Extrait du New York Times du 7 décembre 1987
« Les Irlandais s’entretuent si souvent dans cette province déchirée (l’Irlande du Nord), qu’il est peu courant de voir le sacrifice d’une vie innocente faire réfléchir les hommes sur la possibilité de démêler cet enchevêtrement compliqué d’actes inspirés par la vengeance et la rancune.
« Bien peu de gens se hasardent à trancher sur ce sujet, mais on se pose de plus en plus la question à Belfast, à Dublin et à Londres, depuis l’explosion de la bombe qui a tué onze civils ici [à Enniskillen], le 8 novembre. Parmi les victimes, figurait une élève infirmière de vingt ans, Marie Wilson, qui a été mortellement blessée, écrasée sous les décombres du mur où l’Armée républicaine irlandaise avait caché des explosifs puissants pour profaner une cérémonie commémorative...
« “Je n’en veux à personne”, confia son père, qui a stupéfié bien des gens en Grande-Bretagne, pendant les premières heures de colère qui suivirent l’explosion, en disant que sa réaction à la mort de sa fille avait été de prier pour ses meurtriers...
« Pour M. Wilson, il était déplacé de vouloir discuter de l’aspect politique de la tragédie et d’essayer d’inscrire son enfant dans la longue liste des provocations et des représailles qui entretiennent le conflit en Irlande. “Les dernières paroles de Marie ont été des paroles de vie”, a-t-il dit, en prononçant le nom de sa fille avec l’intonation chantante des Irlandais. “Ce serait pour moi trahir sa mémoire que d’avoir aux lèvres des paroles de haine.
« “Mais je vais vous dire une chose”, a-t-il ajouté. “Une femme que je qualifierais de protestante pure et dure est venue me voir en sanglotant, après la mort de Marie, pour me dire que la tragédie avait adouci ses sentiments.”
« “Ça, au moins, c’est une bonne chose, a dit le père... ça, c’est une bonne chose.” »
Copyright © 1987, par The New York Times Company
Reproduit avec la permission du journal
Commentaire de la rédaction: Parfois, au cœur des tragédies humaines les plus cruelles, perce un rayon de lumière, et certaines idées font leur chemin. « Cet enchevêtrement compliqué d’actes inspirés par la vengeance et la rancune » n’est pas forcément inextricable. Il existe une voie menant à la paix et, comme le père de Marie, nous pouvons tous prier pour la trouver.
L’Amour divin est un guérisseur, non un justicier.
