pas achevé le jour même. Bien sûr, nous ne disposons pas d’un temps illimité pour accomplir chaque tâche. Ne soyons pas non plus apathiques ni paresseux. Mais il est utile de reconnaître que les enfants de Dieu vivent dans l’éternel maintenant. Il n’existe pas d’autre temps que le présent, et le présent contient la totalité de la bonté de Dieu. N’ayant nul avenir à craindre, accordons toute notre attention aux tâches présentes, et continuons, imperturbables, de faire ce qui convient maintenant, sans précipitation ni tension.
Il m’arrive de perdre de vue ce calme spirituel lorsque ceux qui m’entourent semblent trop affairés. C’est le moment de me rappeler que les faits spirituels concernant la relation de l’homme à Dieu s’appliquent à tout le monde. Dieu gouverne chacun de nous, et non pas seulement quelques-uns. En vérité, chaque enfant de Dieu est le calme reflet de l’Entendement, et non un mortel pressé qui vit à un rythme effréné.
Bien que j’aie encore du chemin à faire (le repas m’attend en ce moment même!), je dois être dans la bonne voie. L’autre soir, tandis que j’étais en train de tricoter, je me suis rendu compte que la vie ne me semblait pas si trépidante ces derniers temps. Je disposais d’un peu plus de temps pour penser et prier. Qu’avais-je supprimé dans mon emploi du temps? Mes activités demeuraient les mêmes. En fait, je passais davantage de temps à étudier et à prier, surtout pour mon église et pour ceux qui vivent dans d’autres parties du monde. Non, mes activités n’avaient pas changé. Mais j’avais cessé de m’agiter. J’avais acquis une sérénité intérieure qui m’aidait à reconnaître, chaque jour, que tout était gouverné par Dieu avec amour. Je me suis alors souvenu, avec gratitude, du dernier couplet de l’un de mes cantiques préférés, adapté d’un poème de John Greenleaf Whittier:
Apporte un calme souverain
A nos cœurs inquiets,
Que sans effort et sans regret,
Ils sachent démontrer enfin
La beauté de Ta paix.Hymnaire de la Science Chrétienne, n° 49.