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N’oubliez pas votre « van » !

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de juillet 1991


La rentrée scolaire était toujours un grand moment. Je bouillais d’impatience d’y être enfin. Pour être prête, j’étais prête ! J’avais d’ailleurs déjà inscrit mon nom sur toutes mes affaires de classe.

Le dimanche précédant la rentrée, j’avais mis mes nouvelles chaussures et ma nouvelle robe d’école pour aller à l’église. Tout le long du trajet en voiture, je n’arrêtais pas de regarder mes chaussures et de refaire le nœud de ma robe écossaise.

A notre arrivée, maman m’a dit: « Écoute-moi bien, Judith Ann (en général, quand elle m’appelait par mon nom entier, c’était du sérieux !) tu vas cesser de regarder tes nouveaux habits pendant une heure. L’école est dans deux jours. L’école du dimanche, c’est maintenant, alors fais bien attention à ce qu’on va te dire. »

J’étais arrivée quelques minutes en avance et ma monitrice, Mlle Dubois, m’a demandé si je m’étais préparée pour la rentrée. Je lui ai aussitôt parlé de mes nouveaux crayons de couleur, et aussi de mes crayons noirs tout neufs (finis les crayons usés à la gomme toute mâchonnée !). Je lui ai dit que cette année ma maîtresse allait être Mlle Colin (ma préférée dans toute l’école) et que mon amie Jacqueline serait aussi dans ma classe !

Puis, Sandrine et Sébastien (d’autres camarades) sont arrivés et l’école du dimanche a commencé. Mlle Dubois a dit: « Ce matin, nous allons parler de “vans”. »

Nous étions là, tout excités par cette fameuse rentrée, et voilà qu’elle voulait parler de vent ! Comme elle a dû se rendre compte, à notre air, que nous n’étions pas très intéressés, elle s’est tue. Nous aussi. Silence complet.

Alors elle a dit: « Vous pensez tous que vous êtes prêts pour l’école mardi. Mais vous allez avoir encore plus besoin de “vans” que de crayons, de stylos, de gommes et de cahiers. »

Moi, je me demandais comment on pouvait emporter du vent à l’école. Le seul moyen, c’était peut-être d’avoir un objet comme cela:

Dans mes déguisements, j’en avais un. Sandrine, ma camarade de l’école du dimanche, pensait plutôt à un appareil comme ça:

Mais Mlle Dubois a expliqué qu’elle voulait parler de tout autre chose. Il s’agissait d’un van, V.A.N., et elle nous en a montré une image dans son dictionnaire biblique:

Cela servait à vanner, nous a-t-elle dit, ajoutant que nous n’en verrions peut-être jamais de toute notre vie. (Pourquoi fautil alors en parler ? me suis-je demandé.) Mais Mlle Dubois a continué en disant qu’il fallait savoir à quoi servait le van. Il séparait la balle (l’enveloppe inutile) du grain. Avec cet instrument, les cultivateurs jetaient le blé en l’air. Le grain, qui est lourd, retombait en tas, tandis que le vent emportait la balle.

Je me suis dit tout bas que cette heure allait être interminable. « J’aimerais dix fois mieux parler de la rentrée, de mes nouvelles chaussures vernies et de mes crayons bien taillés. » Pendant un petit instant, je me suis mise à rêver, mais Mlle Dubois m’a rappelée à la réalité en me demandant de lire à haute voix un passage du livre d’Ésaïe dans la Bible: « Voici, je fais de toi un traîneau aigu, tout neuf, garni de pointes; tu écraseras, tu broieras les montagnes, et tu rendras les collines semblables à de la balle. Tu les vanneras, et le vent les emportera. »

Puis elle nous a demandé quel rapport cela pouvait avoir avec la rentrée. Silence à nouveau. (« Aucun », ai-je pensé, tout en me gardant bien de le dire. Je n’avais qu’une envie, c’était que la classe se termine enfin.)

Mlle Dubois nous a donné un indice: Christ Jésus ne se déplaçait jamais sans son van et il s’en servait constamment. Silence, toujours, dans la classe. Son van n’était pas en bois, il était mental, a-t-elle ajouté. Il séparait ce qui est réel de ce qui ne l’est pas, et nous avons des vans nous aussi... Pas un de nous ne desserrait les dents. Alors Mlle Dubois a expliqué qu’un van pouvait représenter ce que nous savons de Dieu. C’était notre instrument « aigu, tout neuf, garni de pointes ». « Garni de pointes » voulait dire qu’il était efficace. Quant aux « montagnes », elles pouvaient représenter les gros problèmes qui nous semblent parfois écrasants.

Ensuite, Mlle Dubois nous a demandé ce que nous savions de Dieu. Ça, c’était facile, nous avions tous des réponses à proposer. Il est bon, nous étions tous d’accord là-dessus. Il S’occupe tendrement de tous Ses enfants. Il nous aime, nous protège et nous rappelle constamment que nous sommes bons et honnêtes, jamais méchants, ni stupides, ni effrayés, ni malades.

Mlle Dubois nous a lu alors une explication dans Science et Santé. Voilà donc où elle avait pris ses idées ! « Van. Ce qui sépare la fable du fait; ce qui donne de l’action à la pensée », écrit Mary Baker Eddy.

C’était donc le van de Jésus (le fait de savoir faire la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas) qui lui avait montré qu’il n’était pas en danger lorsqu’il avait traversé une foule en colère. Son van lui avait montré que la vie était réelle et toujours protégée par Dieu, même lorsqu’on lui avait dit qu’une petite fille de douze ans était morte. C’est en sachant la vérité qu’il avait pu la ramener à la vie. En utilisant son van, plus tard, Jésus avait même pu aimer ceux qui l’avaient crucifié.

Ensuite, notre monitrice nous a demandé si nous avions déjà vu des choses injustes se produire à l’école. Nous en avions tous vu.

« Des bagarres ? Des enfants qui pleurent ? Des enfants qui se font mal ou qui sont malades ? » Nous avions tous beaucoup à raconter là-dessus. « Alors vous voyez bien que vous avez besoin de votre van ! » a dit Mlle Dubois. « Quand un élève de votre classe semble plus lent que les autres, votre capacité de percevoir ce qui est vrai de l’enfant de Dieu est nécessaire. Les enfants de Dieu sont purs, et si quelqu’un essaie de tricher, votre van vous donne confiance dans le bien. Si quelqu’un se fait mal à la récréation, votre van sépare la fable de ce qui est vrai et vous assure que Dieu est là, S’occupant de Ses enfants. »

Comme le temps passait vite ! Tout à coup, l’école du dimanche était terminée et, avant de partir, Mlle Dubois a dit: « N’oubliez pas d’emporter votre van mardi en plus de vos stylos, de vos crayons et de vos cahiers ! »

Enfin, le grand jour est arrivé. Me voilà sur le chemin de l’école avec mes nouvelles chaussures, ma nouvelle robe et mon sac d’école rempli de toutes les fournitures. Mais j’ai complètement oublié mon van. En arrivant à l’école, je découvre qu’il y a eu une erreur: Mlle Colin n’est pas ma maîtresse ! C’est mon frère jumeau qui l’a; moi, j’ai Mlle Risse, la seule institutrice de l’école qui me fait peur, celle qui a toujours l’air de faire les gros yeux. Sa première idée, c’est de nous attribuer des places pour toute l’année, et le « gros dur » de l’école s’est trouvé juste à côté de moi. Il n’a pas arrêté de me dire, toute la journée, que j’étais maigre comme un clou.

Quand je suis rentrée chez moi après l’école, j’avais vraiment le cœur gros. Avant l’heure du souper, Mlle Dubois a téléphoné pour savoir comment s’était passée la rentrée. (C’était vraiment chic de sa part !) Je me suis mise à pleurer. Elle m’a consolée en me disant que Dieu n’avait que du bien en réserve pour moi et que je ne pouvais pas en être privée ! Elle n’a même pas mentionné mon van, mais son appel m’y a fait penser.

Le soir, quand maman est venue me border, je lui ai dit qu’il fallait que j’utilise mon van. (Elle savait ce que je voulais dire parce que je lui avais raconté l’école du dimanche.) Elle m’a aidée et nous avons commencé par nous rappeler que « Dieu est Amour ». C’est écrit sur le mur quand on entre à l’école du dimanche. Ensuite, j’ai pensé à Mlle Risse. Dieu, l’Amour, l’avait créée, elle aussi, elle ne pouvait donc pas être méchante. Je ne pouvais pas m’empêcher de souhaiter quand même qu’elle se mette à ressembler à Mlle Colin.

Mais maman m’a rappelé combien il y avait de fleurs différentes dans notre jardin — du muguet, des iris, des pivoines, du lilas — chacune très jolie dans son genre. Je me suis promis d’apprendre à voir aussi les qualités de Mlle Risse et maman m’a dit que le meilleur moyen d’y arriver, c’était de refléter l’amour de Dieu.

Ensuite, j’ai pensé à Thierry, ce voisin de table qui m’embêtait. Maman avait dit que si quelqu’un se conduisait comme cela, c’est parce qu’il avait besoin d’être aimé et que moi je pouvais l’aimer puisque Dieu l’aimait. Thierry pouvait bien dire tout ce qu’il voulait, je pouvais quand même voir de bonnes choses en lui et l’aider peut-être à les voir aussi.

Le deuxième jour s’est beaucoup mieux passé. Je faisais tout mon possible pour utiliser mon van. Mlle Risse a souri trois fois et n’avait plus l’air aussi sévère. Elle nous a même dit que nous étions une bonne classe.

Thierry portait une chemise en velours côtelé rouge vif que je trouvais bien et je le lui ai dit. J’ai aussi remarqué que son écriture n’était pas mal du tout, pour un garçon. Cela aidait beaucoup de remarquer les bonnes choses. Et j’ai continué d’en voir. J’ai trouvé une petite du cours préparatoire qui pleurait dans les toilettes et je l’ai consolée. Je lui ai dit que l’école avait autant besoin d’elle qu’elle de l’école.

Finalement, cette année-là n’a pas été mauvaise du tout. Un jour, à la récréation, Thierry s’est précipité pour m’aider au moment où un garçon encore plus grand essayait de me faire tomber. Mlle Risse m’a permis de m’occuper de ses vers à soie tout l’été pendant son absence. (Je les nourrissais avec des feuilles de mûrier et j’ai pu les voir filer leurs cocons.)

Il s’est passé beaucoup de choses depuis. Je suis une grande personne maintenant et si je vous disais combien de fois j’ai utilisé mon van pour séparer ce qui est réel de la fable, cela remplirait des dizaines de revues comme celle-ci. Je remercie vraiment Dieu de nous avoir donné un instrument « aigu, tout neuf, garni de pointes ».

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