Skip to main content Skip to search Skip to header Skip to footer

Le pont moral

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne d’avril 1980


Lorsque nous regardons de l'autre côté d'un précipice, nous pouvons peut-être identifier des points de repère. Même si nous ne sommes jamais allés là-bas auparavant, des cartes, des croquis, et même ce premier aperçu direct, peuvent nous avoir donné une idée de ce à quoi ressemble l'autre côté du gouffre. Pourtant, malgré tout ce que nous pourrons apprendre au sujet de cet autre côté, c'est seulement en étant sur place que nous pourrons vraiment savoir de quoi il s'agit. Il y a toujours une différence fondamentale entre parler de quelque chose ou acquérir des données à ce sujet, et le connaître par expérience.

Par certains côtés, c'est là le genre de rapports que nous semblons avoir avec la réalité. Nous en avons des aperçus. Nous apprenons à la connaître davantage. Mais nous ne devons pas nous estimer satisfaits tant que nous ne la connaissons pas par expérience. Grâce à la révélation qui est venue à Mary Baker Eddy, les vérités de l'être — la Science divine de la réalité — sont maintenant consignées par écrit pour tous les temps. Conjointement avec la Bible, nous étudions les œuvres de Mrs. Eddy; par cette étude nous acquérons de substantiels aperçus de discernement spirituel. La révélation nous donne une description précise de la réalité. Nous semblons être de ce côté-ci du précipice et la réalité de l'autre. Comment passer d'ici à l'autre côté ?

Pour y parvenir, il nous faut découvrir en quelque sorte que nous y sommes déjà, et aussi prendre conscience qu'en réalité il n'y a pas d'abîme — pas de séparation entre Dieu et l'homme. C'est là un processus d'éveil spirituel. Par cet éveil, nous commençons à nous rendre compte que l'immortalité est toujours la réalité. Jamais l'être n'a pris fin et il ne prendra jamais fin. Nous découvrons que le bien seul est substantiel, présent en permanence. D'un point de vue purement spirituel, nous ne sommes pas des mortels nous efforçant de passer sur l'autre rive pour entrer dans l'immortalité. L'homme n'est jamais mortel. En réalité, Dieu est Tout, et l'être individuel est l'expression de la perfection de Dieu.

Mais qu'en est-il de l'existence humaine ? Qu'en est-il de la croyance que l'homme est mortel, que l'existence est faite de bien et de mal, qu'elle commence par la naissance et se termine par la mort ? D'un point de vue erroné et mortel, il y a là un gouffre. Une transition est donc nécessaire pour passer de la croyance que la matérialité est un fait fondamental de l'existence à la complète prise de conscience que la spiritualité est la seule réalité de l'être.

La Science Chrétienne répond au besoin humain. Elle révèle non seulement ce qu'il y a de l'autre côté, mais elle nous montre comment la transition se fait. Faute de comprendre la Science avec précision, nous n'arriverons jamais à franchir l'abîme. Une compréhension incorrecte nous conduira à faire des erreurs et nous retardera.

L'une des erreurs que l'on fait parfois, c'est de considérer la Science Chrétienne simplement comme un moyen de réparer la matérialité afin qu'elle ne nous importune pas autant. Toutefois, cette délivrance de tout tracas devrait être un effet secondaire au lieu d'être une motivation première. Une fois découvertes les implications de ce que nous apporte le Consolateur, il est naturel de chercher à comprendre Dieu simplement à cause du profond amour que nous éprouvons pour Sa bonté infinie. Si nous continuons à rechercher la guérison sans que l'amour de la spiritualité nous y pousse, nous errerons toujours de côté et d'autre sur le bord du précipice sans jamais prendre la décision indispensable et bien arrêtée de nous diriger résolument vers la réalité; nous serons toujours aux prises avec la croyance que la vie et la substance sont dans la matière. Il arrive un moment où nous devons faire davantage que nous borner à jouir de la vue du paysage qui se trouve de l'autre côté. Nous devons non seulement contempler la réalité mais, en bonne logique, avancer vers elle.

Une autre erreur que les gens font parfois, c'est d'adopter l'attitude inverse de celle qui consiste à errer sans fin au bord du précipice. Ils font un bond formidable, espérant pouvoir ainsi franchir la gorge d'un seul coup, sans avoir effectué le travail préparatoire nécessaire. Mais ils découvrent que leur remarquable saut ne leur permet de couvrir que la moitié de la largeur du précipice. Et on ne peut même pas dire que faire seulement la moitié du chemin soit déjà un demi-succès.

Ce n'est pas chose facile que de se hisser des mains et des pieds jusqu'au bord du précipice pour faire une nouvelle tentative. Ignorer la nécessité de dépasser doucement et graduellement les limitations de la matérialité, fermer les yeux sur les difficultés à surmonter ici même, déclarer que le mal n'existe pas mais sans réussir à prouver le bien-fondé de nos déclarations — rien de tout cela ne nous portera de l'autre côté du gouffre. Il nous faut mériter nos progrès. C'est ce que Mrs. Eddy nous rappelle: « La récognition de l'Esprit et de l'infinité ne vient pas soudainement, soit ici-bas, soit dans l'au-delà. Le pieux Polycarpe disait: “Je ne puis passer subitement du bien au mal.” Et ce n'est pas non plus d'un seul bond que d'autres mortels passent de l'erreur à la vérité. » Science et Santé, p. 76;

S'il nous est impossible de rester pour toujours de ce côté-ci de l'abîme et que, d'autre part, nous ne puissions pas le franchir d'un bond, comment pouvons-nous aller de l'autre côté ? Grâce à un pont. Nous construisons ce pont à l'aide de qualités morales. Et les qualités morales commencent à faire surface dans la mesure où nous acquérons des vues plus claires de la réalité. Ces vues ne nous laissent pas nous enliser dans la mortalité, pas plus qu'elles ne nous poussent immédiatement dans l'immortalité. Un discernement assidu de la réalité a pour effet inévitable d'équiper un pont solide et stable de qualités transitoires.

Mrs. Eddy énumère quelques-unes de ces qualités morales: « Humanité, honnêteté, affection, compassion, espérance, foi, humilité, tempérance. » ibid., p. 115; De telles dispositions nous permettent de commencer à franchir le précipice, pas à pas et avec certitude. Lorsque nous comprenons que ces qualités découlent de l'Entendement et qu'elles sont suscitées par lui, au lieu de les considérer seulement comme ayant leur source dans de nobles efforts humains, le pont devient plus substantiel.

Christ Jésus, plus que tout autre, nous a montré le trajet que nous devons accomplir. Il a gardé une vision ferme et constante de la réalité. C'était la base de ses actes. Il a compris la totalité de Dieu, Sa perfection infinie, et il a également compris que l'homme est l'expression de cette perfection. Jésus a démontré pour nous la nature essentielle des qualités morales transitoires. Qui a jamais porté à un tel degré la fidélité, l'obéissance, la compassion, le pardon ? Son amour pour Dieu et son discernement de ce qu'Il est ont eu pour résultat inévitable de faire monter à la surface ces qualités — repères manifestes sur le trajet qui le conduisit à démontrer complètement que la perfection n'a jamais été interrompue, que l'homme ne s'est jamais écarté de la présence éternelle de l'amour de Dieu.

Les qualités morales sont la manifestation évidente de l'effet transformateur qu'a sur nous le Christ, le message de perfection venant de Dieu. Chacun de nous doit passer par ce processus de spiritualisation, cette transformation de la pensée passant d'une base matérielle supposée à la seule base réelle de l'existence: l'Esprit. Nous ne pouvons nous dérober à cette obligation: la christianisation de la pensée. Éprouver de la répugnance à franchir l'abîme ou vouloir dans un bel élan d'enthousiasme le franchir prématurément d'un bond serait pour l'entendement mortel une façon d'essayer de faire échec au développement et à la mise en pratique nécessaires de ces qualités transitoires essentielles.

Lorsque Jésus guérissait les malades, son objectif était d'accomplir quelque chose de bien plus significatif qu'un changement dans la matière. Il montra l'effet considérable qui résulte de la compréhension même de la Vérité. Alors les qualités morales venaient à la surface, témoignant que le Christ avait touché la conscience. Il dit à l'infirme qu'il avait guéri à la piscine: « Voici, tu as été guéri; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire. » Jean 5:14. Par ces paroles, Jésus n'exprimait pas seulement une exhortation pleine d'espoir. Il décrivait la régénération qui est toujours exigée de nous lorsque le Christ nous guérit.

Au fur et à mesure que nous reconnaissons plus fermement que Dieu est Tout et que Sa bonté embrasse tout, nous laissons derrière nous les croyances inhérentes à la mortalité et nous découvrons en nombre croissant de fortes qualités morales — chacune d'elles provenant de Dieu — qui nous soutiennent sur notre route. Finalement, notre éveil nous révélera la plénitude de la réalité. Tout comme Jésus, nous ferons l'expérience de l'ascension. Nous découvrirons que nous sommes sur l'unique côté réel qui existe — la perfection infinie. Nous saurons que l'homme n'a pas de pont à franchir, mais qu'en vérité il était l'expression de Dieu et qu'il l'est éternellement.

Pour découvrir plus de contenu comme celui-ci, vous êtes invité à vous inscrire aux notifications hebdomadaires du Héraut. Vous recevrez des articles, des enregistrements audio et des annonces directement par WhatsApp ou par e-mail. 

S’inscrire

Plus DANS CE NUMÉRO / avril 1980

La mission du Héraut

« ... proclamer l’activité et l’accessibilité universelles de la Vérité toujours disponible... »

                                                                                                                                 Mary Baker Eddy

En savoir plus sur le Héraut et sa mission.