Dans un contexte où la toxicomanie et les situations amorales sont en augmentation, les familles se trouvent parfois devant de graves questions à résoudre, les volontés en présence s'affrontant douloureusement. Ce qu'un fils ou une fille souhaite avoir, être ou faire s'avère parfois en contradiction avec les normes morales des parents. Cela peut même engendrer des comportements autodestructifs. La solution vient alors d'une prière qui amène les parents à la certitude que Dieu a un dessein pour Ses enfants et qu'Il prend soin de chacun d'eux.
De nombreux parents en arrivent à dire que si l'on n'a pas un but précis dans l'éducation de ses enfants, si l'on n'a pas une volonté et des orientations bien nettes, on ne fait que tourner en rond. Vous qui avez dû élever une famille de six enfants, quelles ont été vos lignes directrices ? — Il est certain qu'une mère a des objectifs pour ses enfants. Elle souhaite surtout qu'ils soient de bons citoyens et qu'ils aiment Dieu. Mon mari et moi-même avons su très tôt que, par amour pour Dieu et en tant que Scientistes Chrétiens actifs, nous voulions élever nos enfants selon les enseignements de Christ Jésus. C'était très important pour nous.
Chuck, un de nos fils, a été absolument adorable tout petit, traversant allègrement la « crise » des deux ans pour ainsi dire sans problèmes. C'est seulement au début de l'école primaire que nous avons observé chez lui une certaine susceptibilité: il cherchait à se battre pour de mauvaises causes, se mettant en colère si tout n'allait pas comme il voulait. Nous avons prié avec ferveur et obtenu quelques résultats, mais la situation a fini par dégénérer.
Au fil des ans, il fallait continuellement se battre avec lui au sujet des choses à faire ou à ne pas faire. Il était toujours au bord du désastre. Quand il était sage, c'était vraiment un ange, mais dans les cas contraires, il était impossible.
Quelles étaient vos relations avec lui ? — Il venait m'exposer ses problèmes de façon très explosive. Puis, quand il avait tout « déballé », nous pouvions parler ensemble calmement. Il m'a fallu apprendre à écouter et à ne pas réagir à ce qui lui sortait de la bouche. Sa première année de lycée a marqué un tournant pour moi. J'avais saisi l'idée métaphysique que l'homme, l'homme véritable créé par Dieu, n'est jamais le véhicule du mal. Il m'a semblé que toute cette situation allait être autant une guérison pour moi que pour lui; en fait, je le pense encore. J'allais apprendre à séparer « ce qui est précieux de ce qui est vil », comme le dit la Bible dans le livre de Jérémie.
Sur le plan émotionnel, le plus terrible pour les parents, surtout peut-être pour la mère, c'est que l'enfant semble les rejeter, eux et leur amour. C'est une blessure douloureuse qu'il faut soigner. — Absolument. Nous étions convaincus que les problèmes de tous nos enfants (Chuck est notre deuxième fils) étaient liés les uns aux autres et que nous étions tous concernés. Ce n'était pas seulement son problème ou le mien. C'était une situation familiale que nous devions résoudre ensemble. C'est en tout cas ce que nous avons essayé de faire.
Était-il devenu violent ? — Il ne s'est jamais livré à des violences physiques sur son entourage. Il a plutôt cherché à se détruire lui-même par la drogue, ce qui a commencé lors de cette première année de lycée. Nous avions quitté une petite localité pour aller habiter dans une grande ville où le lycée comptait plus de trois mille élèves. C'était facile pour un enfant de se trouver perdu dans cet environnement.
Au début de notre installation, Chuck s'est apparemment très bien intégré, recevant des invitations à des fêtes et à des activités extra-scolaires. Mais ses notes se sont mises bientôt à baisser et il avait souvent des accès de colère. C'était un enfant difficile à satisfaire. Vous pouviez lui donner ou lui faire tout ce que vous vouliez, ce n'était jamais bien.
Pendant cette période, il fréquentait quand même l'école du dimanche de la Science Chrétienne et j'en ai été très reconnaissante. Il n'a pas refusé d'y aller. Mais il vint un moment où l'influence de la drogue et de la boisson avait fini par affecter le reste de la famille.
Quand vous l'interrogiez là-dessus, que disait-il ? — Il refusait toujours de l'admettre; il affirmait ne pas toucher à la boisson ni à la drogue. Puis, un certain soir, il est rentré très tard, après notre couvre-feu et le couvre-feu de la ville.
J'avais fini par m'endormir. Mais vers 2 h 30, son réveil-radio s'est mis en route. En ouvrant la porte de sa chambre, j'ai senti l'odeur de l'alcool. Il a été très surpris de me voir et cela m'a amusée de penser qu'une circonstance aussi inattendue l'avait trahi. Le réveil n'avait été réglé ni par lui ni par moi. Nous avons mis tous les deux cet incident « sur le compte » de la prière. Cela nous a permis de nous entretenir de la situation. Je ne pouvais pas permettre cette influence de l'alcool et de la drogue dans notre foyer.
Comme Chuck aime beaucoup chanter, nous avons parlé de l'un de ses cantiques préférés de l'Hymnaire de la Science Chrétienne. C'est un poème de Mary Baker Eddy: « Montre-moi comment, Berger... » Les paroles en anglais contiennent une promesse qui m'a donné alors beaucoup d'espoir: « Tu fléchiras la volonté obstinée. » Il m'est apparu que c'était Dieu qui fléchirait cette volonté obstinée dans son refus de se conformer à la règle et de bien agir.
Nous avons aussi parlé ce soir-là d'un autre cantique qui commence ainsi:
Héritier du Dieu saint,
Quel est ton droit sacré ?
Quel est le plan divin
Pour Son fils bien-aimé ?
Cela m'a redonné l'assurance de pouvoir séparer mon fils du mal, de l'hypnotisme en fait, et je voyais que seul le bien pouvait gouverner par sa pure influence.
Dans certaines familles, on ne trouve pas alarmant ni exceptionnel, à notre époque, de voir les jeunes boire un peu. Pourquoi cela vous bouleversait-il tant ? — J'avais été élevée dans une famille qui comportait un alcoolique et je ne voulais pas que nos enfants subissent cette atmosphère. Chuck était sous l'emprise de l'alcool et de la drogue. Il était devenu très instable, son comportement affectait et effrayait toute la famille. Nous marchions tous sur des œufs, dans la crainte de dire quelque chose qui déclencherait une violente explosion verbale. Son petit frère et sa petite sœur avaient peur de lui.
Après toutes ces années d'efforts de notre part, nous devions finalement lui dire: « Écoute, voilà les règles de la maison. Nous ne voulons ni alcool ni drogue. Tes colères et ton manque de sang-froid affectent la famille au point que nous ne pouvons plus vivre d'une façon heureuse et normale. »
J'avais beaucoup réfléchi au récit biblique de l'enfant prodigue (voir Luc 15:11–24). Je comprenais que le gouvernement réel était entre les mains de Dieu. Je pense que, peut-être, la situation de l'enfant prodigue ressemblait à la nôtre. Par ses actes, Chuck nous disait: « Je ne veux pas qu'on m'aide à changer de comportement. Je veux continuer à me droguer et à boire. Je n'en ferai qu'à ma tête. » Pour ma part, j'avais la responsabilité du reste de la famille, ainsi que de ma propre vie avec mon mari.
J'aime beaucoup la Bible et j'aime la façon dont Mary Baker Eddy nous explique les récits bibliques. Cette situation avec Chuck m'a amenée à aimer davantage et à comprendre le patriarche Abraham, père d'Ismaël et d'Isaac. Abraham a dû prendre des décisions très graves pour leur avenir. Il a fait confiance à Dieu (voir Gen. chap. 20–22). Je commençais à entretenir ce même sentiment merveilleux de confiance en Dieu. Mary Baker Eddy donne une interprétation du nom Abraham dans Science et Santé. Elle dit: « Ce patriarche prouva par l'exemple le dessein de l'Amour de créer la confiance dans le bien et démontra le pouvoir de préserver la vie, que donne la compréhension spirituelle. »
Le jour où il m'a semblé que la situation était sans issue, j'ai pensé à l'histoire d'Ismaël, le fils d'Abraham, que son père envoya dans le désert avec sa mère Agar. Leur eau s'épuisa et leur situation semblait sans espoir.
Quand j'ai lu le récit ce jour-là, j'ai compris que la mère avait dû faire confiance à Dieu et abandonner ses craintes pour l'enfant. Il est dit que l'ange parla à Agar en ces mots: « Ne crains point, car Dieu a entendu la voix de l'enfant dans le lieu où il est. » C'était comme si un poids terrible avait été ôté de mes épaules.
La Bible dit aussi que la mère d'Ismaël s'est détournée pour ne pas voir mourir son enfant. La pensée m'est venue: « Mais alors, si Agar ne voulait pas voir la mort, que voulait-elle voir ? » La réponse est venue: c'était la « vie ». C'était ma responsabilité de continuer à voir mon fils comme l'enfant de Dieu dans la Vie et la perfection, et non dans ce tableau affreux et bouleversant.
Cela m'a profondément inspirée et je me suis accrochée à cette idée lors des quelques scènes que j'ai eues par la suite avec Chuck. Il a fini par quitter la maison, mais nous avons gardé le contact. Quand il a eu dix-sept ans, il a pris la décision, avec notre permission, d'entrer dans l'armée de l'air. Il était évident qu'il n'avait pas encore abandonné la drogue. Mais son raisonnement était le suivant: « Maman, je sais que j'ai besoin de cette discipline, je sais que j'ai besoin de la solde, et je sais que je ne veux pas revenir habiter à la maison. »
Quand Chuck était à l'armée, Dieu a-t-Il entendu « la voix de l'enfant » là où il était ? — Oh ! oui, de bien des façons. C'est à lui de raconter un jour ce qui s'est passé, car c'est sa guérison. Je peux vous dire qu'il y a eu des progrès et une complète régénération. Mais je vous ai décrit simplement le point de vue d'une mère, je vous ai raconté sa guérison pour montrer que les parents peuvent se fier à l'intuition spirituelle et faire confiance à Dieu. Je vous dirai par contre ce que Chuck m'a confié plus tard, après s'être trouvé au plus bas: « J'ai pu me raccrocher aux vérités que Papa et toi m'aviez apprises, c'est-à-dire ce qu'est Dieu et comment choisir entre le bien et le mal; c'est cela qui m'a tiré de l'abîme. »
Il nous a fait la merveilleuse surprise, lors de son vingt et unième anniversaire, de nous présenter sa décoration d' « Aviateur de l'année », assortie d'une citation pour autodiscipline. Tant d'idées justes que nous avions entretenues pour Chuck et pour nous-mêmes au sujet de l' « héritier du Dieu saint », tant de vérités que nous avions souhaité le voir apprendre et essayé de vivre nous-mêmes portaient maintenant leurs fruits.
Vous savez, on a lancé une campagne, dans notre pays et dans d'autres, pour libérer la société de la drogue, et c'est une bonne chose. La réponse à cet appel doit venir de l'individu et de la famille. Pour obéir au slogan « Dites non à la drogue », il faut du courage et de la force, il faut donc être prêt à dire « oui » au bien, « oui » à tout ce qui est bon en soi-même et chez les autres. Dans son livre Rétrospection et Introspection, Mary Baker Eddy parle clairement de ce sujet: « Dieu est bon, par conséquent la bonté est quelque chose, car elle représente Dieu, la Vie de l'homme. Son opposé, le néant, nommé le mal, n'est rien qu'une conspiration contre la Vie et contre la bonté de l'homme. » Plus loin, elle ajoute: « Il est scientifique de demeurer dans l'harmonie consciente... Pour y arriver, il faut que les mortels ouvrent d'abord les yeux à toutes les formes, méthodes et subtilités illusoires de l'erreur, afin que l'illusion, l'erreur, puisse être détruite; si cela n'est pas fait, les mortels deviendront les victimes de l'erreur. »
Je suis donc persuadée que les parents peuvent faire entièrement confiance au pouvoir du bien et montrer, grâce à la prière et à l'Amour divin, le caractère destructeur de la toxicomanie. Les familles et les individus n'ont pas à être des victimes, parce que Dieu est en vérité la Vie de chacun de Ses enfants.