J’ai bien aimé l’école maternelle et la première année d’école primaire. Même lorsque je suis allée dans une nouvelle école, l’année suivante, et que ma meilleure amie, Mary, est restée dans mon ancienne école, la classe me plaisait.
Tout s’est bien passé... jusqu’à la troisième année.
Dès le début, ce n’était pas pareil. C’était une classe à deux niveaux: la moitié des élèves étaient de troisième année, et l’autre moitié de quatrième. La maîtresse, Mlle Malm, nous a expliqué qu’il nous fallait être très sages, surtout lorsqu’elle faisait la classe à l’autre niveau. Elle a menacé d’envoyer dans le couloir ceux qui parleraient sans avoir levé la main.
Elle ne plaisantait pas. Dans le courant de l’automne, plusieurs élèves ont été mis à la porte, parce qu’ils avaient parlé quand ce n’était pas leur tour. Quand j’y repense maintenant, ils n’ont pas dû rester dans le couloir plus de dix minutes. Mais à ce moment-là, cela semblait très long.
Puis un jour (je crois que c’était en novembre, au moment de la première neige dans le nord du Minnesota où nous habitions), j’ai été mise dehors.
C’était horrible. Lorsque Mlle Malm est venue me chercher un peu plus tard, je n’avais qu’une envie, c’était de rentrer à la maison. Comme il était presque midi, Mlle Malm m’a donné permission de partir en avance. Elle m’a apporté mon manteau et mes mouffles.
Maman, qui m’attendait à la maison, m’a consolée. Elle m’a dit que la maîtresse l’avait appelée pour expliquer ce qui s’était passé. Mais j’ai dit que je n’aimais pas Mlle Malm et que j’aurais honte de retourner en classe. J’y suis retournée, bien sûr, mais il me semblait que je n’avais plus aucune joie d’être avec mes camarades.
J’ai eu le même sentiment pendant plusieurs jours. Maman a dû le remarquer, parce qu’un jour, nous avons eu une conversation sérieuse au sujet de la maîtresse. J’ai dit à maman qu’il faudrait que Mlle Malm change et beaucoup plus gentille pour que je retrouve ma joie. Mais la réponse de maman m’a surprise: elle m’a dit qu’être heureuse ou malheureuse dépendait bien plus de ce que je pensais que de ce que faisait Mlle Malm. Il y a bien longtemps de cela, et je ne me souviens pas de toute notre conversation, mais maman m’a expliqué que je devais aimer Mlle Malm. Elle a ajouté que si j’étais malheureuse, nous pouvions prier à ce sujet.
Chaque fois que nous avions prié, dans notre famille, nous avions eu des guérisons. La crainte disparaissait, nous sentions que Dieu était tout près, qu’Il S’occupait de nous avec amour, et la guérison se produisait. A l’école du dimanche que je fréquentais près du lac Supérieur (c’est un des grands lacs que se trouvent entre le Canada et les Etats-Unis), j’apprenais que Dieu ne peut jamais être séparé de Ses enfants et que j’étais Son enfant parfaite. Maman m’a dit que nous pouvions prier aussi pour nous guérir de la peine.
Elle m’a fait voir que c’était une grosse responsabilité pour Mlle Malm d’être la maîtresse de trente enfants de deux niveaux différents dans la même classe. Jusque-là, je n’avais pas tellement pensé à me mettre à la place de quelqu’un d’autre. Je me suis alors demandé ce que je ferais si je devais faire la classe à trente enfants toute la journée.
Maman m’a expliqué que cette troisième année se passerait beaucoup mieux pour moi si j’apprenais à moins penser à moi et à aider davantage les autres. Aujourd’hui encore, il m’arrive de repenser à ce que m’a dit ma mère, quand je lis ces phrases de Mary Baker Eddy: « Tout pouvoir et tout bonheur sont spirituels et procèdent de la bonté. Sacrifiez le moi pour vous bénir les uns les autres, de même que Dieu vous a bénis » Écrits divers, p.155..
Tout amour réel vient de Dieu, puisque Dieu est l’Amour divin. Voilà pourquoi, lorsque nous manifestons de l’amour, nous nous sentons proches de Dieu; et quand nous ne sommes pas gentils, nous nous sentons loin de Lui.
L'Amour nous aide à faire le tri entre ce qui est bon et vrai à notre sujet, au sujet de notre famille, de nos professeurs, de nos camarades, et ce qui ne vient pas de Dieu et ne fait pas réellement partie de nous. Nous apprenons alors à faire ce que nous a dit Jésus: « Aimez vos ennemis. » Matth. 5:44.
Cela ne doit pas nous troubler. Il ne s’agit pas de fermer les yeux sur ce qui est mauvais ou sur ce qui fait du mal. Il s’agit d’ouvrir les yeux, c’est-à-dire utiliser notre vision spirituelle, pour mieux voir ce qui est vrai concernant nos parents, nos professeurs, nos camarades. Ce n'est pas comme si l’on mettait des lunettes magiques, non. Il faut commencer par désirer voir les autres comme nous voudrions qu’ils nous voient. J’avais une grand-mère qui me voyait toujours avec amour. Quoi que je fasse, elle se montrait bonne et patiente avec moi, elle m’encourageait toujours. Elle m’aimait et elle me voyait comme l’enfant de Dieu. Quand j’étais avec elle, je voulais toujours être sage. Je désirais de tout cœur être ce qu’elle voyait.
C’est cela, voir les autres spirituellement. C’est voir les autres à la lumière de l’Amour divin, comme Dieu les a créés, comme ils sont en réalité. Cette façon de voir est une forme de prière. Dieu nous aide à voir de cette façon. En fait, c’est Lui qui nous rend capables de le faire.
Quand notre cœur est rempli d’amour, les choses que les autres peuvent dire sur nous ne nous blessent pas si facilement. Nous avons plus envie d’exprimer l’Amour divin que de nous faire du souci au sujet de ce que les autres pensent de nous ou de leur façon d’agir. Nous pouvons demander à Dieu chaque jour de nous montrer comment aimer et de nous en donner l’occasion.
Cela prend parfois du temps d’apprendre à aimer, à aimer vraiment, ceux qui nous paraissent méchants. Mais j’ai commencé aussitôt à essayé d’être plus coopérative et plus obéissante en classe. Mlle Malm ne m’a plus jamais mise à la porte et elle nous a appris beaucoup de choses qui me servent encore.
A la fin de l’année, j’ai déclaré à maman que Mlle Malm avait été ma meilleure maîtresse. Cela peut vous paraître exagéré, mais c’est pourtant vrai !
Mes moniteurs et monitrices d’école du dimanche m’ont montré qu’il est très important d’aimer ceux qu’on croyait ne pas pouvoir aimer. C’est faire comme Christ Jésus qui aimait ses disciples et aimait ses ennemis. Il a dit: « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Jean 13:35.
Ce que j’ai appris de très intéressant cette année-là, c’est à aimer sans penser à moi, car cette leçon me sert encore maintenant que je suis adulte. Ce n’est pas difficile d’aimer les gens qui font exactement ce que nous voulons, mais l’Amour divin nous apprend à aimer ce qui est vrai concernant tout le monde. Si beaucoup de gens, aujourd’hui encore, veulent obéir à Christ Jésus, n’est-ce pas parce qu’il n’a jamais détesté personne ? Il ne choisissait pas ceux qu’il allait aimer, guérir, ou auxquels il allait pardonner, d’après leur comportement ou leur gentillesse envers lui. Il a même guéri l’oreille d’un soldat qui venait pour le capturer. Il voulait que nous aimions comme lui.
Le monde a grand besoin que chacun de nous aime davantage. Avec l’aide de notre Père, Dieu, c’est possible !