Le petit enfant tente de crier; cela attire l’attention. De bonne heure, il se plaît à montrer ce qu’il sait faire. Il joue tout seul, il s’étire de tout son long, s’étend pour attraper un doigt, caresse un jouet.
Le temps passe. Cet être qui grandit est constamment pris dans un cercle d’activités humaines diverses et son attention est attirée par celles-ci. Il se laisse convaincre toujours davantage que c’est un monde aux possibilités immenses et illimitées qui ne demandent qu’à être éprouvées et leur résultat amélioré. Dans un article « Employez mieux votre temps », extrait de Miscellaneous Writings, Mrs. Eddy déclare: « Le succès dans la vie dépend de l’effort persistant, du meilleur emploi de chaque moment, plus que de toute autre chose. » Elle ajoute: « Celui qui veut réussir dans la vie, qu’il tire le meilleur parti du présent.
« Il y a trois façons de perdre son temps dont l’une est méprisable: les ragots, des visites interminables et un travail machinal, ne pensant à rien ou ne songeant qu’à s’amuser — activité du corps plus que de l’esprit. » Elle poursuit dans le paragraphe suivant: « Tous ceux qui ont réussi doivent leur succès à un travail acharné, à un meilleur emploi des instants, avant qu’ils ne se transforment en heures, et des heures que d’autres sont susceptibles de passer à la poursuite du plaisir. » Mis., p. 230;
C’est maintenant pour moi le moment. Comment m’y prendrais-je pour en faire un meilleur emploi ? Si je fais preuve de sagesse, je n’entreprendrai rien sans attendre que Dieu m’instruise, me protège, me dirige et corrige mes plans. Peut-être vais-je ressentir un choc en apprenant que mon premier devoir est de corriger l’idée que je me fais de mon prochain et, croyez-le ou non, il se pourrait que ce soit mon employeur, ma belle-mère, mon propriétaire, mon professeur ou peut-être l’innocent, mais non moins malfaisant petit fripon qui habite à côté de chez moi. La tension et le poids de la vie quotidienne m’ontils empêché de prouver mes qualités diverses d’amabilité et de compréhension ?
« L’Éternel est bon envers tous, et ses compassions s’étendent sur toutes ses œuvres. » Ps. 145:9; Puissé-je me rendre à l’évidence qu’il est de mon agréable devoir de refléter ces compassions, de les témoigner à toute l’humanité proche et lointaine, à ceux qui manifestent de l’amour pour moi et à ceux qui n’en ont point ! Des moments de repentance suivis de moments plus riches de régénération — tels sont ces moments employés au mieux.
Lors d’un voyage à l’étranger et alors qu’il me semblait y avoir tant de points de détail à régler, je me suis mise à regretter: « Quelle perte de temps ce rendez-vous chez le coiffeur ! » Je me détendis cependant tandis qu’une jeune femme s’affairait autour de moi. Dans le calme qui suivit, la pensée me vint de « faire un meilleur emploi du moment ».
« Comment ? » Longtemps, bien trop longtemps certes, j’avais ruminé l’attitude critiquable d’une personne que j’avais aidée de mon mieux; suite à quoi, ma joie et mon inspiration habituelles avoisinaient zéro. Cette semaine-là, la Leçon-Sermon du Livret Trimestriel de la Science Chrétienne comprenait le passage suivant: « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère; puis, viens présenter ton offrande. » Matth. 5:23, 24;
Maintenant, comment pouvions nous nous réconcilier, alors que des milliers de kilomètres nous séparaient ? Aussi réalisai-je que, de toute évidence, le contact personnel ne constituait pas la réponse. Je devais voir, reconnaître de bon gré cette personne comme l’image parfaite de Dieu, de l’Amour. Telle était l’exigence divine — pas très facile en soi.
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », 6:12. nous enseigne le Maître, Christ Jésus, dans sa prière que l’Ame lui inspirait. Il n’y avait pas moyen de s’esquiver. Je dus par bonheur admettre que la personne, dont l’attitude m’avait causé une lutte aussi opiniâtre, était en réalité l’idée spirituelle et pure de l’Amour, aimante, aimable et charmante. Je pus voir que la gratitude et l’appréciation étaient inhérentes à sa nature. Demandant à Dieu de pardonner mes offenses, revenait à Lui demander de m’aider à comprendre qu’Il m’aimait, tout comme Il m’enseignait à en aimer une autre, en cet instant sublime de progrès.
Quelle bataille Il était en train de gagner pour moi, alors que je priais non pas dans le sanctuaire tranquille et confortable de ma maison, mais pendant que je cuisais sous le casque, entourée d’étrangers, dans un pays lointain !
Quelques instants après, j’étais libérée. J’étais heureuse, légère, libre, réjouie par le soleil du pardon, la joie de l’amour désintéressé. A partir de ce moment-là, et tant pour mon amie que pour moi-même, nos relations furent des plus heureuses.
Dieu, l’Amour, nous guide fidèlement tout au long de la route. Sa douce, mais ferme volonté nous persuade de nourrir une affection pure à l’égard de ceux que nous fréquentons et de ceux auxquels nous pensons. Et ainsi nous bénissons et sommes bénis.
Il ne nous est pas demandé de passer subitement dans une autre sphère d’existence; mais de sentir toujours davantage la toute présence du ciel, par la preuve ici même et maintenant du pouvoir guérisseur et rédempteur de la Vérité et de l’Amour divins. Lorsque nous unissons nos efforts à ceux de nos courageux frères chrétiens, la terre resplendit de teintes célestes. Elle devient moins terrestre, plus céleste; nos progrès sont manifestement plus spirituels.
