C’était l’hiver. Ma mère, mon père, les jumeaux et moi étions allés pour le week-end dans notre maison de vacances au bord de la mer. Nous avions passé presque la journée entière, tout encapuchonnés, à jouer sous la pluie sur la grande plage de sable. Puis nous nous étions blottis autour de la cheminée pour nous réchauffer avant d’aller nous coucher. Tard ce soir-là, le téléphone sonna. Cela me réveilla et j’entendis mon père répondre. Il ne dit pas grandchose, mais après avoir raccroché, il vint vers moi. Il s’assit et me dit que Bon-papa était mort.
Tout d’abord, j’ai pleuré. Bon-papa était mon arrièregrand-père et je l’aimais beaucoup, et je ne voulais pas qu’il parte. Puis je regardai le coin de la cabane où il s’asseyait toujours, l’été, quand il vivait ici. Je me mis à me rappeler les belles choses qu’il m’avait apprises.
« Va me chercher l’almanach », ordonnait-il. « Dis-moi donc quel est le plus haut sommet du monde. »
« Le mont Everest. »
« Le plus grand désert ? »
« Le Sahara. »
« Le plus petit continent ? » demandait-il.
« L’Australie », répondais-je.
Je me rappelle qu’il m’avait appris le nom des capitales de tous les États des États-Unis un été, juste avant qu’on les étudie en classe. Je me souviens des histoires qu’il m’avait racontées sur ses voyages à travers le pays quand il était jeune, les naufrages sur la plage, les ours sur les dunes de sable, et je me souviens aussi du jour où il m’avait appris à jouer « Oh ! Susanna » sur l’harmonica.
Alors j’ai pensé à ce qu’est le bien. J’ai pensé au bien qu’il y a dans toute amitié, et que ce bien ne peut jamais se perdre, même si nous ne pouvons pas revoir cette personne. J’avais appris à l’École du Dimanche de la Science Chrétienne que tout ce qui est bien ne peut venir que de Dieu. Et si cela vient de Dieu, c’est éternel. Cela veut dire que le bien n’a ni commencement ni fin. J’ai alors pensé: « Bon-papa ne s’arrête pas pour moi maintenant. Peut-être que je ne peux pas l’appeler au téléphone et lui parler, mais je peux garder tout ce bien et faire part à mes amis de ce que Bon-papa m’a appris. Il aimait tant les gens ! Et tout cet amour ne peut se perdre, parce que l’amour vient de Dieu, qui est toujours avec nous. »
La mort, c’est croire que la vie et la bonté peuvent commencer et finir, qu’elles sont dans la matière. La bonté vient de Dieu et elle ne peut jamais prendre fin, car Dieu ne s’arrête ni ne commence jamais. Il est toujours là, tout simplement.
Alors je me suis rappelé la Prière du Seigneur, que Christ Jésus nous a donnée dans le Sermon sur la montagne. A un endroit, cette prière dit: « Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin. » Matth. 6:13. Dans Science et Santé, où elle donne le sens spirituel de la prière, Mary Baker Eddy écrit: « Et Dieu ne nous induit pas en tentation, mais nous délivre du péché, de la maladie et de la mort. » Science et Santé, p. 17. Je savais que je ne pouvais pas être tentée de croire que tout l’amour que Bon-papa avait donné, ressenti et vécu pouvait mourir. C’était impossible. Et à chaque fois que je pensais à Bon-papa, cela me faisait encore chaud au cœur. Donc mon amour pour lui ne pouvait pas mourir non plus.
Et voilà le dernier verset de la Prière du Seigneur: « Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. » Matth. 6:13. Et Science et Santé dit: « Car Dieu est infini, tout pouvoir, toute Vie, toute Vérité, tout Amour, au-dessus de tout, et Tout. » Science et Santé, p. 17.
Puisque Dieu nous a tous faits à Son image et à Sa ressemblance, nous ne pouvons jamais être séparés de la Vie éternelle et de l’amour de Dieu. C’est vrai pour Bon-papa, et pour moi aussi.
