Pendant de nombreuses années, j’ai vécu en contact très étroit avec ma mère et, quand elle est décédée, pour la première fois de ma vie je me suis trouvée devoir vivre seule. J’avais souvent entendu dire qu’il était difficile d’apprendre à vivre seul. C’était en tout cas une chose qui m’avait toujours semblé impossible. Mais voilà qu’il me fallait relever ce défi. Puis, un jour, une idée me vint à l’esprit, très claire: nous ne sommes pas obligés d’apprendre à vivre seul ! Il nous faut apprendre à vivre d’une façon plus consciente, plus étroite, avec Dieu, notre Père-Mère plein de tendresse et d’amour.
Christ Jésus a dit: « Je ne suis pas seul, car le Père est avec moi » Jean 16:32., et aussi: « Je ne suis pas seul; mais le Père qui m’a envoyé est avec moi. » Jean 8:16. C’est également vrai, d’un point de vue spirituel, pour chacun de nous. La prière que Jésus a enseignée à ses disciples et qui, depuis, constitue un signal lumineux pour l’humanité commence par ces mots: « Notre Père ». Ce n’est pas « mon Père » ou « votre Père », mais notre Père. La « bonne nouvelle » de l’Évangile, c’est que nous sommes tous, sans exception, les fils et les filles de Dieu, créés à Son image, spirituels et non matériels.
Toutefois, croire ne suffit pas. Nous devons prouver cette vérité par nos actes. Nous devons considérer la façon dont Jésus a exprimé sa filiation, voir son dévouement et sa fidélité au bien, penser au désintéressement qu’il a manifesté au service des autres, à ses œuvres de guérison. Il nous a montré comment vivre en enfants de Dieu. Si nous cherchons de plus en plus à suivre l’exemple du Christ, en nous tournant vers Dieu pour en trouver la force, nous prenons graduellement conscience de vivre près de notre Père.
Mais tout cela ne se réalise pas en un instant. Il faut prier, renoncer à soi, être patient, espérer, avoir la foi. Lorsque le chemin est sombre et difficile, il semble parfois que la seule chose que nous soyons capables de faire dans notre détresse profonde, c’est d’appeler Dieu à l’aide. La Bible nous donne cette assurance: « Alors tu appelleras, et l’Éternel répondra; tu crieras, et il dira: Me voici ! » Ésaïe 58:9. Quel réconfort d’entendre ces mots: « Me voici ! » Nos pensées troublées sont alors calmées. Nous sentons que le Père est là, tout près de nous. Il nous aime, nous fortifie, nous donne tout ce qui nous est nécessaire.
Parfois, une petite histoire toute simple nous est utile. Il y a des années, une amie m’a raconté quelque chose qui m’a beaucoup inspirée. Il y avait un vieux paysan qui, tous les jours, à l’heure du déjeuner, se rendait un instant à la petite église du village. Il n’avait pas l’air de prier ni de faire quoi que ce soit. Ayant remarqué ce manège, le pasteur aborda un jour le vieil homme et, au cours de la conversation, il essaya avec tact de découvrir le sens que ces visites quotidiennes avaient pour lui. Le paysan répondit: « Oh, je m’assieds ici, et je Le regarde, et Il me regarde, et nous sommes heureux ensemble. » Cette façon si simple et si naturelle de sentir la présence du Père m’inspira une douce certitude.
Tourner le regard vers Dieu, n’est-ce pas là ce qu’il nous faut toujours faire pour trouver aide et guérison, quelle que soit la situation à laquelle nous devons faire face ? Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy parle, métaphoriquement, des nuages qui cachent le soleil et tendent à en voiler la lumière et la chaleur. Puis elle ajoute: « La terre a peu de lumière ou de joie pour les mortels avant qu’ils apprennent spirituellement ce qu’est la Vie. » Science et Santé, p. 548. Quelle que soit la forme que revêtent ces nuages — chagrin, douleur, solitude, pénurie ou autre — nous devons les affronter et les reconnaître pour ce qu’ils sont: de sombres suggestions qui prétendent s’immiscer entre Dieu et nous, qui prétendent nous séparer de la Vie, la source de notre être. Lorsque nous comprenons que ces nuages sont des mensonges et des illusions, et que nous entretenons la vérité dans notre pensée, la face de Dieu resplendit à travers ces épais nuages. Cette clarté les dispersera pour nous faire ressentir la chaleur de l’amour de notre Père, et Sa présence auprès de nous. Comme l’affirme un cantique bien connu, « Je prends Ta main, sans hésiter, / Et vois crainte et doute s’enfuir » Hymnaire de la Science Chrétienne, n° 138..
Il est essentiel de savoir que Dieu nous « regarde », qu’Il voit et connaît Sa création individuellement. Et que voit-Il ? Son enfant, non un homme matériel, mortel, mais Sa propre ressemblance spirituelle et pure, totalement bonne ainsi qu’Il l’a conçue, toujours avec Lui, recevant tout le bien qu’Il dispense. Nous reposant tranquillement dans la conscience de ces vérités, nous aussi pouvons sentir nettement que nous sommes « heureux ensemble ».
Il est vrai qu’une grande partie de la vie gravite autour des détails futiles du quotidien. Bien souvent, c’est dans ces petites choses qu’une présence manque le plus. Il surgit des moments où certaines tâches semblent difficiles, des moments où il faut faire des projets, des moments où nous aimerions parler avec quelqu’un. Nous pouvons nous surprendre à penser: « Si seulement j’avais quelqu’un pour m’aider à faire ce travail ou pour faire des plans ou pour échanger des idées ! » En fait, la Science Chrétienne ne nous aide pas seulement à résoudre des problèmes majeurs, elle est aussi d’un secours pratique dans tous les détails de la vie quotidienne.
Dans The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, après avoir fait remarquer que nous devions nous détourner des croyances matérielles séculaires au sujet de l’homme pour contempler le Christ, la Vérité, Mary Baker Eddy ajoute: « Alors les anges vous dispenseront la grâce, se chargeront de vos missions et seront vos alliés les plus précieux. » Miscellany, p. 129. Ce passage m’a aidée bien des fois.
En compagnie des anges, les pensées que Dieu nous envoie, nous sommes parfaitement capables de faire les choses. Il se présente alors une idée pertinente qui nous montre comment accomplir une tâche qui nous semblait impossible. Les démarches nécessaires s’opèrent harmonieusement et, si une aide humaine s’avère indispensable, quelqu’un se présente au moment opportun. Puis, quand vient le soir, nous pouvons nous remémorer notre journée avec un profond sentiment de gratitude pour la façon dont se sont manifestées, sous des formes variées, la sage direction et la tendre sollicitude de notre Père-Mère plein d’amour.
Face aux défis de l’existence, dans les moments de chagrin ou de tension, devant les petites tâches de la vie quotidienne, nous pouvons prouver que l’Amour divin est toujours présent et qu’il répondra infailliblement à tous nos besoins humains. Vivre en étant toujours plus conscient d’être tout près de Dieu, c’est se sentir aimé et en sécurité. La présence de Dieu chasse toute crainte, elle apporte la paix et la guérison. Ce n’est jamais « moi tout seul », mais toujours « le Père et moi ».
