Les annales de la carrière sublime de Christ Jésus sont relatées dans les messages de ses quatre biographes: Matthieu et Jean, traditionnellement acceptés comme les disciples du Maître, et Marc et Luc, qui ne l'étaient pas.
Bien que les historiens semblent s'accorder sur le fait que les Épîtres de Paul précèdent les Évangiles d'au moins une décennie, le Nouveau Testament, tel qu'il est imprimé dans nos Bibles, commence, avec beaucoup de logique, par ces écrits que nous connaissons comme les quatre Évangiles.
Le mot « Évangile », que les lecteurs de la Bible connaissent bien, vient du grec euaggelion (eu = bien et aggelein = annoncer), qui signifie « bonne nouvelle ». C'est pourquoi ces documents qui relatent la vie du Maître portent le nom d' « Évangiles », étant donné qu'ils contiennent la merveilleuse « bonne nouvelle » dont parle l'évangéliste Luc (2:10).
Des quatre récits, les trois premiers fournissent une même vue générale ou synopsis de l'œuvre et du ministère de Christ Jésus. On adjoint souvent l'adjectif « synoptique » à ces trois Évangiles, étant donné qu'ils peuvent être imprimés et comparés parallèlement sous forme de tableau « synoptique » — au sens littéral: « qui embrasse d'un coup d'œil » — provenant des deux racines grecques syn = « avec » et opsis = « qui voit ».
D'après ce qui ressortirait d'une comparaison entre les récits étroitements liés relatant l'œuvre du Maître, les historiens s'accordent en général sur le fait que les trois écrivains « synoptiques » tirèrent leurs renseignements d'un même document, dont la perte remonte aujourd'hui très loin. Ceux qui étudient de nos jours les textes originaux désignent généralement ce document par la lettre « Q » (de l'allemand Quelle, qui signifie « source »). Il porte également le nom de « Logia » — du grec qui signifie « paroles » — étant donné qu'il paraît avoir été en grande partie un recueil des paroles de Jésus.
Les Évangiles n'ont, ni individuellement ni collectivement, la prétention de fournir le récit complet de la vie du Messie, de son œuvre et de ses enseignements. Dans le quatrième Évangile, qui vient s'ajouter aux trois premiers, Jean fait nettement ressortir cela, quand il écrit: « Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu'on écrirait » (Jean 21:25).
Il semble que relativement peu d'événements se rapportant aux trois ans que dura le ministère de Jésus et pour ainsi dire aucun détail de ses trente années de préparation n'ont été recueillis. Il n'a laissé aucun code compliqué, aucune doctrine religieuse complexe. En fait, l'histoire nous dit qu'apparemment il n'a lui-même rien écrit; toutefois, on trouve dans les Évangiles, malgré leur brièveté, les principes fondamentaux du christianisme.
D'après les historiens modernes, l'Évangile de Marc est le plus ancien; c'est indubitablement le plus court des quatre. Matthieu et Luc s'en sont servi abondamment. Il est possible qu'il ait été écrit avant que les Romains, en 70 après J.-C., ne détruisent Jérusalem et son Temple. En fait, comme le professeur Newton Davies l'explique très bien, « Les emprunts que Matthieu, Luc et l'auteur du quatrième Évangile ont fait à Marc indiquent de façon probante que l'Évangile de ce dernier a dû être écrit avant 80 après J.-C. » (The Abingdon Bible Commentary, p. 996.)
L'auteur de l'Évangile de « Marc » s'appelait également Jean; en effet, il est question à plusieurs endroits de « Jean, surnommé Marc » (Actes 12:12, 25) et parfois de Marc tout simplement (Col. 4:10). Jean est un nom juif ou sémitique, alors que son autre nom « Marc » (Marcus) est un nom latin qui indiquerait plutôt une origine romaine. C'est là ce qui pourrait expliquer pourquoi l'Évangile de Marc s'appelle souvent l'Évangile pour les Romains; il se peut même qu'il ait été écrit à Rome.
Marc, apparemment, savait non seulement le grec, mais également l'araméen et le latin. Dans les documents du début du christianisme, le célèbre théologien Irenaeus, qui vécut vers 177 après J.-C., parle de Marc comme étant le disciple et l'interprète de Pierre. Quelque temps plus tôt, vers la même période, Papias, un des premiers écrivains chrétiens, avait expliqué que Jean Marc dépendait de son maître, Pierre (voir Eusèbe, Histoire ecclésiastique, III.39.15).
Plutôt qu'il n'insiste sur les enseignements de Jésus, l'Évangile de Marc atteste de façon vivante l'humanité de Jésus: comment, par exemple, il guérissait instantanément et combien il aimait les petits enfants.
L'Évangile de Matthieu évoque le Maître comme étant le Messie annoncé par les prophètes. Il tente de montrer, en usant abondamment de citations de l'Ancien Testament, comment la mission de Jésus accomplit les promesses prophétiques.
On ignore également la date à laquelle l'Évangile de Matthieu fut écrit. La plupart des historiens modernes pensent qu'il a été composé vers 90 après J.-C., bien qu'il ait pu être déjà en préparation dès 75 ou 80. Certains croient encore cependant, d'après d'anciens documents, que l'auteur de cet Évangile a même vraiment pu être un des douze apôtres, celui que l'on connaît alternativement sous le nom de Matthieu et de Lévi. Bien que Matthieu ait été considéré comme un « publicain » ou percepteur, dont de nombreux Juifs normalement méprisaient la profession, le Maître semble ne pas avoir hésité à l'appeler à son service.
Luc commença à écrire l'Évangile qui porte son nom vers la même époque où Matthieu préparait le sien. Homme brillant, grec d'origine et physicien de formation, Luc était un écrivain chrétien fécond et un excellent historien qu'animait un ensemble d'intérêts vraiment cosmopolites.
Il semble avoir été grand voyageur, car nous savons, d'après d'anciens documents, qu'il a été à Philippes, à Troas et à Rome, et peut-être également à Éphèse. Il accompagna souvent Paul au cours de ses voyages de missionnaire.
A l'encontre d'une grande partie des Écritures, il semblerait que l'Évangile de Luc nous a été transmis intégralement et dans une langue merveilleuse, sans aucune adjonction ultérieure ni révision extérieure. Luc était un chercheur et un écrivain consciencieux et sincère.
Comme l'Évangile de Matthieu, celui de Luc tire ses origines littéraires principalement de l'Évangile de Marc et du document « Q » (les « Logias » ou paroles de Jésus) que Matthieu semble avoir compilé.
Puis s'ensuivit la préparation de l'Évangile de Jean, probablement vers la fin du siècle, à Éphèse, en Asie Mineure. L'apôtre Jean, fils de Zébédée, serait, selon la tradition la plus ancienne — bien qu'aujourd'hui les opinions soient partagées — l'auteur de cet Évangile dans lequel il est écrit qu'il tire son autorité du « disciple que Jésus aimait » (voir Jean 21:20–24). Il est certain que cet Évangile, mieux que tout autre, nous permet apparemment de pénétrer les pensées les plus profondes de Jésus.
L'Évangile de Jean ne laisse aucun doute quant à son objectif. Il y est dit clairement: « Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous avez la vie en son nom » (Jean 20: 30, 31).
Jean n'a pas vraiment écrit une biographie du Maître. Il a délibérément choisi et rapporté certains incidents du ministère de Jésus, non pas tant du point de vue d'un historien que de celui d'un maître, afin de prouver que Jésus était vraiment le Christ, le propre Fils de Dieu.
Les quatre Évangiles montrent comment quatre personnages différents abordent un même sujet. On peut dire que les synoptiques, Marc, Matthieu et Luc, présentent l'Évangile de Jésus, alors que Jean révèle l'Évangile du Christ.
Matthieu écrivit du point de vue juif, prêtant une attention particulière aux Juifs. Marc s'exprima également d'un point de vue juif, portant cependant un intérêt spécial aux païens, ou non-juifs, en particulier à ceux appartenant à un milieu romain. On considère que l'Évangile de Luc fut adressé aux Grecs. Quant à Jean, l'auteur de « l'Évangile spirituel », il a écrit pour l'église universelle.