Les crimes violents provoquent souvent de la colère et de l’hostilité à l’égard des malfaiteurs. Le rôle de la police consiste, cependant, non seulement à préventir le crime, mais également à protéger les droits des accusés. Comment préserver cet équilibre ? Ce qu’a vécu cet inspecteur de police apporte une réponse. La prière l’a non seulement aidé à vaincre la haine et la colère, mais elle a également accru l’efficacité de son travail. Ce récit est anonyme, car son auteur appartient à la police urbaine d’une grande ville des États-Unis et opère actuellement au sein d’une division chargée d’enquêter sur les homicides et les agressions.
Avant De Devenir inspecteur, j’ai été agent de police près de sept ans. Cela faisait seulement neuf ou dix mois que j’étais dans la police, lorsqu’on m’a affecté dans un secteur très chaud de la ville. Des collègues à bord d’une autre voiture ont signalé une agression par radio. Ils ont demandé aux sapeurs-pompiers de s’occuper de la victime qui était blessée, et ils ont informé par radio qu’ils avaient procédé à une arrestation. Pensant qu’ils avaient capturé un suspect, il ne nous a pas semblé nécessaire de nous rendre sur place.
Dès le premier appel, je m’étais mis à prier. Ce n’était pas à proprement parler une prière spécifique, mais je gardais ainsi la pensée claire pour ne pas réagir négativement en recevant les messages. J’ai continué de prier, et cette pensée m’est venue en débouchant dans une avenue: « Tourne à gauche. » Ce qui s’est produit est décrit dans la Bible en ces termes: « Tes oreilles entendront derrière toi la voix qui dira: Voici le chemin, marchez-y ! Car vous iriez à droite, ou vous iriez à gauche. »
J’ai tourné à gauche et longé plusieurs pâtés de maisons. J’ai eu le sentiment que je devais m’arrêter au bord du trottoir, devant une ruelle. Je me rappelle m’être demandé ce que je faisais là, car la rue était déserte. La nuit était très avancée. C’est alors qu’un homme est sorti de la ruelle en courant, juste devant nos phares, un couteau à la main. Nous avons quitté la voiture pour nous lancer à sa poursuite. Après un face à face d’une ou deux minutes, il a jeté son couteau. Nous avons saisi l’homme et procédé à son arrestation. Nous avons découvert qu’il était responsable de l’agression signalée par l’autre patrouille. Les agents qui étaient sur les lieux du crime, quelques rues plus loin, avaient bien arrêté un suspect, mais ce n’était pas le coupable.
Ce fut, je pense, la première vraie démonstration de la façon dont je pouvais être utile à Dieu. J’allais dire: « de la façon dont Dieu pouvait être utile au policier que j’étais », mais je me rappelle combien ma joie fut grande d’avoir été guidé à faire ce que j’avais fait. J’ai pu désormais m’en remettre à Dieu, l’Entendement divin, avec une confiance accrue. Je comprenais de mieux en mieux qu’il y a un seul Entendement divin, que cet Entendement est Dieu. Je sais que j’exerce une activité humaine qui est juste et que Dieu m’indiquera les mesures à prendre. C’est ma façon de prier, et je m’efforce d’écouter ce que Dieu a à me dire.
Je me rappelle qu’une nuit, notre voiture filait à toute vitesse sur la voie express vers un secteur de la ville où un homme volait des sacs à main et rouait de coups ses victimes. Une nouvelle agression venait de se produire. La description qu’on nous avait donnée du suspect était limitée. Nous ne savions ni dans quel véhicule il s’était enfui, ni quelle direction il avait prise, ni comment il était vêtu. Nous avons roulé pendant près de cinq kilomètres sur la voie express avant d’arriver à proximité des lieux. J’ai décidé d’arrêter une voiture, bien qu’il n’ait été fait mention d’aucune marque. Le conducteur a tenté de s’enfuir. L’ayant rattrapé, nous avons découvert six ou sept sacs à main sur le siège arrière. La façon dont nous avons identifié le voleur m’a paru très à propos. J’ai découvert une Bible dans l’un des sacs. Le nom d’une femme y était inscrit: celui de la personne qui venait d’être victime du dernier vol.
Mon collègue savait que j’étais Scientiste Chrétien. Je lui avais donné un jour un exemplaire de Science et Santé de Mary Baker Eddy. Nous parlions de temps à autre de religion. Un jour, alors que nous tentions de localiser un suspect à la suite d’un hold-up, il m’a demandé de quel côté nous devions aller. J’étais très découragé, et je lui ai répondu: « Je n’en sais rien, fais comme tu veux. » Il s’est tourné vers moi en disant: « Écoute, tu n’as qu’à faire comme d’habitude en pareil cas, et puis tu me dis où aller. » Il me disait de prier, et c’est ce que j’ai fait.
Grâce à la prière, j’ai eu une guérison physique à l’époque où j’étais agent de police. Je participais à une mission en tenue civile. Mon collègue et moi utilisions des informateurs confidentiels dans des affaires de drogue concernant notre secteur. Ces indicateurs sont des criminels qui, pour certaines raisons, fournissent à la police des informations qui nous aident à résoudre une affaire. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que leurs motivations ne sont pas vraiment dictées par un sentiment de justice ou d’honnêtetè. C’est en général la peur qui les guide.
Nous avons découvert qu’un de nos informateurs s’employait activement à obtenir des renseignements sur notre vie privée, l’endroit où nous habitions, la composition de notre famille, etc. Un soir, en sortant de mon secteur, je me suis rendu compte que j’étais suivi par une voiture. J’ai réussi à semer mon poursuivant, et j’ai parlé de cet incident à mon collègue. Lui non plus n’a pas tardé à être suivi, et il s’est aperçu qu’il était filé par notre indicateur.
Un peu plus tard, mon collègue et moi réfléchissions dans notre voiture à la décision à prendre. Nous n’avions pas encore vraiment l’habitude de mener ce genre d’investigation. Des pensées de peur et de haine essayaient de se faire passer pour ma propre pensée. Des idées très peu chrétiennes me traversaient l’esprit.
A ce moment-là, j’ai éprouvé une douleur derrière la tête; en y portant la main, j’ai senti une grosseur sous les doigts. C’était extrêmement douloureux. Peut-être était-ce là depuis quelque temps sans que je m’en sois aperçu. Je savais que le Christ, la Vérité, était présent, car ces mots me vinrent à l’esprit au même moment: « ... travaillons à dissoudre avec le dissolvant universel de l’Amour... » Voici la phrase complète, tirée de Science et Santé: « En obéissant patiemment à un Dieu patient, travaillons à dissoudre avec le dissolvant universel de l’Amour l’erreur adamantine — la volonté personnelle, la propre justification et l’amour de soi — qui fait la guerre à la spiritualité et qui est la loi du péche et de la mort. » Je savais que la seule façon de guérir ce mal, c’était d’aimer.
Ce soir-là, j’ai appelé une praticienne de la Science Chrétienne pour lui demander de m’aider par la prière. Elle m’a suggéré de lire ce que Mary Baker Eddy écrit sur Christ Jésus dans Science et Santé: « L’ “homme de douleur” comprenait mieux que personne le néant de la vie et de l’intelligence matérielles, et la puissante réalité de Dieu, le bien, qui renferme tout en Lui. Ce sont là les deux points cardinaux de la guérison-Entendement, ou Science Chrétienne, qui lui donnèrent pour arme l’Amour. »
J’ai vu que « la puissante réalité de Dieu, le bien, qui renferme tout en Lui » devait forcément englober tout le monde, y compris cet informateur. Les armes de Jésus n’étaient pas des revolvers. Il n’avait pas besoin d’épée ni d’aucune arme pour préserver sa sécurité. C’était pour moi comme un reproche, car j’avais emporté plusieurs revolvers dans ma voiture. Mon collègue et moi avions été pris dans une fusillade un an auparavant: un homme soupçonné de meurtre nous tirait dessus. Mon collègue l’a abattu alors que j’étais à sa merci. C’était de toute cette atmosphère de violence dont j’avais besoin de me libérer. Ma pensée devait se débarrasser de ces sentiments de haine et de cette violence.
J’ai prié dans ce sens pendant deux jours, et j’ai compris que c’était l’amour de Dieu qui constituait mes armes et ma protection, et non pas la violence physique. Lorsque je me suis souvenu de cette grosseur, je me suis aperçu qu’elle avait complètement disparu. J’ai été guéri en quelques jours sans aucune autre aide que la prière.
J’ai entendu dire que celui qui n’aime pas les gens de tout son cœur les hait plus ou moins. Je me rends compte que ma pensée à l’égard des criminels et du public en général était fort loin d’exprimer l’amour et d’être chrétienne. L’été suivant ma promotion au grade d’inspecteur, trois ou quatre policiers ont dû tirer sur des suspects qui les prenaient pour cible. Je menais des enquêtes au sein de la division dont je fais actuellement partie. Nous nous occupons des crimes sexuels et des cas d’enfants maltraités, et nous sommes rattachés au service qui s’occupe également des homicides et des vols. Les inspecteurs enquêtent sur chaque fusillade. Je me rappelle qu’après avoir entendu les détails de l’un des cas, j’étais rempli de haine à l’égard du suspect.
J’ai compris qu’il me fallait dominer cette haine, et seule la prière pouvait me permettre d’y arriver, car le sens humain prétendait que j’avais raison de haïr un truand prêt à tuer un policier. Mais si nous voulons vivre selon l’exemple donné par Christ Jésus, nous n’avons d’autre choix que d’aimer. C’est encore un point avec lequel je lutte, car j’enquête actuellement sur des cas d’enfants agressés. C’est un crime particulièrement répugnant. Je dois vraiment travailler dans un esprit de prière pour garder un point de vue spirituel.
Mais la haine ne fait qu’aggraver la situation; c’est de l’energie gaspillée. Une chose est à présent claire pour moi: haïr quelqu’un, c’est un peu comme entrer dans un rêve. Il n’y a aucun intérêt à être le jouet d’un rêve. Je dois me concentrer sur ce que Dieu fait vraiment et non sur ce qu’un rêve prétend faire. Cette façon de voir m’a amené à compter sur Dieu et à mieux comprendre qu’Il est avec moi à chaque pas. Je peux demander à être guidé pendant toute la journée, comme nous y invitent les psaumes bibliques, en glorifiant Dieu dans tout ce que je fais.
Je m’identifiais à mon rôle de policier, et j’attachais une grande importance au fait d’être dans ce service. Ce sentiment s’est atténué; à présent, je crois que je pourrais faire n’importe quoi au monde du moment que c’est pour servir Dieu et pour Le glorifier. C’est une façon de penser beaucoup plus sereine. Une grande part de la colère et de l’agressivité qui semblaient s’être accumulées en moi depuis des années a aujourd’hui disparu. Je suis quelqu’un de beaucoup plus heureux et de bien plus facile à vivre.
Je me suis aperçu qu’une attitude belligérante et antagoniste n’a pas du tout le même résultat qu’une approche aimante. Je peux très bien ne jamais adresser la parole à un homme, ne jamais lui paraître aimable ni poli, toutefois, dans ma conscience, je n’attache aucune importance à ce que me disent les sens; je sais que Dieu ne permettrait jamais que le mal se manifeste dans Sa création, ce qui concerne aussi bien le malfaiteur que la victime.
J’ai passé pas mal de temps à réfléchir à ce que doit être l’homme créé par Dieu. Je crois que considérer un homme comme un criminel qui tue, vole et viole, et réagir négativement, c’est blasphémer contre Dieu. Cela équivaut à dire que Dieu a créé l’homme mortel et qu’Il le laisse en proie au désarroi. L’une des choses les plus importantes que j’ai apprises, c’est à refréner les impulsions qui provoquent une réaction négative. Au lieu de me précipiter aveuglément, l’esprit rempli de haine, je me dis: « J’ai actuellement un travail à faire, mais je ne vais pas me laisser aller à la haine en l’accomplissant. » Cela m’a rendu les choses beaucoup plus faciles, et je pense que je suis mieux apte à faire face aux situations.
Récemment, en compagnie d’un autre inspecteur, je me suis rendu avec un mandat de perquisition dans l’appartement d’un homme identifié grâce aux empreintes digitales laissées sur les lieux lors d’une agression sauvage. Déjà condamné à la prison pour un crime similaire, il en était sorti depuis vingt-quatre heures. Nous savions qu’il était armé d’un couteau et qu’il possédait peut-être d’autres armes. Nous nous sommes procurés la clé de son appartement chez le gardien de l’immeuble et nous sommes entrés. Nous supposions qu’il nous restait quinze à vingt minutes avant qu’il ne rentre chez lui ce soir-là.
Son appartement était petit; si le face à face devait se terminer par des coups de feu, nous serions à une distance de deux mètres à peine l’un de l’autre. J’étais très inquiet à la pensée de ce qui pourrait arriver, et pas seulement pour ma sécurité; la perspective d’avoir à tirer sur quelqu’un ne m’a jamais enchanté. Aussi, tandis que nous attendions, je me suis mis à prier. J’ai reconnu que Dieu est l’Entendement omnipotent. Puisque j’étais en réalité l’expression parfaite de l’Entendement infini, ce suspect devait également être, dans sa nature réelle, l’expression de l’Entendement, et il devait être conscient de ce que Dieu lui disait. C’est la vérité au sujet de l’homme dans ce royaume spirituel absolu qui est la seule place où nous existons, ainsi que nous le comprenons de mieux en mieux. L’homme n’a en réalité d’autre choix que de faire ce que Dieu lui ordonne.
Il m’était impossible d’imaginer comment cette prière nous aiderait, car il semblait toujours que, d’une façon ou d’une autre, il allait y avoir de la bagarre. Mais l’attente s’éternisait, et je pouvais prier tout à loisir.
Au bout d’une heure et demie environ, l’homme ne s’était toujours pas montré. Nos radios étant fermées, j’ai demandé à mon collègue d’ouvrir son poste pour contacter le brigadier. Aussitôt, un message nous est parvenu. C’était notre brigadier qui nous disait de rentrer. Au lieu de retourner chez lui, notre homme s’était rendu au bureau de contrôle judiciaire où il avait été arrêté sans la moindre opposition.
Bénéficiant d’une libération conditionnelle, il devait se présenter au bureau de contrôle judiciaire une fois par mois, sans précision d’heure ni de date. Le fait que ce dangereux suspect ait choisi un tel moment pour s’y rendre est la preuve de la protection de Dieu, le bénissant lui aussi bien que moi. Ce désir d’obéir aux conditions posées pour sa libération, si modeste soit-il, peut être un premier signe positif.
En progressant dans l’étude de la Science Chrétienne, je vois plus clairement que cette image d’un homme mortel et mauvais doit, en définitive, être totalement effacée. Nous devons réellement cesser de nous voir comme des mortels liés à une foule de circonstances malheureuses. C’est valable tant pour ceux que l’on considère du bon côté des lois que pour les autres. Si Dieu est Dieu, chacun de nous, sans exception, est forcément Son reflet.
Même si dans mes contacts avec ces individus, j’observe rarement le moindre signe de régénération, tôt ou tard ils devront changer. Plus je le vérifie pour moi-même, plus je sais que cela doit être vrai pour eux aussi. Ce rêve mortel sera complètement effacé. Je pense que si les gens comprenaient qu’ils ont le choix entre accepter le Christ, la Vérité, ou accepter un tableau mortel d’eux-mêmes, ils commenceraient à se dégager de cette triste existence.
Bien qu’il ait encore commis des crimes, l’homme s’est rendu au bureau du contrôle judiciaire; ce simple fait, dans lequel on pourrait presque voir un désir inconséquent de réforme, donne malgré tout une idée de la puissance de Dieu à l’œuvre. Le seul moyen de libérer complètement l’humanité de tout cela, c’est de voir la nature spirituelle de l’homme, et nous y parviendrons grâce à la prière et à la guérison.
