J’observais Récemment les réactions de mon fils, âgé de dix ans, qui commence à prendre conscience des questions d’ordre social et politique. Il adore les dessins humoristiques brocardant la vie politique et il écoute régulièrement les informations nationales et internationales. Parfois, il est tout simplement révolté. Je l’entends s’écrier: « Ils n’ont pas le droit de faire cela ! » Ces protestations justifiées ne proviennent-elles pas de la pureté et de la franchise que nous associons si souvent à l’enfance ? Cette innocence doit-elle nécessairement disparaître quand les enfants grandissent et apprennent comment tourne le monde ?
Bien sûr, il est normal que les enfants grandissent. Mais la véritable innocence est quelque chose de bien plus profond que la naïveté puérile ou le manque d’éxpérience. Elle n’a pas à disparaître, car c’est une qualité spirituelle, une caractéristique spécifique de la nature de l’homme créé par Dieu. On pense souvent que l’innocence traduit un amour naturel du bien, dénué de toute connaissance de l’injustice ou du mal. Ce qui rend l’innocence des enfants si touchante, c’est qu’ils acceptent, en toute simplicité et sans réserves, que l’honnêteté et la pureté fassent partie de la nature des choses.
Mais, comme nous finissons tous par l’apprendre, ne rien savoir de l’injustice qui empoisonne l’existence humaine n’est pas suffisant. L’histoire de Daniel, dans la Bible, en est un bon exemple. Daniel fut jeté dans une fosse aux lions parce qu’il persistait à adorer Dieu. Le fait qu’il n’ait rien commis de mal n’était pas suffisant. Cependant, l’innocence spirituelle de Daniel suffit à le protéger du mal, parce qu’elle reposait sur sa certitude que Dieu, le bien, allait le délivrer. Voici ce qu’il expliqua quand on le fit ressortir de la fosse, sain et sauf, le lendemain: « Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions, qui ne m’ont fait aucun mal, parce que j’ai été trouvé innocent devant lui. »
Il ne fait aucun doute que Daniel savait très bien ce que les lions risquaient de lui faire ! Son innocence devait donc se situer à un niveau spirituel et, par la constance avec laquelle il adorait Dieu, elle avait été affermie et purifiée.
N’est-il pas étrange de considérer qu’une qualité aussi précieuse que l’innocence s’étiole avec l’âge adulte ? Ce n’est certes pas la façon exacte de concevoir l’innocence spirituelle, qualité qui fait de la confiance en Dieu une chose si naturelle. L’innocence qui transparaît chez l’enfant n’est pas condamnée à disparaître rapidement chez l’adolescent et l’adulte, c’est une qualité divine qui s’affermit avec nos progrès spirituels. Les guérisons de Jésus illustrent le pouvoir de Dieu, le bien, sur le mal. La résurrection de Christ Jésus ne démontre-t-elle pas le pouvoir qu’a l’innocence spirituelle de venir à bout des menaces les plus graves, voire de la haine et de la violence qui prétendent réduire le bien à néant ?
Certes, dans le monde, l’innocence passe souvent pour de l’aveuglement. En fait, lorsqu’on la considère à juste titre comme une qualité de Dieu, l’innocence est indissociable de la connaissance, parce qu’elle est indissociable de Dieu qui connaît tout. L’innocence spirituelle nous rend inoffensifs comme des colombes (nous n’y pouvons rien), mais nous serons également sages et en sécurité, car Jésus a dit, ainsi que nous le lisons dans l’Évangile selon Matthieu: « Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. »
Cependant, pour en voir l’effet concret dans notre vie, nous devons comprendre que l’innocence spirituelle fait partie d’un concept entièrement spirituel de l’homme et de la vie tels que Dieu les crée. Comprendre la nature spirituelle de l’homme nous permet de trouver cette innocence qui nous protège. Mary Baker Eddy écrit dans Science et Santé: « Grâce à son discernement de l’opposé spirituel de la matérialité, voire le chemin par le Christ, la Vérité, l’homme rouvrira avec la clef de la Science divine les portes du Paradis que les croyances humaines ont fermées, et il se trouvera non déchu, mais droit, pur et libre, n’ayant pas besoin de consulter des almanachs pour y découvrir les probabilités concernant sa vie ou le temps, n’ayant pas besoin de se livrer à l’étude du cerveau pour apprendre jusqu’à quel point il est homme. » Quand nous reconnaîtrons que l’innocence fait partie de notre véritable nature spirituelle, nous verrons qu’en réalité, notre innocence ne saurait disparaître. »
    