En Débutant Dans l'enseignement, il y a bien des années, j'ai découvert que j'étais censé enseigner une matière intitulée alors « les Écritures ». Plus tard, quand les grandes classes suivirent ce cours, il était souvent baptisé « connaissances religieuses ». Personne ne s'est jamais demandé si j'étais apte à remplir cette tâche importante et je me suis rendu compte, par la suite, que de nombreux collègues étaient mécontents d'avoir à enseigner une matière obligatoire en laquelle ils ne croyaient pas.
Parmi les histoires puisées dans l'Ancien Testament que nous apprenions aux élèves, un bon nombre racontaient comment Dieu S'était fait connaître à certaines personnes et décrivaient les diverses manifestations du pouvoir divin. Les histoires avaient beau être intéressantes pour les enfants, particulièrement lorsqu'elles étaient mises en scène de façon à exciter leur imagination, la teneur spirituelle et morale du récit ne les touchait pratiquement pas.
Des enfants dont on avait nourri l'imagination de magie, de sortilèges, de baguettes magiques, de contes de fées, d'histoires de géants, de sorcellerie et, plus tard, de technologie spatiale et de science-fiction avaient tendance à être blasés quand on en venait à parler de Moïse, Joseph, Élie, David, Daniel, pour ne citer que ceux-là.
Pour les enfants, se rendre maître de la matière par un moyen quelconque, physique ou magique, était bien plus passionnant, plus convaincant et plus réel que l'idée d'un pouvoir spirituel provenant d'un Dieu censé être tout-puissant, qu'on ne pouvait pas voir. Ils croyaient fermement que l'ordre naturel de l'être individuel résidait dans un mélange d'entendement et de matière, la matière ayant un rôle prépondérant.
Les enfants avaient les mêmes buts et les mêmes ambitions matérialistes que leurs parents, leurs professeurs et leurs camarades. Le contraire aurait été fort surprenant dans le contexte humain. Mais j'avais compassion d'eux. Je trouvais du réconfort dans la pensée que rien ne saurait altérer la vérité spirituelle que m'avait apprise la Science Chrétienne, à savoir que tout être, tout enfant était en fait une idée individuelle de Dieu, créée par l'Esprit pour accomplir sa destinée spirituelle.
Il n'a pas fallu longtemps pour que ma confiance dans la vérité divine de l'être soit mise à rude épreuve. Un changement imprévu dans la catégorie de l'école a voulu que nous soient confiés des enfants de neuf à treize ans au lieu de sept à onze. Comme mes affinités naturelles et mon expérience me portaient davantage vers les neuf à onze ans, je suis resté avec les plus jeunes dont la bonne volonté et l'enthousiasme me procuraient toujours beaucoup de satisfaction.
Mais, au cours de la première année, les élèves de treize ans ont tellement chahuté les jeunes enseignants qu'on m'a confié la responsabilité d'enseigner aussi à ces adolescents les matières principales, ce qui comprenait le fameux cours de « connaissances religieuses ». Nous semblions partis pour des heures « pas tristes » !
Les premiers jours que j'ai passés avec ce groupe rebelle n'ont pas été très heureux, ni pour les enfants ni pour moi. Ils semblaient exceller en insolence, en aigreur et en manque de coopération. Il y avait des moments où j'étais à bout de patience. Puis, un jour, alors que je regardais un élève qui se montrait particulièrement insolent, je l'ai imaginé tel qu'il avait dû être à l'âge où l'on est désireux de faire plaisir.
Cette juxtaposition d'images mentales m'a fait prendre conscience d'une vérité bien plus profonde et de la grande erreur que j'étais en train de commettre. Je portais de faux témoignages. Ces élèves n'étaient pas les adolescents malappris que décrivaient les sens humains. Ils étaient en vérité les enfants bien-aimés de Dieu, incapables de discordance. Ce soirlà, guidé par Science et Santé de Mary Baker Eddy et par la sagesse spirituelle de la Bible, je me suis mis au travail. Avec une humble gratitude, je me suis efforcé de revenir à la Vérité et à l'Amour divins, le Principe infaillible de la vie. Avec reconnaissance, je me suis rappelé que le royaume de Dieu est un royaume d'amour, que toutes les idées de Dieu sont l'expression de l'Amour, qu'elles sont sans faille, sans défaut, toujours aimantes et toujours dignes d'être aimées.
Je me suis rappelé que chaque idée de Dieu, l'Entendement divin, est créée en accomplissement d'un dessein divin, pourvue d'une destinée spirituelle. Je me suis réjoui de savoir que chaque idée appartient à Dieu, est conçue par la sagesse divine, reflète la Vie divine, est gouvernée par l'Entendement divin et est comblée par l'Amour divin.
Le cœur rempli de gratitude, j'ai pensé que chacune des idées de Dieu exprimait la Vérité divine, la bonté, l'intelligence, l'ordre, l'harmonie, la beauté, la grâce et la perfection. Comme les enfants de Dieu sont bénis et honorés ! Combien sont illusoires les mortels conçus sur une idée fausse de l'entendement mortel !
Le passage suivant de Science et Santé m'a apporté un grand réconfort: « La substance, la Vie, l'intelligence, la Vérité et l'Amour qui constituent la Divinité, sont réfléchis par Sa création; et lorsque nous subordonnerons le faux témoignage des sens corporels aux faits de la Science, nous verrons partout cette vraie ressemblance et ce vrai reflet. »
Le lendemain matin, la première leçon au programme était « les connaissances religieuses ». J'ai distribué de nouveaux cahiers en demandant aux élèves d'inscrire leur nom et celui de la matière étudiée sur la couverture. Une minute ne s'était pas écoulée qu'une jeune demoiselle élancée s'est levée pour demander ce que signifiait au juste le terme de « connaissances religieuses ». Cela veut dire connaissance de la religion, ai-je expliqué en tentant de ruser. Est-ce que cela voulait dire des histoires de la Bible ? J'ai admis que des histoires de la Bible auraient probablement une place dans cette matière.
Un chahut monstre éclata sur-le-champ. Ils n'allaient pas supporter ça une nouvelle fois. Ils en avaient assez des Écritures. Ils n'étaient plus des bébés pour qu'on leur fasse « gober » pareils contes de fées; de toute façon — argument triomphal — ils ne croyaient pas en Dieu !
J'ai attendu que leur indignation s'apaise, les laissant s'affaler dans les attitudes les plus provocantes et les plus inélégantes qui soient. C'est alors que j'ai dévoilé un tableau pour passer à la phase qui devait nous conduire « du connu à l'inconnu ». Le vacarme a cessé tandis que leurs regards se portaient sur le tableau.
On y lisait tout d'abord ceci: Comment êtes-vous conscients du monde extérieur ? Les sens physiques présentent-ils toujours la vérité ? Existe-t-il quelque chose que nous ne puissions voir, toucher, entendre, goûter ni sentir ?
Après une grande discussion, qui a semblé leur plaire, je les ai invités à emporter ces questions et à consulter leurs parents et amis sur le sujet; nous allions en reparler lors du cours de « connaissances religieuses » suivant. Est-ce que tout ce dont on vient de parler, c'est de la connaissance religieuse ? m'a demandé la demoiselle qui n'hésitait pas à exprimer son opinion. En l'assurant que ces thèmes étaient bien apparentés au sujet de la religion, je répondais à la dernière objection que j'allais rencontrer dans ce cours et dans les neuf qui ont suivi.
Au cours des semaines suivantes, nous avons examiné de nombreux sujets et le flot de questions qui fusaient à chaque leçon était le signe certain que je n'instruisais pas seulement les enfants, mais aussi un certain nombre de leurs parents et connaissances, ce qui ne me dérangeait pas, bien au contraire. Certains de mes collègues venaient examiner les tableaux sur lesquels étaient inscrites des idées d'intérêt religieux, idées qui leur étaient probablement nouvelles, et je m'en réjouissais également. Il est intéressant de noter qu'on ne m'a jamais reproché les idées religieuses que j'ai continué d'exposer.
J'aimerais bien pouvoir dire que ce fut la fin des problèmes que j'ai rencontrés avec ces adolescents. Ce n'est pas le cas, mais j'ai fait face à chaque situation discordante au moyen de la Vérité et de l'Amour divins, lesquels ont surmonté chacune des difficultés. Je savais que les idées de Dieu sont immortelles. Je savais aussi que pour être immortelles, elles devaient être parfaites, puisque la perfection est la loi de la création spirituelle de Dieu. Je savais que rien d'imparfait n'existe dans le royaume d'amour de Dieu. Je savais enfin que chaque être est créé pour représenter l'Esprit, l'Entendement, l'intelligence, la Vie, la Vérité, l'Amour ainsi que la beauté merveilleuse, la majesté et la noblesse de la sainteté. C'était vrai de ces enfants et c'est vrai de chacun de nous.
La bonté suprême et la perfection spirituelle constituent le merveilleux héritage que l'homme a reçu de Dieu. Accepter ou voir quoi que ce soit d'autre, c'est pécher contre la Vérité et l'Amour divins. Pour nous montrer à la hauteur de notre héritage divin, il nous faut être purs dans notre pensée, notre entendement et notre intention.
Au cours de cette période, j'ai appris à ne pas prendre le mortel pour le réel et j'ai mieux compris que l'individualité réelle n'est pas la chair, mais la conscience spirituelle. J'ai appris aussi que chaque fois que nous acceptons de céder à la colère, d'éprouver une contrariété ou du ressentiment, nous trahissons le Christ, la tendre idée que Dieu nous donne de la filialité divine. A chaque fois que nous admettons l'imperfection sous une forme ou sous une autre, nous acceptons que le mal soit une réalité, niant ainsi la totalité et l'omnipotence de Dieu, l'Amour divin. Nous pouvons nous réjouir dans notre cœur, car la perfection de la création de Dieu est toujours présente.
Il ne nous est pas difficile de rester calmes, sereins et confiants quand nous comprenons que toute suggestion de discorde ou d'imperfection provient d'une méprise mortelle, d'un mensonge des sens physiques. Une telle illusion ne peut nous impressionner que si nous l'acceptons dans notre pensée. Si l'intimidation réussit, l'inquiétude, la crainte, l'appréhension qui en résultent produisent le chaos dans notre existence humaine. Mais Science et Santé nous rassure: « Nous devons comprendre clairement que la puissance mentale peut contrebalancer les fausses conceptions humaines et les remplacer par la vie qui est spirituelle, non matérielle. »
Christ Jésus, le grand Maître qui a montré le chemin aux hommes, qui exprimait son amour spirituel de façon si concrète et qui comprenait les problèmes affrontés par le genre humain, nous a laissé ce conseil dans l'Évangile de Matthieu: « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » « Toutes ces choses » répondent aux besoins humains. C'est grâce à la Vérité divine et à l'amour de Dieu qui embrasse tout que j'ai pu répondre au besoin des enfants en les voyant sous leur vrai jour: chacun d'eux à l'image et à la ressemblance de l'Esprit divin.