Les Deux Jeunes étaient pris de fou rire, comme tous les adolescents du monde, mais quelque chose était différent. Leur gaieté débordante était entrecoupée de bribes de phrase prononcées dans une langue que nos oreilles ne reconnaissaient pas, langue d’ailleurs nullement déplacée dans ce restaurant McDonald d’une ville aussi cosmopolite que Boston. Mon mari se pencha vers moi: « Tu devrais voir son visage », dit-il à mi-voix, en parlant de la jeune fille.
Comme nous nous levions pour sortir, je vis ce visage. Il exprimait une joie intense. Nous échangeâmes un sourire et j’eus le sentiment d’une complicité qui transcendait les différences de génération, de langue et de culture. Cela vient de notre humanité commune, pensai-je. Une joie authentique, spontanée, participe de la nature du Christ. Je compris mieux alors ce que recouvre le concept de cette nature humaine que nous partageons. C’est notre spiritualité commune. L’esprit-Christ ne cesse de dire à chacun de nous qu’il est l’homme que Dieu a créé et que cet homme est unique.
Cette spiritualité commune soutient l’élément moral de la nature humaine qui permet à la bonté, à la miséricorde, à la sympathie d’adoucir les événements que nous vivons ensemble. Mais le rapprochement se situe dans l’Esprit. Ce qui nous unit réellement, ce n’est pas le fait de vivre ensemble, sur le plan humain, des moments, si merveilleux soient-ils, ni d’être tous concernés par un problème universel, mais de reconnaître au fond de soi que tout être est spirituel.
Il me vint à l’esprit que cette vue est aussi une expression de l’Église, l’idée de Dieu, à l’œuvre dans ma conscience, vue qui me permet de saisir un peu plus nettement l’idée spirituelle de l’unicité de l’être. Mais comment rapprocher ce sentiment « sacré », éprouvé dans un restaurant McDonald, un samedi matin, de la mission que Mary Baker Eddy nous a demandé d’accomplir tout au long de notre vie: « Imprégner l’humanité de la véritable récognition de la Science Chrétienne pratique et efficace » (Écrits divers) ? Comme de nombreux étudiants de la Science Chrétienne, je pense souvent à un essai rédigé par Mary Baker Eddy et qui s’intitule « L’étang et le but ». Vers la fin de cette analyse du véritable baptême, elle décrit Christ Jésus en ces termes: « Ce Guide qui, marchant devant vous, a gravi les pentes escarpées de la Science Chrétienne, se tient sur la montagne de la sainteté, la demeure de notre Dieu, et se baigne dans les fonts baptismaux de l’Amour éternel. » Voici la conclusion du dernier paragraphe: « Tandis que vous cheminez et soupirez parfois après le repos “près des eaux paisibles”, méditez cette leçon de l’amour. Apprenez en le but; et dans l’espérance et la foi, là où les cœurs se rencontrent et sont mutuellement bénis, buvez avec moi l’eau vive de l’esprit de ce qui est le but de ma vie: imprégner l’humanité de la véritable récognition de la Science Chrétienne pratique et efficace » (Écrits divers).
J’aurais tant aimé voir ces deux jeunes si joyeux à l’école du dimanche de L’Église Mère ! Mais je pus cependant me débarrasser de tout désir inutile lorsque je reconnus le fait que, perçus correctement, ces jeunes représentaient, tout autant que mon mari et moi-même, l’homme créé par Dieu, même à ce moment-là. Je vis que cette spiritualité commune finirait par détruire tout ce qui semble diviser le genre humain, comme l’ignorance, les préjugés et les rivalités de race et de classe, et tout ce qui tend à scinder l’Église en factions. Reconnaître notre unité spirituelle fondamentale, c’est faire sans aucun doute un pas en direction de « la véritable récognition de la Science Chrétienne pratique et efficace », qui n’admet aucune barrière doctrinale.
Lorsque l’Église de Dieu sera davantage perçue à la lumière de la définition spirituelle de l’Église que donne Mary Baker Eddy dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, « la structure de la Vérité et de l’Amour; tout ce qui repose sur le Principe divin et en procède », les églises du monde entier se rapprocheront davantage dans la poursuite d’un but commun. Les divisions doctrinales s’estomperont, amenant ainsi l’Église à jouer un rôle encore plus efficace dans les affaires humaines, se tournant vers des moyens qui permettent vraiment à l’humanité d’exprimer les possibilités divines de l’homme créé par Dieu à Son image et à Sa ressemblance.
Il n’est pas surprenant que Mary Baker Eddy ait appelé l’Église qu’elle a fondée l’Église du Christ, Scientiste. Nous pourrions dire que le nom de notre Église implique la démonstration de l’idée véritable d’humanité que Christ Jésus a parfaitement exprimée. Christ Jésus était le Scientiste suprême, ainsi que l’homme idéal.
Dans le Glossaire de Science et Santé, on lit cette description de l’homme: « L’idée composée de l’Esprit infini; l’image et la ressemblance spirituelles de Dieu; la représentation complète de l’Entendement. »
On peut à coup sûr affirmer que partout où l’on trouve une connaissance, même infime, de Dieu et de son Christ, l’homme créé par Dieu se révèle. Ce serait trop présumer, bien sûr, de dire que quelqu’un est Scientiste Chrétien alors qu’il ne le perçoit pas ainsi. Mais les membres de l’église peuvent se débarrasser de l’exclusivisme et rester sereinement convaincus que l’homme réel est aussi conscient de Dieu que Dieu de l’homme. Pour celui qui cherche Dieu en toute humilité, il est donc spirituellement naturel d’en venir à Le connaître et de conformer sa vie à cette connaissance, qu’il appartienne ou non à une religion.
La plupart des Scientistes Chrétiens éprouvent un profond désir de faire part à d’autres de la Science Chrétienne, et pourtant, ils hésitent parfois, parce qu’ils ne veulent pas risquer de donner l’impression de faire du prosélytisme. Je ne me sentais pas prête à inviter ces jeunes à l’école du dimanche, mais je pouvais me réjouir de notre spiritualité commune. Telle est peut-être l’importante démanche d’esprit qui nous fait passer du désir de communiquer à la démonstration même de la communication.
L’apôtre Jean dit en parlant du Christ: « Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. » Plus vite nous laisserons le Christ définir pour nous l’identité des êtres — ceux que nous rencontrons, nos parents proches, nos amis et les membres de notre église — mieux nous saurons faire part de la Science Chrétienne.
Le désir de communiquer cette vérité de l’être indique que nous avons perçu quelque peu l’identité spirituelle de l’homme et que cette découverte nous a apporté des bienfaits. La communication n’est jamais exclusive, elle s’applique à des jeunes dans un restaurant McDonald, à des clients du Ritz, à des sans-abri et à des membres de la famille. Elle démontre, dans une certaine mesure, la bénédiction biblique qui conclut les services du dimanche dans les églises de la Science Chrétienne: « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu... » (I Jean).