Lorsque Nous Commettons l'erreur de nous attacher aux mots et non au sens qu'ils recèlent, même les mots qui sont censés nous aider peuvent nous paraître un obstacle.
Ainsi, le christianisme a parfois tenté d'enfermer l'essence de la vérité chrétienne dans un credo, un énoncé doctrinal, ce qui a eu pour conséquence involontaire de faire attacher plus d'importance à la lettre qu'à Dieu.
Nous aussi, nous devons vérifier de temps en temps que nous ne substituons pas la connaissance des mots à la conscience de la présence de Dieu. Certains en arrivent peut-être à croire qu'ils ne trouveront Dieu qu'au travers de mots précis. En fait, un très grand éventail de mots sert les desseins de Dieu à tout instant. Pensez à ceux qui vous ont touché et qui vous ont même apporté une guérison à différents moments. C'étaient parfois des mots simples et réconfortants, voire pleins d'humour, et parfois des expressions tranchées et concises, ou profondément métaphysiques.
La leçon à en tirer, c'est peut-être que les mots sont des auxiliaires. Pris dans leur sens ordinaire, ils n'ont rien de divin en eux-mêmes. Il est vrai que si nous prions avec ferveur lorsque nous conversons avec autrui, nous parvenons à discipliner l'entendement humain et ses opinions purement humaines, si bien que les mots que nous utilisons expriment manifestement un esprit d'amour et des qualités chrétiennes. Christ Jésus parvenait à rapprocher son auditoire de Dieu, parce que lui-même était exceptionnellement proche de l'Être divin. Il a dit: « La parole que vous entendez n'est pas de moi, mais du Père qui m'a envoyé. »
Cette déclaration de Jésus a une portée puissamment libératrice. Elle implique que derrière les mots inspirés de la Bible se trouve le Dieu vivant. Pensons-nous devoir personnellement arracher leur sens à chaque mot de la Bible ou de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy ? Soyons plutôt certains que leur sens est dans le Père. Lui seul est à l'origine de la révélation divine. Toujours présent, Il nous donne la compréhension qui nous permet de saisir la vérité spirituelle et de voir ce qui est réel.
Dieu n'a pas créé une élite dont l'éducation et les facultés lui permettent de Le comprendre, alors que tant d'autres sont condamnés aux ténèbres. Toujours présent, Il fait ressortir le sens universel de Sa Parole pour tous et en tout lieu. En fait, Il l'a déjà « écrite » dans le cœur de chacun. Et c'est là que nous la « lisons » — qu'elle prend naturellement de plus en plus de sens pour nous — grâce à notre désir spirituel, notre pureté et notre spiritualisation, notre obéissance à Celui qui est véritablement notre Vie en ce moment même.
Mary Baker Eddy, qui découvrit et fonda la Science Chrétienne, était extrêmement soucieuse de l'exactitude de ce qu'on écrivait sur la Science Chrétienne. Il est certain qu'elle attachait une grande valeur à la précision scientifique des mots. Mais elle estimait aussi important de rappeler aux gens l'essentiel, d'attirer leur attention sur Dieu Lui-même. Elle écrit dans Rétrospection et Introspection: « Soyez aussi persuadés de ceci, que livres et enseignements ne sont qu'une échelle descendue du ciel de la Vérité et de l'Amour, sur laquelle des pensées angéliques montent et descendent, portant sur leurs ailes de lumière l'esprit du Christ. »
Ce conseil, profitable à bien des égards, peut nous ôter la tentation d'utiliser les passages de la Bible ou des écrits de Mary Baker Eddy comme si les mots par eux-mêmes étaient des formules magiques, capables de nous donner la santé ou de nous protéger. (Il nous faut au contraire en ressentir profondément le sens.) Il peut aussi nous dissuader de nous emparer des énoncés métaphysiques puissants d'un auteur ou d'un professeur qu'on apprécie, en croyant qu'ils nous communiqueront, par son intermédiaire, la connaissance métaphysique qui guérit. (Au lieu d'être impressionnés par les mots et de nous contenter de les répéter, il nous faut aller de l'avant et faire notre propre expérience.)
Après tout, Dieu nous demande de nous appuyer sur Lui seul. Toute métaphysique chrétiennement scientifique, correctement énoncée, nous exhorte à reconnaître que nous sommes en présence de Dieu à l'instant même. La lettre permet de reconnaître l'opération actuelle du Principe divin, l'Amour. A un certain moment, il faut faire plus que lire, il faut se laisser transformer par le sens des mots. L'Amour divin embrasse tout d'une façon si absolue qu'il va jusqu'à nous communiquer une nouvelle conception de nous-mêmes et de notre capacité innée de connaître les choses spirituelles.
La véritable connaissance spirituelle ou métaphysique ne consiste pas à accumuler des trésors métaphysiques dans un entendement humain, comme un écureuil affairé qui entasse des glands dans un lieu secret. Elle implique l'abandon de la conviction erronée que nous avons un entendement qui nous est propre et une vie séparée de Dieu. Nous découvrons alors peu à peu l'unique Entendement de tous et nous ressentons l'Esprit vivifiant qui est à l'origine des paroles de vérité.
Nous pouvons être certains qu'aucune vérité spirituelle n'est hors de notre portée ou trop incompréhensible pour nous. Ce serait contraire au dessein divin. Dieu, l'Entendement et l'Esprit omniprésents, est auprès de nous et nous donne à tous la possibilité de Le connaître. C'est la conviction erronée que l'homme est matériel et créé par l'homme qui est ignorante. Le fait spirituellement scientifique, c'est que l'homme créé par Dieu, à l'image et à la ressemblance de l'Esprit, connaît, aime et comprend Dieu.
