Quand des procédés blessants vous prennent au dépourvu, cela fait souffrir. C'est une chose qui arrive à bien des gens.
A l'occasion d'un incident de ce genre, au début de mon étude de la Science Chrétienne, j'ai reçu une importante leçon qui m'a bien servi par la suite, même dans des moments beaucoup plus difficiles. Je venais de passer mon permis de conduire. Approchant lentement d'une intersection avec l'intention de tourner à gauche, je mets mon clignotant comme il se doit, je regarde dans toutes les directions, vérifie les feux de signalisation, jette un coup d'œil dans le rétroviseur, et je tourne. Comme je termine mon opération, un agent me fait signe de me ranger sur le côté. Je me range donc... pour recevoir une contravention ! Je suis scandalisé ! Qu'ai-je bien pu faire de mal ? L'agent me demande de regarder le croisement: à chaque coin se trouve un panneau indiquant clairement qu'il est interdit de tourner à gauche.
Du fait de mon âge, je dois comparaître devant un tribunal pour enfants; c'est quelque chose de nouveau pour moi et du genre à faire peur. On me dit que si je reçois encore une seule amende pour un motif quelconque avant d'avoir passé l'âge de la juridiction de ce tribunal, on me retirera mon permis. Le plus dur, c'est que je me sens complètement désemparé. Après tout, je me suis efforcé de conduire du mieux que je pouvais. Même l'agent de police a remarqué que j'avais fait très attention. Pourquoi cela m'est-il arrivé ?
J'étudiais la Science depuis un an ou deux et j'apprenais à sonder mes pensées et ma vie pour mieux répondre à Dieu. Cette introspection calma tout d'abord le ressentiment que j'entretenais à l'égard du tribunal. Mais elle ne me débarrassa pas du sentiment d'avoir été brimé. Pendant longtemps, ma prière toute simple pouvait se traduire par ces mots du Psalmiste: « Je dis à l'Éternel: mon refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie ! » Ps. 91:2.
Je ne montai plus jamais dans une voiture sans repenser à ce jugement, et les deux années passèrent sans qu'il y ait d'autre infraction. J'en vins graduellement à reconnaître l'erreur qui avait entraîné la contravention: c'était le manque d'entraînement. Avec l'expérience disparut ce mélange de confiance exagérée et de nervosité qui m'avait conduit finalement à ne pas voir les panneaux, pourtant évidents, qui interdisaient de tourner à gauche. Cette mise à l'épreuve de deux ans m'obligea à faire intervenir dans ma conduite automobile la prière chrétienne et le souci des autres.
Souvent, lorsque notre vie est soumise à une mésaventure ou à des épreuves, nous nous concentrons tellement sur la blessure ou la déception que nous ne sommes pas conscients de la nécessité d'ancrer plus fermement dans notre vie certains éléments moraux et spirituels. Nous pouvons nous laisser fasciner par l'obsession de la vexation, de la peur ou de la colère, au point qu'il peut même nous arriver de penser que le mal est plus puissant que le bien, plus puissant que notre recours à la sollicitude rédemptrice de Dieu. On ne peut s'empêcher d'évoquer la confusion, la crainte et le désespoir des disciples pendant les quelques jours qui s'écoulèrent entre l'arrestation de Christ Jésus et sa résurrection. Ils avaient vu auparavant leur Maître surmonter des situations pratiquement désespérées, mais leurs espoirs semblaient se briser devant la tragédie que constituaient son arrestation, son procès et le crucifiement. Bientôt, pourtant, grâce à sa démonstration suprême, ils allaient obtenir la stabilité spirituelle inébranlable qui procède d'un espoir plus élevé.
L'un des termes utilisés au début par Mary Baker Eddy pour décrire la Science de la guérison chrétienne qu'elle avait découverte, c'était la Science morale. Dès le commencement, elle perçut dans sa découverte le pouvoir du bien sur le mal. Elle vit que tout le monde pouvait trouver un sûr asile dans la loi de Dieu, secours toujours présent en toute situation. Étudiant la Bible à fond avec une inspiration nouvelle, elle comprit qu'elle s'était rétablie d'un grave accident et qu'elle avait recouvré la santé parce que la véritable nature spirituelle de l'homme est l'expression de l'être de Dieu. Mais elle vit aussi que l'erreur fondamentale de placer sa foi dans la matière et les choses matérielles mine la santé, la sécurité, la sagesse, ainsi que l'humilité hautement essentielle qui permet de discerner et de suivre la direction indiquée par Dieu, l'Entendement divin.
Elle écrit dans son autobiographie: « Dès mon enfance même, j'étais poussée, par une faim et une soif des choses divines — par un désir de quelque chose de meilleur, de plus élevé que la matière, et en dehors d'elle — à rechercher diligemment la connaissance de Dieu comme étant le seul grand soulagement toujours présent au moment des malheurs humains. Le premier mouvement spontané de la Vérité et de l'Amour, agissant par la Science Chrétienne sur mon état de conscience réveillé, bannit aussitôt et pour toujours l'erreur fondamentale de la foi dans les choses matérielles; car cette confiance est le péché inaperçu, l'ennemi inconnu, — le désir indompté du cœur qui viole les commandements divins. »
A la même page, elle poursuit en expliquant comment cette découverte a fait s'incliner son cœur, a châtié l'orgueil, et l'a corrigée. Mais elle dit également: « Des fontaines gelées furent descellées. » Rétrospection et Introspection, p. 31. L'Amour divin infaillible se révélait dans l'assurance de la guérison et dans son pouvoir curatif.
Au fur et à mesure que nous comprenons ses paroles, nous en venons à la conclusion que la rédemption du Christ, ou la naissance dans la conscience de l'idée spirituelle de l'homme, porte un coup au prestige et à l'orgueil matériels, personnels, et n'est pas plus tendre avec l'attachement de la pensée humaine aux chose terrestres et matérielles. C'est pourtant cette épreuve même qui bannit les troubles physiques et moraux, parce qu'elle sape la mentalité attachée à la chair et les croyances qui la composent, croyances à la substantialité de la matière, de la personne mortelle, et à l'existence d'un être personnel séparé de Dieu.
Les termes théologiques de rédemption et de régénération, et le terme thérapeutique de guérison sont inséparables et presque synonymes dans la Science Chrétienne. La transformation spirituelle et morale de notre pensée, qui détruit le péché, la maladie et la mort, est inséparable de l'abandon de la confiance qu'on avait placée dans les choses matérielles pour diriger notre affection et nos désirs vers Dieu. Telle est la destinée spirituelle de chacun.
Si elles servent à nous détacher de la confiance, de la dépendance à l'égard de la matière, les déceptions et les épreuves peuvent devenir le terrain propice qui permet à la compréhension spirituelle de l'homme en tant qu'image de Dieu de commencer à se développer dans notre vie. La Science Chrétienne enseigne que ce profond changement de pensée affect directement les événements visibles de l'existence. C'est ce changement spirituellement mental qui opère la guérison physique et la réforme morale que l'on associe à titre à la prière, ou traitement, dans la Science Chrétienne. L'apôtre Paul a vécu cette nouvelle naissance spirituelle qui a donné une direction radicalement différente à sa vie. Il écrira plus tard: « Car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu... J'estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. » Rom. 8:14, 18.
Dans notre vie quotidienne, la question: « Pourquoi cela m'arrivet-il ? » met en évidence l'insubstantialité de la matière et le caractère instable de l'existence matérielle. Notre peine, notre ressentiment, notre désespoir sont souvent proportionnels à la déception que nous éprouvons de voir que la matière ne s'avère pas permanente, digne de confiance et capable de nous rendre véritablement heureux. Avoir recours à la Science Chrétienne dans le seul but de rendre notre vie quotidienne matériellement agréable conduit inévitablement à des déceptions, même lorsque la guérison par la Science Chrétienne apporte effectivement une merveilleuse liberté. La guérison doit en fin de compte nous mener à une quête spirituelle plus profonde afin que le plan de Dieu s'accomplisse dans notre vie. La guérison physique par la Science Chrétienne ne constitue pas une fin en soi; ce n'est qu'un commencement, un commencement qui spiritualise et christianise la pensée, les motifs et les désirs. Cette façon spirituelle de vivre et d'agir, avec sa vigueur morale, c'est en vérité Dieu qui Se reflète en l'homme; et cela s'accompagne de récompenses certaines, non sujettes à la décrépitude et à la destruction inévitable de la matière.
Si la question: « Pourquoi cela m'arrive-t-il ? » nous conduit à une étude plus profonde de la vie et des enseignements de Christ Jésus et à une mise en pratique plus fervente des préceptes spirituels de la Science Chrétienne, alors nous pouvons être sûrs qu'à un moment ou à un autre, nous le saurons sans ambiguïté. Jésus a répondu à une question similaire posée par ses disciples, lorsqu'il a rendu la vue à un homme né aveugle: « ... C'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. » Jean 9:3.
Vous avez oublié l'exhortation
qui vous est adressée comme à des fils: 
Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur,
et ne perds pas courage lorsqu'il te reprend ;
car le Seigneur châtie celui qu'il aime,
et il frappe de la verge tous ceux qu'il reconnaît pour ses fils.
Supportez le châtiment: 
c'est comme des fils que Dieu vous traite ;
car quel est le fils qu'un père ne châtie pas ?
Hébreux 12:5–7
    