Un jour, Julie avait vu Brigand trottiner dans le jardinet de la maison; c'était un chien roux, noir et brun: il s'installa pour de bon. Elle avait bien ri avec ses trois frères en voyant Brigand faire le beau, assis sur son arrière-train et comme jouant vigoureusement du tambour pour réclamer quelque chose à manger.
C'était Julie en particulier qui aimait Brigand. Elle l'aimait d'ailleurs de plus en plus et elle lui avait appris quelques nouveaux tours.
Ce jour-là, Julie était seule à la maison, et les voisins d'à côté vinrent jusqu'au seuil, portant le chien avec précaution: il s'était fait écraser. Après qu'on lui eut raconté ce qui s'était passé, Julie se dit: « Dieu ne crée pas le mal, par conséquent nulle part le mal n'est réel. » Elle les remercia d'avoir bien voulu lui ramener le chien, ajoutant cependant qu'elle n'avait pas autrement besoin d'assistance et se disant à elle-même: « Parce que je sais que Dieu prend soin de lui. » Et puis, elle ferma la porte. Brigand, inerte, gisait sur le sol.
Julie était certaine d'une chose: la Science Chrétienne, c'était bien la loi qui guérit, la loi du bien. A aucun moment, Julie ne doutait que Dieu pouvait tout faire. Sa puissance est de loin supérieure à n'importe quoi dans l'univers, parce que Dieu est bon et qu'il est tout-puissant.
Elle monta au premier pour appeler au téléphone sa monitrice de l'École du Dimanche de la Science Chrétienne et celle-ci lui parla de la bonté et de l'amour de Dieu. Ensuite elle prit sur l'étagère sa Bible et son Science et Santé, de Mrs. Eddy. Puis elle vint s'asseoir en bas, sur la dernière marche de l'escalier, à côté de Brigand.
« Comment vais-je commencer à prier pour lui ? » s'interrogea-t-elle. Et la réponse lui vint: « Eh bien, commence par le commencement. » Elle ouvrit donc sa Bible au premier chapitre de la Genèse, et, très lentement, elle le lut en entier jusqu'au verset suivant: « Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. » Gen. 1:25;
« Oh, mon bon Brigand, ça veut dire qu'il t'a créé ! » lui dit-elle.
Et le verset en question se termine par ces mots: « Dieu vit que cela était bon. » Pour Julie, elle se sentit tout à coup certaine que tout ce bien, qui était bon, existait maintenant même. Les créatures de Dieu étaient parfaites à l'instant même. Tel était le fait réel, et le fait ne saurait changer, parce qu'il est toujours vrai.
Christ Jésus expliqua à ceux qui l'entouraient comment Dieu Se soucie même du passereau qui tombe, soulignant par là la tendre sollicitude de Dieu pour un simple moineau. (Voir Matthieu 10:29–31.) Et, en comprenant cela, Julie vit que dans tout l'univers chaque créature doit être à même de marcher, de voler, de nager ou de ramper sans contrainte, comme cela lui est naturel — parce que c'est Dieu qui lui confère la possibilité de se mouvoir.
Cette vérité à propos de la création de Dieu rendait Julie tellement heureuse qu'elle en aimait tout le monde, même le conducteur qui avait écrasé le chien.
Dans Science et Santé de Mrs. Eddy, il y a un chapitre sur la création où on lit ceci: « Les idées infinies de l'Entendement courent et s'ébattent. » Science et Santé, p. 514. Assurément, pensa Julie, un chien, c'est une idée de l'Entendement. Donc Brigand devrait pouvoir galoper et s'amuser comme il le fait toujours. Il était bon et il était bien, et rien ne pouvait altérer ce fait.
Et tout à coup, Brigand se mit sur ses pattes; il secoua la tête comme pour effacer un vilain rêve. Il était de nouveau bien, tout à fait remis. Réclamant son dîner ce soir-là, il fit de nouveau le beau comme avant, brassant l'air de ses pattes, tout joyeux.
Et Julie sut qu'elle avait claqué la porte sur le mal, en le reconnaissant comme irréel. Elle avait vu la perfection de la création divine. Une fois sa pensée pleine de la bonté de Dieu, elle avait seulement pu voir le bien partout alentour, qu'il s'agît d'un chien, d'un homme ou du monde entier.
