Une de mes amies a passé son enfance sur les rives du lac de Côme en Italie. Comme la maison de ses parents se trouvait tout au bord de l'eau, elle apprit très tôt à nager. Un jour, une dame qui séjournait chez eux lui proposa d'aller se baigner avec elle. Mais lorsqu'elles se trouvèrent dans la partie la plus profonde du lac, une rafale de vent agita soudain la surface de l'eau, effrayant la petite fille. Celle-ci s'affola et commença à s'enfoncer. La dame qui nageait près d'elle lui cria: « Camilla, pose tes pieds sur le roc ! » Puis elle la rejoignit pour l'aider.
Cette dame, praticienne de la Science Chrétienne, avait employé ce terme de roc comme symbole de la Vérité, car il n'y avait pas de rocher là où se trouvait l'enfant. Quant à la petite fille, qui était aussi Scientiste Chrétienne, elle savait ce que son amie voulait dire, et le fait d'obéir à cet ordre la calma et contribua à la sauver de la noyade.
Mon amie m'a confié qu'elle se rappelle encore le sentiment de la présence de Dieu qui l'avait calmée et soutenue en cet instant critique. Elle me dit qu'à l'heure actuelle, lorsqu'il lui arrive de se troubler ou de s'affoler, elle se souvient toujours de cette recommandation: « Pose tes pieds sur le roc ! » Aussitôt, elle se sent à nouveau soutenue par les solides fondations de la Vérité et elle est reconnaissante pour l'assurance tranquille que cela lui apporte.
Parfois, pour symboliser la force et la solidité de l'Éternel, l'Ancien Testament appelle Dieu « le rocher ». Dans un cantique attribué à Moïse, par exemple, le grand législateur hébreu exhorte ainsi son peuple: « Rendez gloire à notre Dieu ! Il est le rocher; ses œuvres sont parfaites, car toutes ses voies sont justes; c'est un Dieu fidèle et sans iniquité, il est juste et droit. » Deut. 32:3, 4.
Dans la vie, nous recherchons tous la stabilité, l'assurance qu'il existe un fondement sur lequel nous pouvons bâtir sans crainte, même dans un monde où les valeurs humaines semblent toujours fluctuantes, constamment revues et modifiées. Dieu est la sagesse immuable; Sa vérité est toujours constante, comme l'ont montré les enseignements de Christ Jésus.
Jésus a donné à ses disciples un fondement spirituel solide sur lequel ils pourraient construire leur vie. Ses paraboles communiquent ce sentiment de force et de stabilité. Par exemple, il a raconté à ses disciples l'histoire de deux hommes qui avaient bâti leur maison près d'un cours d'eau. L'un avait creusé le sol jusqu'au soubassement rocheux pour asseoir sa demeure sur ce solide fondement. L'autre n'a pas creusé, il a posé des fondations peu profondes sur le sable. Les deux maisons ont été battues par la pluie, les torrents et les vents; la maison bâtie sur le roc a tenu bon, tandis que l'autre, sur le sable, est tombée. Voir Matth. 7:24–27. Jésus a fait l'éloge du zèle manifesté par l'homme qui avait bâti sur le roc. Cette histoire fait ressortir que ceux qui acceptent les enseignements de Jésus et les suivent construisent leur vie sur la certitude du Christ, la Vérité, et non sur les sables mouvants du matérialisme superficiel.
Les enseignements de Christ Jésus reposaient eux-mêmes sur une base. Ils étaient solidement fondés, par exemple, sur la vérité universelle des Dix Commandements. Tel que Jésus l'a enseigné, le christianisme s'appuie sur la sagesse de la loi et des prophètes qui l'ont précédé. Par une brève citation, le Maître a exprimé l'essence du Décalogue, insistant sur son élément primordial, l'amour, qui réalise pleinement la loi dans la vie et les actes des hommes. Il a dit: « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » et: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Matth. 22:37, 39; voir aussi Deut. 6:5 et Lév. 19:18. Il a lui-même rendu cette loi vivante en donnant l'exemple de l'amour.
Ceux qui étudient la Science Chrétienne constatent que le seul fait d'entrevoir Dieu comme la Vérité immuable vécue par Jésus structure leur vie et lui donne un fondement spirituel. Quand on se détourne des sens physiques si peu fiables pour rechercher en Dieu une connaissance exacte de l'univers spirituel qu'Il a créé, un sentiment nouveau de sécurité apparaît dans l'existence humaine.
Grâce à la Science Chrétienne, nous apprenons que Dieu est la seule et unique cause et que la création est Son reflet. Nous découvrons que cause et effet sont régis par le divin Principe infaillible et que l'obéissance à la loi de Dieu nous protège de la maladie et du danger. Mary Baker Eddy nous donne cette explication: « Le fait qu'il y a un seul Dieu, la Vie, une seule cause et un seul effet, est le multum in parvo de la Science Chrétienne; et selon ma compréhension c'est le cœur du christianisme, la religion que Jésus enseigna et démontra. » Écrits divers, p. 25.
Lorsque nous saisissons ce rapport fondamental de cause à effet qui unit Dieu et l'homme, nous découvrons que refléter implique obéir. Comprise ainsi, l'obéissance n'est plus une simple exigence morale, c'est l'expression naturelle de notre amour pour Dieu. Cet amour devient allégeance parce qu'il est inhérent à la nature véritable de l'homme et que l'homme est l'image même, ou reflet, de Dieu. Telle est l'essence des enseignements de Christ Jésus qui en a démontré le caractère pratique par ses tendres œuvres de guérison. L'amour étayait tous ses actes.
Dans le livre d'étude de la Science Chrétienne, au chapitre intitulé « La prière », ce passage nous met au pied du mur: « Aimes-tu “le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée” ? Ce commandement renferme beaucoup, même le renoncement à toute sensation, affection et adoration purement matérielles. C'est là l'Eldorado du christianisme. Ce commandement implique la Science de la Vie, et ne reconnaît que l'autorité divine de l'Esprit, où l'Ame nous gouverne et où il n'y a ni sens matériel ni volonté humaine. » Science et Santé, p. 9.
A première vue, nous pouvons penser que c'est trop demander et que nous ne pourrons jamais obéir à un ordre pareil. Nous constaterons pourtant qu'il nous est demandé là d'abandonner seulement les fausses croyances à la vie dans la matière, avec ses joies et ses souffrances illusoires, pour les remplacer par la réalité permanente de la vie en Dieu, l'Ame. De quelle valeur est le simple matérialisme face à la réalité spirituelle et à la perfection ? Il nous semble parfois avoir encore un long chemin à parcourir pour faire céder complètement le moi mortel et la vie dans la matière, afin d'adopter une base spirituelle plus solide de vie dans l'Esprit. Mais l'effort même que nous faisons dans ce sens nous aide à reconnaître les joies de l'Ame et, peu à peu, à en accepter la réalité; or ces joies sont toujours là pour nous bénir.
Répondant humblement: « Oui, j'aime Dieu ! » à cet ordre du Christ, nous prenons davantage conscience de l'amour de Dieu pour nous. L'Amour divin soutient chacun de nos pas tandis que nous prenons un point d'appui sur le roc de la Vérité. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il nous arrive de rencontrer des tempêtes lorsque soufflent les vents contraires de l'opinion humaine, lorsque doutes et tentations nous assaillent, mais, progressivement, notre existence et nos perspectives subissent un grand changement. La base de pensée matérialiste cède à la perception et à l'acceptation de valeurs spirituelles permanentes. La paix s'installe. Le Christ, la Vérité, est toujours là pour illuminer le chemin.
Notre devoir envers Dieu consiste donc à L'aimer avec une entière dévotion, avec nos facultés spirituelles et avec nos pensées les plus profondes. Nous apprenons alors à mesurer notre amour pour Dieu à l'amour que nous démontrons à l'égard d'autrui. Nous nous efforçons de voir chacun comme nous aimerions qu'il nous voie: dans notre pleine gloire d'enfants de Dieu. Cette attitude constitue une forme essentielle du culte. L'esprit du Christ purifie notre façon de voir et donne une spontanéité et une vitalité nouvelles à notre travail de guérison. Nous découvrons alors, jour après jour, que notre identité spirituelle est en sécurité en Christ et qu'elle est toujours unie à Dieu.
