Quel est le genre d'expérience qui aidera les jeunes à devenir des Scientistes Chrétiens actifs et agissants ? A cette question, certains étudiants répondirent « Être mis au défi de se servir de la Science Chrétienne eu égard aux problèmes de la vie quotidienne. »
Ce n'était pas là l'opinion d'un des jeunes gens. « Toutes ces histoires au sujet des problèmes quotidiens sont autant de balivernes, déclara-t-il. Ce dont nous avons besoin, ce sont des conférences et des entretiens au sujet des problèmes mondiaux et des questions sociales. Ces activités-là nous aideraient à devenir plus conscients du besoin de fraternité que ressent le monde et feraient ainsi de nous des Scientistes Chrétiens plus actifs. »
Le mot « balivernes » me fit dresser l'oreille. Comment mieux décrire des efforts insignifiants. C'était un jeune homme pressé. Pas question pour lui de l'allure de colimaçon que prennent la croissance individuelle et la régénération ! Le monde était sur le point d'éclater, et devait-il donc, ainsi que ses amis, perdre son temps à s'occuper de choses revêtues d'une simple dimension personnelle ?
J'étais en admiration devant sa résolution d'appliquer la Science Chrétienne aux maux qui confrontent le monde. Et pourtant, je me sentais le désir de le persuader que ce qu'il appelait balivernes n'était pas sans valeur.
Tout d'abord il fallait le convaincre qu'il existe un lien essentiel entre la croissance individuelle et le progrès humain en général. Étant donné le grand nombre de voix qui s'élèvent contre ce fait, ce ne serait sans doute pas facile de le convaincre. Prenez par exemple ce raisonnement que l'on entend souvent tenu: « Si mes actions ne font de mal à personne, pourquoi les jugerait-on immorales ? Cet argument ne tient pas compte du fait que ce qui nuit à la longue à la société, nuit à chaque membre de la société.
Nous avons ensuite l'argument de notre jeune ami: « Ce n'est pas le moment de penser au progrès individuel. Occupons-nous des grandes questions sociales. » Autrement dit: les problèmes d'ordre général sont essentiels; les problèmes privés ne concernent pas le progrès mondial dans la même mesure.
Un argument nihiliste courant suit le même raisonnement: « La société (l'Établissement) est si corrompue que personne, ni aucun groupe de personnes, ne peut l'améliorer. Détruisons-la tout simplement. »
Ni l'une ni l'autre de ces attitudes ne tient compte d'une des leçons les plus encourageantes que nous donne l'histoire, à savoir que la société progresse dans la mesure où la lumière se fait jour dans la conscience individuelle. La pensée locale, nationale ou mondiale — chacune d'elle est la somme totale des consciences individuelles qu'elle comprend. Par conséquent, les localités, les nations ou le monde peuvent-ils progresser si ce n'est dans la mesure où moi-même, vous, ou nos cousins humains les plus éloignés progressent en pensée individuellement ?
On ne peut venir complètement à bout du mal que grâce à la régénération individuelle, bien que ce procédé régénérateur paraisse affreusement long. Si nous admettons au moins cela, nous nous éviterons des désillusions lorsque nous serons face à des problèmes qui ne cèdent pas rapidement. Nous en saurons assez long sur le mal pour adopter les réformes les plus efficaces. Nous serons peutêtre capables nous-mêmes d'apporter aux autres un peu de la lumière dont ils ont besoin. Assurément, c'est là ce que faisait Jésus. « Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. » Jean 12:32; Ce fut ainsi qu'il exprima la vision qu'il avait du rapport entre le progrès individuel et le progrès social. Aujourd'hui, tous les hommes, en vérité, continuent à être attirés par les idéals spirituels que Christ Jésus personnifiait. L'exemple qu'il a donné a contribué à éveiller un juste désir, de génération en génération.
Comment se prépara-t-il à accomplir l'œuvre de sa vie? Nous ne connaissons que très peu de chose sur ses jeunes années. A l'âge de douze ans, il se montra très empressé à s'occuper des affaires de son Père. Que fit-il entre douze et trente ans, lorsqu'il commença à prêcher et à guérir ? Vraisemblablement, bien que personne n'en soit certain, il était charpentier dans la petite ville de Nazareth. Et il ne fait aucun doute qu'il se montrait à la hauteur de tout ce qu'il avait à faire.
Mrs. Eddy, dont les enseignements merveilleux apportent des bienfaits au monde entier, était aussi un penseur aux idées avancées. Même ses critiques les plus sévères furent impressionnés par la compétence dont elle fit preuve en fondant et dirigeant un nouveau mouvement religieux. Voici comment elle explique tout ce qu'elle a réussi à accomplir: « Tout ce que j'ai jamais accompli, l'a été en mettant Mary à l'écart, et en laissant Dieu se refléter. » We Knew Mary Baker Eddy, première série, p. 23; Cette simple déclaration résume l'immolation de soi que l'on trouve chez les plus grands bienfaiteurs de la société.
Qu'est-ce qui nous rend aveugles à la valeur de ce que le jeune homme qualifiait de balivernes, mais que la tradition chrétienne appelle porter la croix ou encore la rédemption ? Mrs. Eddy fournit une réponse à cela: « Il en est peu qui comprennent ou suivent les préceptes divins de Jésus quant à la vie et à la guérison. Pourquoi ? Parce que ses préceptes exigent du disciple qu'il se coupe la main droite et s'arrache l'œil droit, — c'est-à-dire, qu'il mette de côté les croyances et les pratiques même les plus chères et qu'il renonce à tout pour le Christ. » Science et Santé, p. 141;
Nos maux, aussi bien dans le domaine public que privé, durent indéfiniment en raison de ces « croyances et... pratiques même les plus chères » que nous refusons d'abandonner. Les Scientistes Chrétiens — éducateurs, hommes d'affaires, législateurs ou simples citoyens — peuvent, par leur exemple, encourager leur entourage à manifester une plus grande appréciation de la valeur que représente la rédemption individuelle.
Est-il si difficile de voir combien la société a bénéficié de la lumière qui s'est fait jour dans la conscience individuelle ? Songez aux innombrables personnes, connues ou non, dont la vie a graduellement rendu douteux le mythe de l'infériorité d'une race ou d'un sexe auxquels appartiennent les individus. Le caractère sacré de l'individu constitue un autre concept inestimable dont nous avons hérité, et ceci parce que les gens ont permis qu'il transforme leur vie. Il en va de même en ce qui concerne la plus grande tolérance religieuse dont nous jouissons aujourd'hui et l'abandon graduel de l'anthropomorphisme à propos de la Divinité. Si les idéals plus élevés en faveur de la société doivent lui être transmis, ils doivent être faits chair — ils doivent être vécus par quelqu'un.
Mrs. Eddy nous communique nos « ordres » quand elle dit: « Il faut que les chrétiens prennent les armes contre l'erreur en eux-mêmes et au dehors. Il faut qu'ils combattent le péché en eux-mêmes et dans les autres, et qu'ils continuent cette guerre jusqu'à ce qu'ils aient achevé leur course. S'ils gardent la foi, ils auront la couronne d'allégresse. » p. 29.
Un Scientiste Chrétien actif, aux yeux du jeune homme dont l'argument a inspiré cet article, c'est celui qui se préoccupe des problèmes mondiaux plutôt que des siens seulement. Jusqu'à quel point luttons-nous avec le mal et soutenons-nous cette lutte ? Sommesnous le plus souvent préoccupés de notre propre confort physique ou mental et partonsnous en guerre uniquement pour préserver cela ?
D'autre part, nous ne pouvons lutter contre le péché chez les autres si nous ne le combattons pas en nous-mêmes. Notre activité en tant que Scientistes Chrétiens s'amoindrira si nous ignorons le champ de bataille, soit dans le domaine privé, soit dans le domaine public. Il faut parfois faire vraiment preuve de vision et de foi pour voir la lutte avec soi-même comme quelque chose de plus que de simples balivernes. Mais si nous pouvons la voir dans sa juste perspective, nous serons mieux à même de contribuer utilement à l'amélioration du genre humain.
