Commentaire de la rédaction: La lettre jointe à l’article qui suit soulignait l’importance, pour notre époque, du message spirituel dont fait part l’auteur. En voici un extrait: « J’ai écrit cet article après avoir prié au sujet du massacre perpétré à l’Université de Montréal en décembre 1989. Étudiant dans une autre université de la ville, j’avais été profondément affecté par cet événement...
« Des événements d’une telle nature nous demandent de creuser vraiment notre compréhension de Dieu. »
Devant La Violence, les catastrophes naturelles, les situations déprimantes, nous pouvons bien être amenés à nous interroger sur l’existence de Dieu. Combien de fois avons-nous entendu dire avec désespoir: « Si Dieu existe, comment peut-Il permettre tout cela ? »
La tentation est grande d’éviter de penser à toutes ces tragédies. Nous pouvons essayer de dépasser notre sentiment d’horreur en nous absorbant dans les mille et une occupations quotidiennes. Pourtant, nous devrions peut-être ne pas manquer pareille occasion de mieux comprendre le monde et le rôle que Dieu y joue.
Nous ne serons pas les premiers à réfléchir à ces problèmes. Quiconque s’est trouvé victime des circonstances s’est plus ou moins interrogé. Un exemple caractéristique nous en est fourni par Job, dans la Bible. Il avait possédé de grands biens, c’était un homme pieux, à la tête d’une nombreuse famille. En un court laps de temps, à la suite de circonstances diverses, Job a tout perdu: ses richesses, ses enfants, et jusqu’à la santé. Sa femme se fait l’interprète du sentiment de futilité éprouvé par nombre de gens à l’idée de se tourner vers Dieu. Avec le fatalisme de la résignation, elle dit à son mari: « Maudis Dieu, et meurs ! » Job est au désespoir; mais, plutôt que de renoncer à Dieu, il se met à penser à Lui d’une façon plus profonde. Il remet en cause la conception traditionnelle de la volonté divine et la position qu’il occupe par rapport à Dieu.
C’est là précisément ce que, nous aussi, nous devons faire. Si nous tentons d’appréhender ce qui se passe dans le monde au moyen de la raison, nous risquons d’aboutir à deux façons contradictoires de concevoir Dieu.
D’une part, nous pourrions concevoir un Dieu tout-puissant, bien au courant de ce qui se passe, parce que c’est Lui-même qui l’a décrété. Selon ce raisonnement, les catastrophes sont tout simplement pour Lui le moyen de nous punir. Ce serait alors un Dieu fidèle à des principes, mais qui ne saurait pas assez aimer ni pardonner.
D’autre part, nous aurions un Dieu tout aimant mais incapable de maîtriser les maux dont souffre le monde. Il ne serait donc pas tout-puissant. Il pourrait nous réconforter, mais pas nous guérir.
A moins de renoncer à l’un de ces aspects fondamentaux, c’est-à-dire soit la nature toute aimante de Dieu, soit la nature toute-puissante de Dieu, il est difficile de faire cadrer Dieu dans notre monde. Mais peut-être est-ce justement là où réside la difficulté, vouloir « faire cadrer Dieu dans notre monde ».
La Science Chrétienne aborde la question sous un angle différent, en prenant Dieu pour point de départ et en n’essayant même pas de Le faire cadrer dans un contexte matériel. Mary Baker Eddy n’accepte aucun compromis dans sa façon de comprendre Dieu. Dans Science et Santé, elle décrit Dieu comme « Le grand Je suis; Celui qui sait tout, qui voit tout, en qui est toute action, toute sagesse, tout amour, et qui est éternel; Principe; Entendement; Ame; Esprit; Vie; Vérité; Amour; toute substance; intelligence ». Au lieu d’élaborer un concept de Dieu à partir de ce qui se voit dans le monde extérieur, la Science Chrétienne montre comment la bonté infinie de Dieu et Son pouvoir peuvent changer l’idée que nous nous faisons de la vie, en même temps que la façon dont nous l’abordons.
Cette façon de comprendre Dieu ne manque cependant pas de soulever des questions graves. Par exemple, si Dieu voit tout et qu’Il est action, a-t-Il connaissance des catastrophes naturelles et des crimes ? En serait-Il même la cause ? Ce dont Dieu prend conscience, ce qu’Il perçoit, n’est ni mortel ni fondé sur la matière. Il connaît spirituellement Son univers. Cette différence de perception est indiquée dans la Bible lorsque Dieu dit à Samuel: « L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur. » Un monde matériel, régi par les lois de la mortalité, voilà ce que l’humanité s’est accoutumée à accepter pour réalité, « ce qui frappe les yeux ». L’idée généralement reçue est que nous sommes des milliards d’entités distinctes et indépendantes à vivre sur terre. Nous sommes, de ce fait, soumis à des lois de la nature qui sont destructives aussi bien qu’à des tensions sociales qui briment des innocents. Ce n’est pas là la réalité que Dieu perçoit.
Dieu voit Sa création telle qu’Il l’a créée, parfaite, spirituelle, éternelle. Et l’exemple de Christ Jésus montre que cette perfection-là peut aussi devenir la réalité de nos pensées et de notre existence. Le Christ donne à l’homme la conscience de l’harmonie créée par Dieu, harmonie qui est actuelle et qui a le pouvoir de vaincre la violence et la haine. Si l’on envisage les choses d’un point de vue spirituel, Dieu n’est donc pas un être lointain, et pour ainsi dire inaccessible. Il s’agit là d’une vision restreinte de l’univers spirituel de Dieu, qui se présente uniquement lorsque nous essayons de faire cadrer Dieu dans une structure mortelle et matérielle. Par contre, une vision des choses inspirée par le Christ révèle que l’Esprit et la création parfaite de l’Esprit constituent la seule force et la seule réalité dans notre existence.
La prière fournit l’élan initial qui nous permet de rejeter l’apparence matérielle et de percevoir la réalité spirituelle qui conduit à la guérison. Par la prière, nous faisons taire les sens matériels et nous nous ouvrons à ce que Dieu nous révèle sans cesse: Sa création spirituelle. Quand nous prions, nous pouvons considérer les problèmes du monde comme « Dieu considère », c’est-à-dire que nous pouvons regarder « au cœur », à l’essence, de ce qui est réellement en train de se passer: l’activité spirituelle de Dieu. Mary Baker Eddy écrit dans Science et Santé: « La pensée est empruntée à une source plus élevée que la matière, et, inversées, les erreurs servent de poteaux indicateurs guidant vers l’unique Entendement, où toute erreur disparaît dans la Vérité céleste. » Grâce à cette prière sincère, nous pouvons cesser de jouer le rôle de victime. Nous pouvons être guéris des effets de toute catastrophe, d’ordre social ou naturel, et nous pouvons être protégés si nous nous trouvons dans une situation dangereuse.
Quant à Job, dont nous parlions plus haut, que lui arriva-t-il ? Après une lutte qui lui permit de mieux comprendre Dieu, il retrouva la santé et sa prospérité d’antan. Job n’avait pas renoncé à Dieu, si tentant que cela fût. Sa situation se rétablit complètement.
Il y a deux ans, un incident m’a montré que l’homme ne peut jamais être une victime. Un soir d’hiver, en rentrant chez moi à pied par une rue mal éclairée du centre ville, j’ai été attaqué. Au cours de la lutte qui s’ensuivit, je fus jeté à terre. Comme je me débattais pour me libérer, mon chapeau me fut arraché. Je parvins à regagner mon domicile, m’estimant heureux que rien de plus grave ne se soit produit. Mais, lorsque j’eus de nouveau à sortir, un peu plus tard, je me rendis compte qu’il m’était bien arrivé quelque chose de pire: involontairement, je me mettais à mesurer mentalement la distance qui me séparait des autres passants, en veillant à conserver constamment entre nous une distance sûre. Une telle réaction me troubla; jamais jusque-là je n’avais éprouvé une peur aussi vive ni un tel sentiment d’aliénation. Ce soir-là, je priai pour voir davantage la création spirituelle de Dieu, pour surmonter mon anxiété. Je déclarai aussi avec force qu’il ne pouvait y avoir ni contrecoup ni mauvais souvenir, parce que l’Amour divin gouvernait mon cœur. La crainte se calma et, le lendemain matin, je pus marcher dans la rue sans aucune appréhension. Je repassai près de l’endroit où l’attaque avait eu lieu, et j’eus l’agréable surprise de retrouver mon chapeau, déposé avec soin sur une clôture. Cette preuve de ma libération m’apporta beaucoup de joie.
Nous n’avons plus besoin d’essayer de faire cadrer Dieu dans notre existence; réjouissons-nous plutôt d’être une créature spirituelle de Dieu, évoluant dans le cadre qui lui convient. Apprécier davantage la nature spirituelle de Dieu et de l’homme, c’est la meilleure façon d’aborder les difficultés sérieuses de notre époque. Loin d’être un recours réservé aux naïfs ou aux ignorants, la prière faite avec une compréhension approfondie de la nature entièrement spirituelle de Dieu offre un moyen efficace pour guérir les problèmes du monde.
