Sans trop y réfléchir, j'étais autrefois sûr de comprendre le sens du mot « harmonie ». A présent, j'ai modifié l'idée que je m'en fais. Peut-être avez-vous, vous aussi, eu tendance à considérer que l'harmonie était plus ou moins l'absence d'inharmonie: tout va bien, famille, santé, travail, pas de problème important à l'horizon.
Évidemment, cette façon de mesurer le bien-être nous donne une idée de la nature relative des événements humains; et nous ne devons certainement pas l'ignorer. La plupart des hommes espèrent trouver la santé et le bonheur dans leur vie. Toutefois ce n'est pas simplement en triomphant des ennuis, petits et grands, inhérents à un sens matériel de l'existence, que nous découvrons réellement la vraie nature de l'harmonie, son essence entièrement divine. Après tout, l'harmonie ne signifie pas la même chose pour tout le monde. Par exemple, l'harmonie est-elle réduite ou amplifiée si nous diminuons le son de la musique de rock ? Cela dépend évidemment si vous êtes ou non amateur de musique de rock.
Si nous prenons l'habitude de mesurer l'harmonie en nous contentant de déterminer la présence ou l'absence de certains facteurs matériels conflictuels ou alarmants dans notre vie, nous sommes alors encore loin de comprendre ce qu'est véritablement l'harmonie. Le problème est le même que pour la santé. Le fonctionnement normal de notre corps ne suffit pas à déterminer notre degré de bonne santé. Cette dernière est un attribut actif, puissant et spirituel de Dieu. Même si le discernement de ce qu'est la santé spirituelle et le mode de vie chrétien qui est à la base de la santé nous libèrent effectivement de la maladie, la santé signifie bien davantage. Elle dépeint la nature parfaite de la vraie conscience, la substance de l'identité spirituelle de l'homme. Il en est de même de l'harmonie. C'est seulement dans la mesure où nous reconnaîtrons que l'harmonie est attribut purement spirituel que nous en ferons l'expérience et verrons qu'elle est bien plus qu'un ensemble de circonstances humaines concordantes.
Saint Jean dépeint de façon vivante sa révélation: « Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus. » Apoc. 21:1. Sa vision dépassait les limites du sens mortel. Ce qu'il discernait n'était pas une proposition de Dieu d'ouvrir une ère nouvelle; c'était l'exigence divine de trouver un état de pensée différent nous incitant à accepter de nouveaux cieux et une nouvelle terre. La vision de Jean fut assez spirituelle pour discerner que le royaume de Dieu existe dès maintenant là même où apparaît aux sens matériels limités un univers de matière discordante. Mais Jean vit bien davantage que cela. « Accompagnant cette conscience scientifique il y eut une autre révélation, écrit Mrs. Eddy, savoir la déclaration venant du ciel, harmonie suprême, que Dieu, le Principe divin de l'harmonie, est toujours avec les hommes et qu'ils sont Son peuple. » Science et Santé, p. 573.
Même s'il nous reste encore beaucoup à apprendre avant de contempler la plénitude de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre, ne pourrions-nous goûter maintenant quelque peu cette autre révélation que Mrs. Eddy mentionne ? Lorsque nous en ferons l'expérience, nous comprendrons que l'harmonie est bien plus que le déroulement paisible de circonstances matérielles. Ressentir la vérité de cette déclaration céleste, savoir que l'harmonie est toujours présente en nous et que nous appartenons au Principe divin d'harmonie, constitue un événement absolument mémorable que l'on ne pourrait qualifier de mystérieux ou venant d'un autre monde, mais qui reste toutefois difficile à décrire.
Peut-être en avez-vous fait l'expérience, sans reconnaître ce que cela impliquait ? C'est un sens renouvelé de l'existence et de la pensée, une gratitude irrésistible, une douce chaleur dans notre conscience qui nous rassurent et nous disent combien Dieu est proche et combien grande est Sa sollicitude. Quel rapport y a-t-il entre ce moment de sérénité spirituelle et la routine de la vie quotidienne ? Cela signifie-t-il que le fait de discerner le Principe de l'harmonie impose silence à toute agitation autour de nous ? Pas nécessairement. A vrai dire, reconnaître l'ordre et l'unicité de l'univers de Dieu peut en fait contribuer à provoquer certains bouleversements. Et pourtant, au sein de cette agitation, nous pouvons ressentir l'harmonie divine. L'important, c'est de rechercher davantage cette harmonie, cette présence qui bénit notre vie de façon beaucoup plus profonde que la simple maîtrise du matérialisme visant à le rendre moins pénible (ou au contraire moins attrayant).
A contempler les étoiles, on ressentira peut-être l'ordre majestueux des choses. Ou bien, en réfléchissant à l'univers dans son ensemble, s'émerveillera-t-on de l'harmonie grandiose qu'il manifeste. Et cependant, devant l'ordre établi des choses, on s'inquiétera peut-être de l'insécurité de son emploi, on se préoccupera au sujet de son mariage, de la criminalité dans sa localité. Il faut plus qu'un simple indice d'harmonie divine. Il faut véritablement savoir que « Dieu, le Principe de l'harmonie » est constamment avec soi, qu'Il est la substance même de la pensée. Peut-être pourra-t-on décrire cette autre révélation comme la conscience de l'ordre divin.
Ressentir quelque peu l'ordre parfait de la réalité, et ressentir grâce à l'inspiration pure, que chaque idée de Dieu se meut en accord avec l'Être divin qui la suscite donne un aperçu de la véritable harmonie. C'est seulement grâce à ce discernement que l'homme inquiet trouvera la paix dans son travail, dans sa famille et dans sa ville. C'est grâce à ce discernement seulement, que le travail, la famille et la localité ressentiront les effets du Christ guérisseur, cette action régénératrice au sein de la conscience humaine, action qui révèle la substance et la permanence de l'harmonie de Dieu.
Saurons-nous reconnaître et apprécier le Principe de l'harmonie lorsqu'il commencera à s'éveiller en nous ? Certainement, à mesure que nous serons moins absorbés par le matérialisme, et refuserons toujours davantage à la mortalité le droit de déterminer la présence ou l'absence de notre harmonie. Cette révélation de la véritable harmonie raffermit notre courage et renouvelle notre conviction que la réalité divine sera finalement démontrée dans sa totalité.
