Un jour, Julie avait vu Brigand trottiner dans le jardinet de la maison; c'était un chien roux, noir et brun: il s'installa pour de bon. Elle avait bien ri avec ses trois frères en voyant Brigand faire le beau, assis sur son arrière-train et comme jouant vigoureusement du tambour pour réclamer quelque chose à manger.
C'était Julie en particulier qui aimait Brigand. Elle l'aimait d'ailleurs de plus en plus et elle lui avait appris quelques nouveaux tours.
Ce jour-là, Julie était seule à la maison, et les voisins d'à côté vinrent jusqu'au seuil, portant le chien avec précaution: il s'était fait écraser. Après qu'on lui eut raconté ce qui s'était passé, Julie se dit: « Dieu ne crée pas le mal, par conséquent nulle part le mal n'est réel. » Elle les remercia d'avoir bien voulu lui ramener le chien, ajoutant cependant qu'elle n'avait pas autrement besoin d'assistance et se disant à elle-même: « Parce que je sais que Dieu prend soin de lui. » Et puis, elle ferma la porte. Brigand, inerte, gisait sur le sol.