Il y avait récemment, dans The Christian Science Monitor, la photographie d'un soldat qui avait trouvé un instant de tranquillité pour jouer avec son jeune fils. Cela rappelait, d'une façon émouvante, qu'il est bien plus naturel pour un père d'avoir son enfant dans les bras qu'un fusil à la main.
Nous avons le droit d'aimer. Des faits comme le précédent nous le laissent entrevoir. Ce droit nous est conféré par Dieu. En comprenant que Dieu est l'Amour même, ainsi que l'affirme la Bible, et en étant conscients du rapport qui existe entre Dieu et l'homme, nous percevons que ce droit est inaliénable. Il nous permet d'exprimer l'amour et de le voir s'exprimer autour de nous.
On est, hélas, constamment incité à croire qu'on peut mésuser de l'amour, le retirer ou, pire encore, le négliger de son plein gré. N'est-on pas souvent tenté de penser que son chef est tyrannique, que son conjoint est indifférent, que tous ces chauffeurs sur les routes encombrées sont naturellement odieux ? A première vue, ce peut bien sembler être le cas. Mais le fait demeure que Dieu a créé l'homme pour aimer. C'est notre don le plus sublime.
Qu'est-ce qui paraît donc nous le dissimuler ? Serait-ce l'hypothèse que l'amour est soumis aux variations de la nature humaine et que l'homme, lui-même, n'est qu'une pauvre victime, soumise à toutes sortes de facteurs qui l'empêchent d'aimer ? Mais l'homme est infiniment plus que cela, parce qu'il est l'effet même de Dieu. C'est ainsi que se définit la véritable nature de chacun de nous, même si elle semble parfois bien loin de la réalité.
Cela revient à dire que notre pouvoir d'aimer n'est en rien le résultat des circonstances humaines, du conditionnement ou de l'éducation. Ce que nous connaissons et exprimons véritablement de l'amour nous est donné par Dieu. « Vous avez vous-mêmes appris de Dieu à vous aimer les uns les autres » I Thess. 4:9., a dit saint Paul, paroles qui soulignent que l'homme, tel que Dieu l'a créé, est l'image de l'Amour même.
Pour le prouver, il ne faut pas feindre d'ignorer ce qui semble poser problème, mais l'examiner d'un regard neuf. Il faut apprendre de Dieu comment, par Son pouvoir, l'amour s'exprime là où nous sommes, puisque Dieu, l'Amour, remplit tout l'espace. Et même s'il faut nous montrer persistants, nous pouvons toujours prouver, au moins dans une certaine mesure, que ce que Dieu nous dit est vrai.
Mary Baker Eddy tient le raisonnement suivant: « Puisque Dieu est l'Amour et qu'Il est infini, pourquoi faut-il que les mortels imaginent une loi, posent une question, énoncent une doctrine ou méditent sur l'existence d'une chose qui est l'opposé exact de l'Amour infini et sur la manifestation de cette chose ? » Message to The Mother Church for 1902, p. 5. Elle nous met ensuite devant l'évidence par cette question: « Est-il nécessaire de dire que la ressemblance de Dieu, l'Esprit, est spirituelle, et que la ressemblance de l'Amour est pourvue d'une nature aimante ? » Ibid., p. 8. Comprendre cela nous confère la faculté de nous libérer de la haine trompeuse.
Lorsque j'étais à l'université, j'eus un travail à faire qui me demandait de visiter une cathédrale célèbre. J'étais montée sur une tour d'observation pour obtenir une meilleure vue d'ensemble de l'édifice. Parvenue au sommet, je me rendis compte que j'avais été suivie par deux hommes qui bloquaient la descente. Le ton de leurs voix n'était pas rassurant, et je fis appel à Dieu de toutes mes forces. Au bout d'un moment, l'un des deux individus me demanda brusquement: « Est-ce que tu m'aimes ? » Il me vint une réponse qui, j'en étais consciente, m'était inspirée par Dieu. (J'ai compris depuis lors que les mots prononcés étaient la manifestation de la présence de l'Amour divin, qui, sans conditions, nous entoure tous de Sa tendresse.) « Bien sûr que je vous aime », répondis-je. « Ne sommes-nous pas censés aimer tout le monde ? » D'une voix plus calme, l'homme répondit « oui », et il s'en alla sans me faire de mal.
Nous ne sommes jamais privés de l'occasion ni de la capacité d'aimer. Quand les épreuves de la vie nous incitent fortement à croire le contraire, nous pouvons, en nous tournant vers Dieu avec un cœur humble et fervent, prouver que la véritable identité de l'homme exprime naturellement l'amour. C'est ainsi que Dieu nous crée. Christ Jésus a fait cette recommandation accompagnée d'une promesse: « Aimez vos ennemis... afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux. » Matth. 5:44, 45.
