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Le pardon, une exigence chrétienne

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mars 1989


Vous est-il déjà arrivé de vouloir pardonner, mais d’avoir l’impression que cela vous est impossible ? Traîner derrière soi un fardeau de colère et de ressentiment est une épreuve pour n’importe qui, mais, pour un chrétien, c’est franchement pénible. Pourquoi ? Parce que le Maître, Christ Jésus, attachait une grande importance au pardon. Le dix-huitième chapitre de l’Évangile de Matthieu nous rapporte une conversation qu’il eut avec Pierre. Celui-ci lui avait demandé: « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? » La réponse de Jésus indique la nature inconditionnelle du pardon qu’il préconisait: « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois. » Matth. 18:21, 22.

La découverte de la nécessité de pardonner — chose qui arrive à tout le monde de temps à autre — débute au fond du cœur, lorsque nous acceptons d’abandonner le ressentiment que nous entretenions à l’égard de quelqu’un. Mais cela exige une abnégation de soi qui n’est possible que si l’on s’appuie sur le pouvoir de Dieu, de l’Amour.

La réponse de Jésus à la question de Pierre ne facilite pas les choses pour un chrétien consciencieux qui se sent incapable de pardonner. En effet, le conseil du Maître indique de façon manifeste que le pardon est plus qu’une recommandation: cela fait partie intégrante du caractère du disciple. Toutefois, quand une attitude, une parole, vous a blessé profondément ou qu’elle choque votre sens de la justice et du savoir-vivre, le pardon peut sembler presque impossible. C’est à des moments comme cela que le chrétien peut toucher le fond de l’humilité. S’adressant à Dieu en prière, pour que Dieu lui montre comment pardonner et lui donne la force de le faire, il saisit l’esprit même du caractère chrétien. Par la grâce divine, sa prière est alors exaucée.

Fort heureusement, personne n’est tenu de trouver en lui seul le pouvoir de pardonner. Cette aptitude vient directement de Dieu. Toute expression humaine d’affection, de compassion et de pardon véritables a son origine en Dieu et tire son autorité de Lui, parce que Dieu est l’Amour. C’est le pouvoir de Dieu qui permit à Jésus de pardonner, même dans la situation la plus critique et la plus douloureuse. Le chrétien d’aujourd’hui peut puiser du courage dans ce fait, puisque ce Dieu qui a fortifié Christ Jésus est toujours présent pour donner de la force à chacun de nous, dans toute la mesure requise par les circonstances. Cela fait partie de l’héritage annoncé par Jésus à ses disciples, lorsqu’il a promis: « Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père. » Jean 14:12.

Lorsqu’il semble impossible de pardonner, il serait bon de se demander par où commencer. Si on se voit comme un mortel auquel un autre mortel aurait nuit et qu’on s’efforce ensuite d’une manière ou d’une autre d’aimer cet autre mortel, c’est un départ bien incertain. Mais si on commence par reconnaître la perfection de Dieu et de l’homme à Son image, par admettre la totalité de l’Amour divin, son omniprésence et son omnipotence, on part d’une base solide. On ne pourra jamais prendre un méchant « à l’extérieur », pour le faire entrer dans le royaume de l’Amour infini, car, si l’Amour est Tout, il ne peut y avoir d’extérieur. On doit au contraire reconnaître que le royaume de l’Amour est déjà complet, présent, et qu’il englobe effectivement tous les hommes, y compris ceux que le monde appellerait l’offenseur et l’offensé.

A proprement parler, le pardon est un phénomène qui appartient au domaine humain. Dans l’Amour, seules existent l’harmonie et la perfection, et donc rien qui soit à pardonner. Cette vérité absolue, cependant, n’est comprise et démontrée qu’en partie pour l’instant. Il nous arrive à tous, de temps à autre, de ne pas réussir à vivre selon les idéaux élevés d’un christianisme véritable; c’est ainsi que nous devons parfois pardonner ou nous faire pardonner. Dans un cas comme dans l’autre, il faut parvenir à une compréhension plus profonde de l’Amour divin infini. A mesure que nous contemplons la présence douce et pourtant prévalente de cet Amour, toutes les ombres qui pouvaient s’attarder dans la mémoire s’estompent ou se transforment. Dans Écrits divers, Mary Baker Eddy explique la chose suivante: « Lorsque la pensée demeure en Dieu — et elle ne devrait pas, pour notre conscience, demeurer ailleurs — on doit faire du bien à ceux dont on garde le souvenir, qu’ils soient amis ou ennemis, et chacun doit avoir part au bienfait de ce rayonnement. Cette félicité et cette bénédiction individuelles ne viennent pas tant de l’amour individuel que de l’amour universel: elles émettent la lumière parce qu’elles la réfléchissent; et tous ceux qui sont réceptifs y ont également part. » Écrits divers, p. 290.

Il n’est jamais juste de souffrir des actions ou des erreurs d’autrui, ce n’est jamais la volonté de Dieu, même s’il s’agit de personnes très proches, dans notre cœur ou dans l’espace. Produit par le pouvoir de l’Amour divin et fondé sur une reconnaissance honnête de l’identité spirituelle de toutes les personnes concernées, le pardon peut briser l’emprise des blessures d’amour-propre et du ressentiment sur la conscience individuelle. Nous sommes alors capables de nous en remettre à Dieu pour le dénouement de la situation ainsi que pour la correction du caractère.

Il n’est jamais demandé aux chrétiens d’aimer l’iniquité. D’ailleurs, lorsqu’il parle du Fils de Dieu, l’auteur de l’épître aux Hébreux dit: « Tu as aimé la justice, et tu as haï l’iniquité. » Hébr. 1:9. Une condamnation du mal est absolument essentielle à la croissance et au progrès spirituels. Mais il ne faut jamais confondre une pensée ou un acte mauvais avec l’individualité spirituelle véritable d’un être. Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy établit clairement la distinction: « Le mal n’a pas de réalité. Ce n’est ni une personne, ni un lieu, ni une chose, mais simplement une croyance, une illusion du sens matériel. » Science et Santé, p. 71. Celui qui a mal agi est tout autant la victime de l’illusion du mal que celui qui souffre de cet acte. L’un comme l’autre peut trouver sa libération dans l’Amour divin.

En pardonnant, nous nous libérons, dans une certaine mesure, des pressions et des limites de la mortalité et nous ôtons les barrières — les « pailles et poutres » (voir Matth. 7:3–5) — qui tendent à nous empêcher d’observer le bien en nous-même et chez les autres. Mais il est important d’apprendre que le repentir d’avoir mal agi, bien que nécessaire, ne peut être introduit de force ni chez les autres ni en nous-même. Déterminer la façon dont le repentir devrait se manifester est une assertion de volonté humaine plutôt qu’une reconnaissance de la volonté de Dieu, et la confiance dans cette volonté. C’est avec Dieu et par Lui que chacun peut se repentir et se réformer — de la manière et au moment choisis par Dieu.

Le stratagème le plus subtil du mal illusoire est peut-être de garder la pensée fixée sur elle-même, sur ses cycles apparents de blessures et d’injustice. En fait, toutes les offenses commises par l’humanité ou contre elle s’inscrivent dans un tableau plus général. Ce sont toujours les mêmes mensonges impersonnels de base sur la création spirituelle, à savoir qu’il existe de nombreux entendements, de nombreuses façons de voir les choses, de nombreux intérêts en conflit; que le mal possède un pouvoir qui peut se mesurer au bien et que le mal n’a pas seulement l’apparence de la réalité, mais qu’il est réel. Pour renverser des mensonges aussi grossiers, il faut faire appel à la vérité spirituelle. Reconnaissant et assimilant par la prière l’unicité et la totalité de l’Amour infini, nous revendiquons la vérité pour nous-même en particulier; mais, puisque l’Amour est infini, nous revendiquons forcément aussi ce fait spirituel pour tout le genre humain. Une prière qui a cet objectif et cette universalité bénit le monde.

Il peut être parfois nécessaire de défendre vigoureusement notre pensée contre les assauts agressifs de la colère, de l’amertume et du chagrin, contre la prétention que l’illusion du mal est réelle. Mais même si nous sommes en pleine tourmente, nous pouvons continuer à affirmer notre identité véritable et savoir que nous ne sommes pas du tout de faibles êtres humains, mais des expressions spirituelles de cet Amour divin infini qui embrasse tous les hommes sans exception. Finalement, à mesure que nous accueillons l’Amour dans notre pensée et que nous l’exprimons dans notre vie, il devient possible d’aimer vraiment ceux qui semblaient indignes d’amour.

Une patience inlassable donne plus de cohérence à notre façon de percevoir spirituellement et d’aimer. C’est l’amour que Christ Jésus préconisait et dont il montrait l’exemple. C’est un amour qui reflète l’Amour, Dieu. Et c’est l’amour qui seul peut répondre à l’exigence chrétienne du pardon.

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