Nous vivons à l'âge de la raison. Les gens exigent des preuves. On n'accepte plus de simples théories à moins qu'elles ne s'étayent sur la logique et sur des preuves pragmatiques. En raison de cette atmosphère de quête et d'examen minutieux, l'influence qu'exercent de nombreux enseignements religieux va décroissant: des preuves substantielles ne les soutiennent pas.
Ce qu'on appelle la révolution du sexe manifeste tout particulièrement cet état de choses, savoir un changement d'attitude vis-à-vis de la morale. L'Église chrétienne, par tradition, a toujours souligné la valeur du contrôle moral de soi-même; mais elle n'a guère expliqué de façon convaincante pourquoi c'était important. Par exemple, certains individus fervents ont promulgué l'ascétisme et l'ont mis en vigueur — il s'agit là d'une forme extrême de renoncement, synonyme de torture — sans aucune rationalité véritable pour le soutenir, à part une vague promesse de récompense dans l'au-delà. Toutefois, ce genre de penser, aujourd'hui, n'a guère de sens commun. Pourquoi, demande-t-on, faudrait-il exercer un contrôle sur ses désirs et ses appétits, alors qu'ils constituent des aspects naturels de la nature humaine ? Pourquoi ne pas en profiter du moment qu'il ne s'agit ni de coercition ni de faire du mal à quelqu'un ?
Tel est en partie le raisonnement à la base de la permissibilité, si manifeste de nos jours, dans les rapports sexuels; pour l'analyser et parvenir au cœur même de ce raisonnement, il faut l'examiner de très près et d'un point de vue spirituel.
En discutant de la nature de l'homme, la Science Chrétienne en vient directement au fait. Est-il un animal, ou bien une identité spirituelle ? S'il est un animal dont la destinée la plus haute consiste en la satisfaction de ses besoins physiques, alors la contrainte morale ne signifie rien. Mais par contre, si l'homme est une idée spirituelle reflétant l'amour, la pureté et la probité de Dieu, l'Entendement divin, alors ce fait doit se concrétiser humainement en un sens du contrôle pondéré de soi-même.
Chacun peut se donner à soi-même la preuve de la valeur scientifique de cette vue de l'homme. Comprise et mise honnêtement en pratique, elle apporte un bien-être général que les sens matériels ignorent. A ce sujet Mrs. Eddy déclare sans ambages: « Celui qui touche le bord de la robe du Christ et maîtrise ses croyances mortelles, l'animalité et la haine, celui-là a la grande joie d'avoir la preuve de la guérison et a la douce conviction que Dieu est Amour. » Science et Santé, p. 569;
Contrairement à tout ce branle-bas de propagande que l'on inflige aux humains, la sexualité n'est pas un jeu, non plus que le pivot de toute l'existence. Assurément, chez la plupart des gens normaux, jeunes ou vieux, elle semble occuper une place très importante, mais il ressort des leçons qu'enseignent l'histoire et l'expérience personnelle que si l'on permet à la sensualité de gouverner la vie des hommes, elle les conduira à la ruine morale dans le domaine des relations personnelles aussi bien que publiques. La force et la permanence de la communauté familiale ou nationale doit se fondre sur le caractère individuel qu'aura développé la maîtrise de soi. Mrs. Eddy écrit: « Il faut que, dans les affections humaines, le bien l'emporte sur le mal et le spirituel sur l'animal, sans quoi le bonheur ne sera jamais gagné. L'acquisition de cet état céleste améliorerait notre descendance, diminuerait le crime, et donnerait un but plus élevé à l'ambition. » p. 61;
L'idéal judéo-chrétien du mariage monogamique a résisté à l'épreuve du temps; il continuera à démontrer sa valorisation effective. Le commandement « Tu ne commettras point d'adultère », Ex. 20:14; quoiqu'il soit si largement ignoré, demeure tout aussi valide. Mais s'abandonner sans contrainte aux impulsions sexuelles, c'est s'aveugler quant à sa véritable identité. C'est installer une barrière sur la route qui mène à la compréhension de la Vie spirituelle et à son potentiel de bien si considérable. C'est établir plus fermement encore dans la pensée de quelqu'un le sens matériel du corps, le rendant ainsi esclave de la matière et de ses formes multiples de limitation et de maladie.
Mrs. Eddy écrit: « Le mariage est la mesure légale et morale pour la procréation chez les humains. » Et plus loin elle ajoute: « Le commandement: “Tu ne commettras point adultère,” est non moins impératif que celui-ci: “Tu ne tueras point.” La chasteté est le ciment de la civilisation et du progrès. Sans elle il n'y a pas de stabilité dans la société, et sans elle on ne saurait atteindre à la Science de la Vie. » Science et Santé, p. 56.
Dans le cadre d'un mariage heureux, dans une atmosphère de tendre considération, les deux époux peuvent à présent trouver la satisfaction de leurs exigences humaines — mais ils garderont toujours en pensée et s'efforceront toujours d'atteindre un plus haut sens de plénitude et de satisfaction qu'apporte la spiritualisation de la conscience. Est-ce à dire que la formalité de la cérémonie du mariage spiritualise les rapports sexuels ? Nullement; mais la fibre morale de chacun des conjoints se trouve renforcée par la stricte fidélité dont il témoigne envers l'autre. Elle les protégera tous les deux et les enfants aussi. L'affection et la considération réciproques vont épurer leurs rapports physiques jusqu'au moment où les progrès de leur croissance spirituelle dérouleront à leurs yeux un amour plus élevé, plus satisfaisant.
La sexualité avant ou en dehors du mariage ne fait qu'abaisser, dégrader le caractère humain. Elle masque l'image-Christ que le Scientiste Chrétien doit tendre à exprimer si, en quelque mesure, il espère démontrer la puissance curative de la Science Chrétienne. La luxure est le signe d'une nonchalance morale, de ce manque de maîtrise de soi qui conduit à la claire vision spirituelle qui guérit. Au fond, si nous n'avançons pas tant soit peu en direction de la maîtrise à exercer sur la croyance qu'il y a plaisir dans la matière, comment pourrions-nous nous attendre à en maîtriser et détruire les aspects douloureux lorsqu'ils se présenteront sous forme de maladie ?
Heureusement, nos moyens de défense sont toujours à disposition. Il s'agit de la compréhension du Christ, la Vérité, que Jésus a démontré. C'est l'idée salvatrice du pur moi de l'homme, moi qui existe en l'Entendement parfait et en procède. Quand on reconnaît énergiquement ce vrai sens de l'identité de l'homme et qu'on en prend clairement conscience, identité qui est toujours une avec la conscience divine, alors ce sens impose silence aux impulsions mesmériques de la sensualité, et il établit dans la pensée la satisfaction et la plénitude de l'Ame.
