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Que faut-il faire pour vaincre les préjugés ?

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de janvier 1988


Il semble parfois que les différences qui enrichissent notre monde constituent aussi la mèche qui permet aux préjugés raciaux, religieux, économiques et politiques de s'enflammer. Si chacun étouffait ces feux dans son propre cœur, resterait-il encore quelque chose pour alimenter les conflits, resterait-il quelque chose pour ruiner les efforts qui sont déployés en faveur de la paix mondiale ? Mais que faut-il faire pour vaincre les préjugés ? C'est la question que le Héraut a posée à un certain nombre de Scientistes Chrétiens qui ont dû faire face, dans leur vie, à des préjugés. Ces six personnes font partie des quelque 2500 étudiants et professeurs d'université qui ont participé à une réunion tenue à Boston au cours de l'été de 1986 sous les auspices de La Première Église du Christ, Scientiste, à Boston, Massachusetts. Le thème de cette réunion était: « La spiritualité individuelle et l'avenir de l'humanité ». Trois des personnes interrogées sont des enseignants, les trois autres sont des étudiants. Ce qui suit reprend certaines des idées les plus marquantes de cette discussion.

(Nigeria): J'ai fait face à toutes sortes de préjugés, surtout raciaux, en gardant à l'esprit le passage de la Bible qui dit: « N'avons-nous pas tous un seul père ? N'est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? » Mal. 2:10. Je réfléchis à ce passage et ensuite je vois vraiment que les gens ne sont pas d'une autre race, d'un autre endroit, d'une autre religion, mais qu'ils sont des idées spirituelles de Dieu.

(Afrique du Sud): J'aimerais à ce sujet vous parler de ce qui vient de m'arriver pendant mon séjour à Boston. J'ai participé à des discussions avec certaines rédacteurs du Christian Science Monitor ; il y avait d'autres Sud-Africains également. Et on s'accordait à penser que la situation en Afrique du Sud est très différente de ce qu'elle est en Amérique. Mais en sortant de l'exposition sur la Bible « Une lumière sur mon sentier » est une exposition qui, au moyen de divers procédés audio-visuels, retrace le thème de la lumière spirituelle tout au long de la Bible. Cette exposition est offerte au public par La Première Église du Christ, Scientiste, à Boston, Massachussetts, aux États-Unis., j'ai vu tout un groupe d'enfants, noirs et blancs, qui jouaient dans la fontaine et j'ai subitement compris, dans un moment d'inspiration, que les enfants qui jouent dans les fontaines de mon pays, ce sont les mêmes. J'ai compris que nous sommes tous « enfants de la lumière » I Thess. 5:5., que nous n'avons tous qu'un seul Père.

(Nigeria): Je trouve que dans mon pays, on attache trop d'importance aux caractères ethniques et c'est pourquoi nous n'avons pas d'unité. Au Nigeria, les groupes ethniques se reconnaissent à certains traits particuliers. Mais en ce qui me concerne, je ne ressemble à aucun groupe ethnique. D'une certaine manière, j'incarne toutes les caractéristiques ethniques du Nigeria. Beaucoup de gens insistent pour savoir à quelle tribu j'appartiens, et ils sont surpris lorsque je le leur dis, parce qu'ils savent que je ne me comporte pas comme ceux qui viennent de cette région et que je traite tout le monde de la même façon. Cela s'explique par le fait qu'en tant que Scientiste Chrétien, je perçois que tous les hommes font un, et cela influence mes pensées et mes actes dans mes rapports avec autrui. Dieu est vraiment mon soutien dans cette déclaration de la vérité.

(États-Unis): Cela me rappelle ce que j'ai vécu avec ma famille lorsque nous sommes allés habiter au Japon. C'était la première fois que nous allions sur un autre continent. Toute ma vie, j'avais fait partie de la culture dominante. Pour la première fois, nous nous retrouvions dans la minorité.

Je mesure un mètre soixante-dix et je dépassais d'une tête presque toute la population du Japon, les hommes comme les femmes. Après une journée passée en ville, il m'arrivait de rentrer en disant que j'étais trop grande. Dans le train, je voyais partout de magnifiques cheveux noirs et brillants, et je rentrais alors en disant que mes cheveux étaient trop frisés. Et bientôt, j'en vins à penser: « Je suis affreuse, je ne me plais pas du tout. »

Nous avons discuté de ce problème, sur le plan familial et en tant que Scientistes Chrétiens. Il nous fallait comprendre plus clairement que les attributs physiques que nous voyons autour de nous ne définissent pas l'homme de Dieu; les qualités divines nous disent que nous sommes beaux. Au début, il était pénible d'être considéré comme inacceptable. Mais nous avons pu y travailler, jusqu'au jour où nous n'avons plus été troublés par ce sentiment de « différence » qui est à la racine de tous les préjugés. La guérison détruisit le mur qui s'élevait du fait de différences de religion, de sexe, d'âge, de classe sociale ou de langue. Cette « différence » est détruite par le Christ.

(Nigeria): On peut faire partie d'un groupe et se trouver quand même dans une situation où on se sent tout seul. C'est ce qui m'est arrivé lorsque je suis rentré au Nigeria après avoir passé deux ans en Grande-Bretagne. J'étais revenu avec des idées pour mon pays que je considérais brillantes, pour découvrir, hélas, que mes étudiants et mes collègues d'université n'acceptaient pas du tout ces idées.

A cette époque-là, je ne connaissais pas la Science Chrétienne. Depuis un an, environ, je gardais mes distances par rapport à tout concept religieux, parce que je n'avais pas été satisfait de ce que je connaissais. Il me fallait prendre une décision: est-ce que je devais continuer à accepter Jésus-Christ comme mon Sauveur personnel, sans avoir aucune base me permettant de comprendre pourquoi je faisais ce que je faisais ? Je m'isolais donc. Cela m'amena à avoir beaucoup d'idées préconçues sur de nombreux Nigérians, et les Nigérians commencèrent à ressentir la même chose à mon égard.

Je ne savais pas du tout qu'autour de moi les gens m'aimaient; je croyais qu'ils me haïssaient tous, et c'est ce que j'avais déjà rencontré en tant que noir dans une université britannique. Là-bas, je l'avais accepté, mais au Nigeria, ce n'était plus possible.

Finalement, j'ai trouvé la Science Chrétienne. Et c'est à ce moment-là que j'ai pu me voir non comme supérieur aux autres, mais disposé à abandonner un peu de ma fierté personnelle, cette fierté qui m'avait éloigné d'eux.

Je peux vous dire qu'il fallut plus d'un an pour que mes élèves acceptent mes idées. Ce fut un supplice mental pour moi, mais je continuai de prier. Je compris ce que saint Paul dit: « Il n'y a aucune différence, en effet, entre le Juif et le Grec. » Rom. 10:12. Je compris que les préjugés viennent de ce que l'on se croit supérieur aux autres, et lorsqu'on est capable d'effacer cela, on sait qu'on a un facteur commun.

Emmanuel: Dans mon université, il y a des gens qui prêchent que certains sont les enfants de Dieu alors que les autres ne le sont pas.

(originaire d'Irlande du Nord): On m'a fait remarquer dernièrement que, dans le problème irlandais, il y a, aux deux extrêmes de ceux qui se battent, des gens qui partagent ce point de vue — que certains ne sont pas les enfants de Dieu.

Nancy: Mais est-ce là tout le problème ? N'y a-t-il pas aussi un conflit économique entre riches et pauvres ?

Paul: C'est devenu surtout un problème politico-économique.

Emmanuel: Mais le moyen de guérir ces points de vue contradictoires, c'est de dépasser le problème religieux et de contempler le véritable homme parfait que crée Dieu.

Paul: Il est sûr que le plus grand préjugé, c'est celui de considérer que l'homme est un pécheur. Et puis, il y a aussi les préjugés qui s'y rattachent: les préjugés qui viennent de ce que l'on se fait des dieux d'un système philosophique ou économique.

L'animateur: Il est donc nécessaire de remettre en cause le concept fondamental de ce qu'est l'homme, non ?

Paul: Et de ce qu'est Dieu. Une compréhension correcte de Dieu ne nous mènerait pas à un culte matérialiste ni à l'invention de dieux différents de l'unique Dieu. Et une connaissance correcte de ce qu'est l'homme ne nous conduirait pas à croire qu'il est pécheur.

L'animateur: Mais qu'est-ce que cela veut dire, voir l'homme parfait, porter ses regards au-delà de l'homme pécheur, des conflits, des violences ?

Emmanuel: C'est une façon de dire que nous devons cesser de dépendre des cinq sens physiques qui nous trompent sur la nature de l'homme. Mais nous ne nous contentons pas de nier le mal. Nous le démasquons et nous le détruisons. Il n'a aucun pouvoir, bien qu'il prétende en avoir. Nous devons le démasquer: nous devons le voir sous sa forme insidieuse, et c'est alors que nous nous repentons. Nous nettoyons notre pensée des croyances superstitieuses.

Eric: C'est quelque chose que chacun de nous, individuellement, doit corriger dans sa pensée. Nous devons voir notre prochain en tant que création parfaite de Dieu et nous devons nous aimer les uns les autres comme nous nous aimons nous-mêmes: nous devons vraiment voir la création de Dieu en chaque être. Cette purification de notre pensée bénira tous ceux qui nous entourent. Plus nous parvenons à améliorer notre compréhension de notre propre spiritualité, plus le nombre des gens que nous pouvons bénir sera important, et c'est comme cela que nous pouvons nous tourner vers les autres.

Nancy: Il ne faut pas oublier que nous incluons le monde dans notre conscience. Et c'est le seul moyen pour que la prière ait de l'effet. Il ne faut pas penser que tous ces problèmes concernent différents pays bien éloignés, et que nous sommes tout petits, assis là à essayer de prier pour eux et à nous demander si cela va apporter quelque chose. Le monde continuera de paraître bouleversé tant que, dans notre conscience, nous ne l'aurons pas spiritualisé et élevé jusqu'au ciel de l'Ame.

L'animateur: L'un d'entre vous peut-il donner un exemple de la façon dont on peut prier quand les préjugés ne viennent pas de soi ?

Isaac: Je vais vous raconter quelque chose. Récemment une étudiante de dernière année est passée en courant à côté de moi. Je l'ai appelée, mais elle pouvait à peine relever la tête, et lorsqu'elle m'a regardé, ce fut pour pleurer. Elle m'a dit qu'elle venait d'échouer dans une matière et que cela voulait dire qu'elle devait attendre un an avant de pouvoir se représenter à l'examen. Tous les efforts qu'elle avait faits pour essayer de faire valoir son point de vue auprès de son professeur avaient été vains.

Mais lui dis-je: « Tout ce qui vous appartient ne peut jamais vous être enlevé, et vous ne pouvez jamais subir de perte, car la perte n'existe pas dans le royaume de Dieu. »

Elle répondit: « Je savais que ce professeur allait me coller. Je le savais dès le départ. Il m'a collée trois fois. Je ne veux plus entendre parler de cette faculté. On se donne beaucoup de mal, mais on n'a jamais aucun résultat. »

Je lui dis alors: « On ne peut pas vous enlever ce à quoi vous avez droit. Dans l'univers de Dieu, les occasions ne manquent jamais; tout est en perpétuel déroulement. » Je savais que rien ne pouvait l'empêcher d'exprimer sa joie, mais je voyais bien qu'elle devait être guérie des préjugés qu'elle avait à l'égard de ce professeur.

Le lendemain matin, j'allais en hâte à mon bureau lorsque je l'ai retrouvée devant ma porte, à genoux. Au Nigeria, nous avons de nombreuses façons d'exprimer le respect, mais il est rare qu'une fille s'agenouille devant vous, sauf si vous êtes son père.

Je lui dis: « Qu'est-ce qu'il y a ? » Elle répondit: « Tout ce que je peux dire, c'est que je sais que Dieu vit. » « Et comment le savez-vous ? », lui ai-je demandé.

Elle me dit qu'elle avait été revoir ce professeur dont elle croyait qu'il ne lui voulait que du mal. Et ce matin, il lui avait dit qu'il était en train de présenter son cas devant l'administration pour demander qu'elle puisse repasser l'examen [pendant ce trimestre en cours] en dépit du fait qu'elle avait eu la plus mauvaise note possible.

Pour moi, c'était un cas de guérison des préjugés. D'ailleurs, elle le reconnut elle-même: elle dit qu'elle ne se serait jamais doutée que cet homme puisse être quelqu'un de bien.

Eric: Chez nous, il y a eu un problème épineux au sujet de la résidence universitaire réservée aux étudiants noirs. Les étudiants noirs étaient très en colère parce que les conditions de logement n'étaient pas satisfaisantes. Ils décidèrent d'avoir une réunion avec l'administration. Ils avaient distribué des tracts avant la réunion, disant que si les choses ne tournaient pas comme ils le voulaient — ce à quoi, d'ailleurs, ils s'attendaient — ils organiseraient une manifestation devant le bâtiment de l'administration.

Toute l'université suivait de près le problème et les gens prenaient parti. Beaucoup étaient pour les étudiants noirs, disant que ceux-ci avaient, comme les étudiants blancs, le droit de vivre dans des logements convenables. Et puis il y avait ceux qui étaient contre les noirs à cause de leur couleur.

Dans notre organisation de la Science Chrétienne à l'université, nous nous sommes réunis au complet — c'est-à-dire à deux — et nous avons décidé de faire quelque chose. Notre réunion avait lieu en même temps que l'autre. Nous avons compris que nous devions aimer les gens des deux côtés et savoir que Dieu possède la solution. C'était tout ce que nous pensions pouvoir faire: aimer tout simplement les deux côtés et attendre de Dieu la solution. Nous étions sûrs que d'autres priaient également.

Nous avons appris, peu après, qu'une manifestation d'étudiants se dirigeait vers le bâtiment de l'administration. Il y avait un long défilé, des policiers surveillaient la situation en hélicoptère et des policiers armés étaient postés dans la rue. Les étudiants ont avancé jusqu'au bâtiment de l'administration, puis le leader du groupe est entré et a remis une lettre en disant: « Nous vous remercions beaucoup pour la solution de nos problèmes. »

L'animateur: Étaient-ce de bonnes solutions ?

Eric: Oui, pas des solutions définitives, mais c'était un début.

Majisola: En fait, nous devrions devenir comme de petits enfants. Quand je grandissais, dans les années soixante, en Angleterre, je n'avais pas du tout l'impression qu'il existait des préjugés, et mes parents non plus. Les gens me disent maintenant que moi, j'ai eu de la chance, ce qui est en soi une affirmation pleine de préjugés. Mais je n'ai pas le moindre souvenir d'avoir été victime de préjugés. C'est pourquoi il est très important de devenir en pensée comme un petit enfant.

Emmanuel: Cela me rappelle ce que dit Mary Baker Eddy: « Enfants bien-aimés, le monde a besoin de vous — et davantage en qualité d'enfants qu'en qualité d'hommes et de femmes: il a besoin de votre innocence, de votre désintéressement, de votre fidèle affection, de votre vie sans souillure. Il vous faut aussi veiller, et prier afin de conserver immaculées ces vertus, et de ne pas les perdre au contact du monde. Quelle plus noble ambition y a-t-il que de maintenir en vous-mêmes ce que Jésus aimait et de savoir que votre exemple, plus que des paroles, constitue un critère de morale pour l'humanité ! » Écrits divers, p. 110.

Isaac: Après cela, ce que j'espère, c'est que lorsque nous allons tous rentrer chez nous, nous allons communiquer avec d'autres. C'est la première fois que je rencontre l'un d'eux [Isaac fait un signe de tête en direction d'Eric, le Sud-Africain blanc]. J'ai dit « l'un d'eux », mais il n'est pas l'un d'eux, il est l'un d'entre nous. C'est intéressant pour moi parce que je n'aurais jamais pensé qu'il pouvait être aussi chaleureux. A vrai dire, je n'aurais jamais pensé qu'un jour je m'assiérais à côté de lui.

Nancy: J'aime beaucoup l'image dont nous avons parlé tout à l'heure. Lorsque je ferme les yeux, je peux revoir ces enfants noirs et blancs jouer dans la fontaine. C'est un exemple vivant de ce que l'avenir peut nous réserver.


Oh ! qu'il est agréable, qu'il est doux
pour des frères de demeurer ensemble !

Psaume 133:1

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