Ces deux mots — « substance » et « idée » — sont souvent utilisés en Science Chrétienne. La Fondatrice de la Science Chrétienne, Mrs. Eddy, écrit dans Science et Santé: « L'Entendement crée Sa propre ressemblance en idées, et la substance d'une idée est bien loin d'être la substance supposée de la matière inintelligente. » Science et Santé, p. 257.
Il est généralement admis que les choses matérielles sont substantielles et réelles et que les idées sont plutôt vagues et insubstantielles. A un ami qui me questionnait, j'expliquais un jour que, dans la Science Chrétienne, l'homme est défini en tant qu'idée composée et spirituelle de Dieu, qui est le bien. Il me répondit qu'il aimerait bien pouvoir se considérer comme étant « plus qu'une idée ou une pensée flottant quelque part dans l'espace ».
Je lui demandai alors à quoi il attribuait le plus de substance: au chiffre huit écrit sur une feuille de papier qui est facilement détruite, ou au concept du nombre huit. Il admit que l'image mentale est plus durable, parce qu'elle n'est pas sujette à la destruction par le temps, les conditions atmosphériques, les accidents ou la décomposition.
Science et Santé nous dit: « Les choses éternelles (les vérités) sont les pensées de Dieu telles qu'elles existent dans le royaume spirituel du réel. » Ibid., p. 337. Et plus loin il est dit: « Dieu crée toutes les formes de la réalité. Ses pensées sont des réalités spirituelles. » Ibid., p. 513.
La Bible déclare que Dieu fit l'homme à Sa propre image. Voir Gen. 1:27. Dieu étant Esprit, ce qui vient de Dieu est nécessairement pensée ou idée et doit donc être spirituel. L'homme possède toutes les qualités éternellement parfaites de son créateur.
Qu'en est-il des choses matérielles et discordantes que nous semblons voir ? Chacune d'elles est une contrefaçon, nous déclare la Science Chrétienne, le produit d'une croyance erronée, un mensonge. Tous les organes matériels qui paraissent constituer le corps physique, par exemple, ne sont que de fausses images mentales d'un entendement irréel. Prendre conscience de cela, comprendre et vivre notre véritable nature, qui est spirituelle et mentale, guérit les problèmes du corps quels qu'ils soient.
Afin de guérir une vue défectueuse, par exemple, on doit remplacer la notion erronée que la vue dépend d'une structure organique complexe par la compréhension que la vue réelle est le discernement spirituel, et que l'homme, étant le reflet complet de Dieu, possède à jamais cette faculté intégralement.
Il y a plus d'un demi-siècle, ma vue devint trouble. Mais lorsque je compris que j'étais en réalité une image divine, possédant toutes les qualités de mon Père, y compris le discernement, ma vue redevint normale et est demeurée ainsi. Il ne me fut pas nécessaire de porter des lunettes.
Ce ne sont pas les organes matériels, mais les idées spirituelles qui constituent l'identité de l'homme. Le corps de l'homme n'est pas physique. Il est l'incarnation des pensées de Dieu. Parce que l'homme reflète toutes les qualités de son créateur — de l'Entendement, de l'Esprit, de l'Ame, du Principe, de la Vérité, de la Vie et de l'Amour — l'homme possède l'intelligence, la vitalité, la beauté, l'harmonie, la substance et l'amour. Il est complet. Si l'une quelconque de ces qualités semble nous faire défaut, nous sommes à même de prendre conscience, le cœur rempli de gratitude, du fait qu'elles sont nôtres par droit divin, et de le prouver.
Les idées ou les concepts spirituels sont vitaux et puissants. Notre Guide, Christ Jésus, dit: « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. » Jean 8:32. Cette promesse ne signifie-t-elle pas qu'en acceptant dans notre conscience des concepts corrects, des vérités spirituelles, nous nous libérerons du penser mortel erroné avec ses croyances au péché, à la maladie et à la mort ? Il existe toujours une vérité spirituelle à opposer à chaque croyance matérielle pour la corriger. Une fois acceptée, l'idée vraie supplante la croyance, et guérit et harmonise toute situation. C'est cela la venue du Christ.
Il en est de même lorsqu'on remplace dans la conscience un concept mathématique erroné par le concept correct et qu'ainsi le problème est résolu. Mais la guérison spirituelle ne peut pas vraiment être mise en parallèle avec la compréhension d'un fait mathématique froid. La guérison spirituelle implique la christianisation, c'est-à-dire un changement d'attitude fondamental, qui comprend le développement de sentiments tels que la gratitude et l'humilité. C'est l'amour qui rétablit l'harmonie. Pour reconnaître la substantialité et la puissance d'une vérité ou d'une idée spirituelle, il faut la vivre, l'exprimer avec sincérité dans la vie quotidienne. C'est ainsi que l'on s'unit à l'Entendement divin qui est la source de l'idée. On ne fait plus qu'un avec l'Amour et la guérison inonde la pensée.
La vitalité et le pouvoir d'un concept intelligent, même d'un concept humain intelligent sont évidents. Victor Hugo reconnaissait cela lorsqu'il écrivit: « On résiste à l'invasion des armées; on ne résiste pas à l'invasion des idées. » Nos grandes découvertes et nos grandes inventions ont jailli de la compréhension et de l'application de concepts constructifs. Si cela est vrai des choses terrestres, songez au pouvoir d'une idée ou d'une pensée spirituelle !
Loin d'être un objet imprécis et insubstantiel « flottant quelque part dans l'espace », pour reprendre l'expression de mon ami, l'homme en tant qu'idée composée de l'unique Entendement infini a une substance tangible, éternelle, illimitée. En tant que ressemblance de la conscience divine, de l'Amour, qui sait tout, il ne saurait avoir rien de moins.
« Que tes œuvres sont grandes, ô Éternel ! Que tes pensées sont profondes ! » Ps. 92:6.