Quand Sophie avait trois ans, nous vivions dans une petite maison derrière une épicerie dont j’étais propriétaire. Un matin, nous nous trouvions toutes les deux dans le magasin, lorsque le garçon boulanger est venu livrer le pain. Il l’a mis sur le rayon d’en haut. Puis il a apporté toute une quantité de gâteaux qu’il a placés sur le rayon d’en bas.
Après son départ, j’étais occupée à remplir d’autres rayonnages, lorsque je me suis aperçue que ma filoute s’était approchée des gâteaux et qu’elle avait délibérément enfoncé sa main dans un chou à la crème. « Non ! Non ! » lui ai-je dit; elle s’est détournée. J’ai repris mon travail. Mais quand j’ai regardé dans sa direction, un instant plus tard, Sophie écrasait un deuxième gâteau. Je me suis précipitée: « Non et non, Sophie ! Tu vois, tu as abîmé la crème et maintenant nous ne pourrons pas vendre le gâteau. »
Je l’ai conduite dans l’arrière-boutique où se trouvaient ses jouets et sa balançoire. Puis j’ai sorti de l’argent pour le mettre dans la caisse. Quand j’ai levé les yeux, Sophie s’apprêtait à écraser un troisième gâteau.
Je me suis approchée d’elle et j’ai pris fermement ses deux mains dans les miennes. Elle a compris que j’étais très fâchée, a fondu en larmes et s’est précipitée dans sa chambre. J’avais des remords et je me suis mise à prier. J’ai pensé à la merveilleuse création de Dieu, complète et très bonne. L’homme est créé par Dieu, à Sa ressemblance. Il est parfait et bon. Rien ne peut changer ce fait spirituel.
Puis j’ai pensé à l’histoire de Jonas dans la Bible. Lorsque Dieu lui a demandé d’aller à Ninive, Jonas ne voulait pas obéir. Il s’est au contraire embarqué sur un bateau qui partait pour Tarsis. Mais le navire a rencontré une tempête, et l’équipage a jeté Jonas par-dessus bord. Quand un grand poisson l’a avalé, Jonas a prié, demandant à Dieu de l’aider. L’énorme poisson l’a rejeté sur la plage; Jonas a senti alors encore une fois que Dieu voulait qu’il aille à Ninive. Cette fois-ci, il a obéi et les gens de la ville l’ont bien accueilli, car ils voulaient être obéissants eux aussi. J’ai pensé qu’il était tout à fait naturel pour les enfants d’obéir, parce qu’ils reflètent l’Amour divin. C’est comme cela que je comprenais l’histoire de Jonas.
A ce moment-là, Sophie a reparu dans le magasin; elle est venue directement à moi et m’a demandé pardon.
Je l’ai prise dans mes bras et lui ai demandé ce qu’on lisait sur le mur de l’école du dimanche de la Science Chrétienne. « Dieu est Amour », at-elle répondu. J’ai approuvé. Notre Père-Mère Dieu nous a créés. Il est Amour et nous aime beaucoup. Dieu prend toujours soin de nous, Il nous guide et nous garde. C’est pour cela que nous L’aimons, que nous nous aimons les uns les autres, et que nous voulons être bons.
J’ai dit à Sophie de ne jamais oublier que, si je l’avais grondée, c’était parce que je l’aimais beaucoup, beaucoup.
Avec un sourire, elle a répondu: « Je sais que tu m’aimes; je n’abîmerai plus les gâteaux, je te le promets. » Elle a tenu parole.