Lorsqu'on joue en public depuis si longtemps et avec un pareil succès, on entend tellement parler de soi dans la presse, au cinéma, à la télévision, dans les restaurants et les salles de concert, qu'on acquiert une image démesurée de soi-même. Mais quelque effet que cela eût sur (Artur Rubinstein) lui-même — et cela en avait pas mal — dès qu'il était absorbé par la musique, que ce soit à l'interpréter, à en parler ou à l'écouter, cet effet disparaissait totalement, complètement. Et il se trouvait en contact direct avec la musique, avec le compositeur, avec le morceau, avec le moment, avec la note, avec la phrase musicale, avec le mouvement — un contact absolument pur. La pensée n'en était pas absente, mais il n'y intervenait aucune préoccupation de soi-même. Et si l'on y ajoute cette véritable et sincère humilité qui n'était ni étudiée ni même adoptée délibérément, cela faisait vraiment de lui un être unique en son genre.
Tiré d'un film sur Artur Rubinstein, Rubinstein Remembered, (Souvenirs d'Artur Rubinstein), raconté par son fils, John Rubinstein; réalisé et mis en scène par Peter Rosen. Reproduit avec autorisation.
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