Ces trois mots que l'on trouve souvent écrits à la craie sur les murs de certaines villes françaises dénoncent avec ironie la mécanisation croissante de l'humanité. Les jeunes, lorsqu'ils sortent des écoles ou des universités, refusent fréquemment aujourd'hui d'accepter un travail qui ferait d'eux une machine. Peutêtre cette mécanisation nous remet-elle en mémoire un de ces films comiques dont les personnages, à force d'accomplir incessamment les mêmes gestes, ne se distinguent plus guère de l'appareil qu'ils font fonctionner.
« Métro, boulot, dodo » se présente comme les trois actes d'une pièce infernale qui prétendrait être la vie de tous les jours. Les acteurs de ce théâtre joueraient perpétuellement trois scènes sans âme: celle de l'entassement muet dans le métro, celle du travail de masse où l'on comprend rarement l'utilité de ce que l'on fait, et celle du travailleur sombrant dans l'inconscience du sommeil, avec la perspective de recommencer demain la même chose.
On conçoit aisément que bien des gens refusent de faire partie d'un tel système. La vaine routine n'est en effet qu'une contrefaçon de la vie, et il est toujours bon de refuser une contrefaçon. Toutefois, l'écrire sur les murs ou en faire quelques films satiriques ne suffira guère à résoudre le problème.
La Science Chrétienne apporte cette solution. Elle nous enseigne ce que sont réellement Dieu et l'homme. De par sa nature spirituelle et parfaite en tant que fils de Dieu, l'homme a la domination sur toutes choses. Mrs. Eddy écrit dans Science et Santé: « Dieu façonne toutes choses selon Sa propre ressemblance. La Vie se réfléchit dans l'existence, la Vérité dans la véracité, Dieu dans la bonté, qui communiquent leur propre paix et leur propre permanence. » Et elle ajoute: « L'homme, fait à Sa ressemblance, possède et réfléchit la domination de Dieu sur toute la terre. » Science et Santé, p. 516;
L'univers de Dieu est bien différent de ce théâtre matériel où les acteurs n'ont que peu de domination et peu de ressemblance avec l'image de Dieu. Mais quel est l'univers qui est vrai ? Celui de la beauté et de la paix (qui se fait mieux jour dans les aspects plus élevés que présente l'existence humaine) ou bien son opposé ?
Dans Science et Santé, nous lisons: « Dieu crée toutes les formes de la réalité. Ses pensées sont des réalités spirituelles. » p. 513; Ne faisant pas partie de la réalité spirituelle, la sinistre vacuité de « Métro, boulot, dodo » appartient au domaine de l'illusion. Le meilleur moyen de se révolter contre une condition inhumaine, est d'échapper à son illusion, aidant ainsi à la transformer. De même que le pilote dans le désert refuse de quitter la route afin de poursuivre le mirage, de même celui qui semble être pris par la routine léthargique doit comprendre que celle-ci n'est qu'une illusion. Il peut alors cesser de la craindre et de s'y croire enchaîné.
La compréhension de ce qu'est vraiment le travail nous permet d'accepter un emploi et peut-être même de le désirer avec plus de ferveur que le loisir. Le Christ, ou la Vérité, révèle que le travail est réellement l'expression de l'activité de Dieu, et cette activité est joyeuse et sans cesse renouvelée. Dans tout ce que nous faisons, nous pouvons refléter toutes les qualités, les idées vitales et satisfaisantes de Dieu; et voir que ces éléments divins constituent la véritable nature de nos collègues.
Je travaillais une fois dans un très vaste bureau où les employés se croisaient souvent sans se connaître tant ils étaient nombreux. Cela me parut si inhumain que j'eus d'abord envie d'abandonner. Mais je ne pus obtenir de mutation. Je priai souvent pour changer de milieu, mais après quelques essais infructueux, je compris que c'était ma propre optique des choses qui devait être changée.
Ces deux passages de la Bible m'aidèrent beaucoup. Le premier représente pour moi le travail tel qu'il apparut à Adam: « Le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l'herbe des champs. » Gen. 3:17, 18; Le second me permit de discerner ce qui constitue le fruit du travail, quand on le considère comme une activité spirituelle, comme le reflet de l'Esprit, la Vie divine. « Il y avait un arbre de vie, produisant douze fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. » Apoc. 22:2. Dans la première allégorie, le travail n'est qu'une simple routine, et cela produit la souffrance. Dans le second cas, c'est Dieu qui cultive l'arbre de vie, et cet arbre guérit.
Tout cela m'apporta une nette guérison d'une conception erronée du travail. Bientôt, la notion d'une routine lassante disparut totalement, et je fis connaissance d'un certain nombre de collègues qui me rendirent la vie si agréable que je venais chaque jour au bureau, me réjouissant de les retrouver. Ayant ainsi changé ma façon de voir mon prochain, je pus affronter les foules du métro sans gêne apparente.
La révolte peut parfois sembler juste, mais elle n'apporte aucun soulagement lorsqu'elle fait une réalité de ce qui doit être nié. Reconnaître avec gratitude notre origine divine nous établit sur un royaume spirituel, joyeux et indestructible, où nous pouvons spontanément exprimer l'activité de l'Entendement. La vérité de l'être parfait vécue jour après jour, change effectivement notre condition — alors que rien d'autre ne peut le faire — et ceci, parce que, en fait, Dieu prend soin éternellement de nous.
Venez à moi,
vous tous qui êtes fatigués
et chargés,
et je vous donnerai du repos...
Car mon joug est doux,
et mon fardeau léger.
Matthieu 11:28–30
