Lorsque j’étais enfant, le conte de Hans Christian Andersen, « Le vilain petit canard », me touchait toujours profondément. Aujourd’hui encore, cette histoire m’émeut, parce qu’elle symbolise si bien une bonne part de l’existence humaine.
Ayant souffert tout l’hiver, sans amour et sans amitié, le « petit canard » avait bien peu d’estime pour lui-même. Il n’avait aucune idée de ses origines véritables ni de son héritage. La vue de cygnes migrateurs l’avait rempli d’une étrange émotion.
La venue du printemps produisit en lui une puissante aspiration. Les remarques désobligeantes des autres animaux, ainsi que leurs mauvais traitements, avaient conduit le petit canard à croire qu’il n’aurait jamais dû naître et ne méritait pas le bonheur. Profondément malheureux, il quitta les landes sauvages où il avait passé l’hiver dans la solitude et alla se poser dans l’étang d’un grand jardin.
Là, sur l’eau, trois cygnes magnifiques nageaient avec grâce. Le petit canard pensa que, du fait de sa grande laideur, il allait encore une fois se faire rejeter. Aussi s’inclina-t-il humblement.
En se penchant, il vit son image dans l’eau. La beauté innée de l’oiseau s’était révélée. Ce n’était pas un vilain petit canard; c’était un cygne !
Pendant bien des générations, l’humanité a cherché à comprendre la nature et l’origine de l’homme. A quoi devons-nous l’existence ? A un accident ou à un plan ? Sommes-nous un miracle biologique, une merveille d’organisation moléculaire, ou bien sommes-nous guidés par une cause et un but spirituels ?
Si étonnant que cela puisse paraître, depuis près de deux mille ans, la vérité concernant l’identité de l’homme est offerte au monde. Christ Jésus vécut, énonça et démontra cette vérité, mais comme l’entendement humain est hypnotisé par sa conception « vilain petit canard » de l’homme (sa croyance que l’homme est un mélange d’entendement et de matière), le monde ne comprend encore que partiellement le message de Jésus.
Christ Jésus n’hésitait pas un seul instant à nier que la matière soit la base de la vie ou de l’homme. Il dit un jour: « C’est l’esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. » Jean 6:63. Une autre fois, il dit: « Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. » Jean 4:24. Dieu est l’Esprit, la Vérité, la Vie et l’Amour. Commençant à comprendre l’unicité et la totalité puissantes de Dieu, l’Entendement créateur, nous ne pouvons manquer de conclure que l’enfant de l’Esprit, de l’Entendement, n’est pas matériel.
Si l’homme n’est pas matériel, qu’est-ce qu’il est ? L’homme est spirituel, créé pour refléter et exprimer l’Amour divin dans toute sa beauté, sa grâce et son harmonie. Lorsque nous nous inclinons devant ce fait, avec humilité et gratitude, nous voyons ce que nous sommes réellement. Nous voyons que nous ne sommes pas mortels; nous sommes immortels.
Voilà le fait spirituel que présente la Science Chrétienne. En décrivant l’homme dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy écrit: « L’homme n’est pas matière; il n’est pas composé de cerveau, de sang, d’os et d’autres éléments matériels. » Le paragraphe se poursuit ainsi: « L’homme est idée, l’image, de l’Amour; il n’est pas physique. » Science et Santé, p. 475.
En lisant la Bible à la lumière de cet énoncé, nous voyons à maintes reprises se dessiner cette compréhension de l’homme.
Le Psalmiste proclama le statut unique et privilégié de l’homme: « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ? Et le fils de l’homme, pour que tu prennes garde à lui ? Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, et tu l’as couronné de gloire et de magnificence. Tu lui as donné la domination sur les œuvres de tes mains, tu as tout mis sous ses pieds. » Ps. 8:5–7. Dans le Nouveau Testament, Paul mit en garde les Éphésiens contre l'acceptation d’une conception charnelle de l’homme. Il leur rappela ceci: « C’est en [Jésus] que vous avez été instruits à vous dépouiller, eu égard à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence, et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité. » Éph. 4:21–24.
La fonction naturelle de chacun de nous est donc de refléter Dieu, de rayonner et de magnifier Sa gloire. Christ Jésus, notre Guide, définit clairement notre mission et notre devoir d’enfants de Dieu: « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » Matth. 5:48. Exprimer consciemment et consciencieusement la bonté de l’Amour divin nous rend capables de comprendre et de gagner notre héritage spirituel. Mais nous devons reconnaître cet héritage, le comprendre et en faire notre style de vie naturel.
La nature de ce travail de toute une vie est décrite dans un des commentaires de Mary Baker Eddy sur des versets bibliques. A propos du passage de Jean 1:12, 13, elle écrit: « Renoncer de soi-même à tout ce qui constitue un soi-disant homme matériel, et reconnaître son identité spirituelle en tant qu’enfant de Dieu et y atteindre, c’est la Science qui ouvre les écluses mêmes du ciel, d’où le bien afflue dans toutes les voies de l'être, purifiant les mortels de toute souillure, détruisant toute souffrance et démontrant l’image et la ressemblance véritables. Il n’existe sous le ciel aucun autre moyen par lequel nous puissions être sauvés, et par lequel l’homme puisse être revêtu de puissance, de majesté et d’immortalité. » Écrits divers, p. 185.
Le concept humain de l’homme relègue l’expression spirituelle de Dieu au niveau de la matérialité, décrivant l’homme sujet à la maladie, au péché et à la mort. Si nous conformons notre vie à ce concept erroné et limité de l’homme, nous adoptons le point de vue du vilain petit canard; nous nous absorbons dans l’égocentrisme et l’apitoiement sur soi. Nous nous sentons menacés par le hasard, l’incertitude, le danger. Nous n’avons d’autre espoir que de dépendre du matérialisme impitoyable qui nous entoure, et tout voisin semble un rival ou un ennemi potentiel.
Cette vision de l’homme n’a pas sa source en Dieu. Si on lui oppose un sentiment croissant de la sollicitude et de l’autorité pleines d’amour de l’Entendement divin pour sa création, ce faux concept se détruit. Lorsque nous entrevoyons la vérité de nos droits inaliénables — vérité décrétée par le divin Créateur — nous exprimons de plus en plus notre grâce et notre beauté innées.
Bien que l’homme spirituel soit la représentation complète de l’être de Dieu, nous n’acquérons la compréhension nécessaire de ce fait merveilleux qu’en prenant conscience de notre dépendance absolue à l’égard de l’Entendement divin, l’Amour divin. Cette prise de conscience engendre l’humilité, le respect, l’amour et une gratitude sincère envers Dieu, ainsi que de l’amour pour notre prochain.
L’amour et la gratitude grandissent dans le cœur de tous ceux qui sont éveillés et régénérés au doux contact de la Vérité et de l’Amour.
Comme chacune des idées de Dieu est belle ! Chacune est, sans exception, l’image de l’Amour. En réalité, les idées de Dieu ne peuvent être divisées en vilains petits canards et en cygnes superbes. Ces divisions sont de fausses conceptions humaines. Dans le royaume de Dieu, il n’y a que des reflets de la perfection de l’Entendement divin, maintenant et à toujours.
