La raison pour laquelle on rencontre à l'heure actuelle une telle indifférence vis-à-vis de la moralité et de la vraie bonté repose sur le fait de prêcher sans mettre en pratique, de prononcer des paroles qui ne conduisent pas à de bonnes œuvres. Les paroles creuses ont engendré la désillusion parmi de nombreux jeunes à l'esprit chercheur; et même certains étudiants en théologie, plus âgés, ont été jusqu'à déclarer que « Dieu est mort ». Ce que beaucoup d'entre eux veulent dire, peut-être sans le savoir, c'est qu'une foi incertaine en Dieu, qui ne s'accompagne pas des démonstrations de Sa toute-présence, est vaine; que toute théodicée, aussi stimulante au point de vue intellectuel et aussi impressionnante au point de vue ritualiste qu'elle puisse être, est creuse, si elle ne réussit pas à montrer aux hommes comment prouver que le mal n'exerce aucune puissance sur le bien que Dieu accorde.
Christ Jésus vit clairement le danger des paroles sans actes. Dans son glorieux Sermon sur la Montagne, il dit: « Vous êtes la lumière du monde... Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » Matth. 5:14, 16; Il savait que les paroles seules, et même la foi seule, sont insuffisantes pour nous guérir et nous régénérer, nous et nos semblables.
Au cours de son ministère de guérison, il exemplifia le pouvoir divin qui est inné en l'homme que Dieu a créé, et il assura à ses disciples qu'ils pouvaient en faire autant dans la mesure où ils revendiquaient leur héritage spirituel en tant qu'expression de Dieu. Et Mrs. Eddy, qui révéla la Science du Christ à notre âge, écrit: « L'erreur des âges est de prêcher l'Évangile, sans le mettre en pratique. La substance de toute dévotion est la réflexion et la démonstration de l'Amour divin, guérissant la maladie et détruisant le péché. » Science et Santé, p. 241;
L'impitoyable cruauté des problèmes de race et de classe, l'extension que prend la pauvreté, la cupidité quasi inconsciente qui, dans notre monde, caractérise la pensée et la moralité d'une grande partie de la race humaine sont, dans bien des cas, dûs au dogme sans démonstration, un sermon sur la foi comme si elle était suffisante en soi. L'épître de Jacques lance un défi à cette manière antique de comprendre la foi. Nous y lisons ceci: « Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l'un d'entre vous leur dise: Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez ! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ? Il en est ainsi de la foi: si elle n'a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. Mais quelqu'un dira: Toi, tu as la foi; et moi, j'ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par ms œuvres. » Jacques 2:15–18;
Dans les premières années qui suivirent sa découverte de la Science Chrétienne, Mrs. Eddy établit les Leçons-Sermons hebdomadaires dans le Livret Trimestriel de la Science Chrétienne. Elles attestent souvent la futilité, voire même le danger, de prêcher sans mettre en pratique. Elles soulignent constamment le fait qu'il est du devoir des étudiants et des praticiens de la Science Chrétienne de démontrer leur compréhension de Dieu et Son Christ en accomplissant des œuvres de régénération et de guérison. En faisant cela, ils élucident pour eux-mêmes et leur prochain la méthode infaillible du Maître qui dit: « Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j'entends, je juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. » Jean 5:30; Il leur fit aussi comprendre qu'ils étaient à même d'accomplir les œuvres qu'il faisait lui-même dans la mesure où ils acceptaient Dieu comme la source de toute vérité, toute vie, tout amour, et où ils s'identifiaient en tant que reflet inséparable de Dieu.
Durant les quelque cent ans de son existence, la Science Chrétienne a rétabli l'élément de guérison qui, au cours des siècles succédant à l'époque de Jésus et de ses disciples immédiats, avait été perdu dans les brumes d'une doctrine verbeuse sans démonstrations pratiques. Cette Science explique que le renversement des croyances à la réalité de la maladie et à l'irrévocabilité de la mort, tel que Jésus et ses disciples le pratiquèrent, provenait de ce qu'ils comprenaient que l'Esprit est la seule réalité. Ils avaient pour mission de montrer le chemin qui mène à la régénération en prouvant l'impuissance de la matière et du sens physique qui sont les antipodes de l'Esprit; et c'est encore la mission du Scientiste Chrétien aujourd'hui.
Mon propre éveil au besoin de quelque chose de plus que de simples paroles de foi, eut lieu il y a bien des années au moment du décès de ma mère. Je ressentis l'insuffisance des sermons et des enseignements que j'avais écoutés depuis mon enfance et j'aspirai à comprendre ce que Jésus voulait dire lorsqu'il déclara: « Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. » 8:51; C'est à ce moment-là qu'un ami m'invita à une conférence de la Science Chrétienne. Pendant quelques instants, j'écoutai, indifférent; et puis soudain, ce fut comme un éveil. Le conférencier dit quelque chose qui me fit comprendre que dans la mesure où les disciples de Jésus de toutes époques perçoivent d'une part, la réalité et la puissance de tout ce qui est bon, la création de Dieu, et de l'autre, l'irréalité et la vanité ultime de tout ce qui s'oppose au bien, ils s'élèvent sur l'échelle de l'être. Ils se découvrent capables de surmonter, pas à pas, de nombreux aspects du mal, ou erreur; de guérir les malades; et d'attendre avec confiance, en tant que reflets individuels de la Vie, la démonstration de la vie éternelle.
Si, à ce moment-là, je ne compris pas grandchose à tout ce que ces promesses comportaient, je fus du moins guéri sur place du chagrin qui m'avait accablé. Les paroles du conférencier étaient stimulantes et inspirantes, et constituaient bien un sermon qui pouvait guérir les malades et les affligés. C'était là des paroles qui, à mesure que je les ai mieux comprises et mises en pratique, ont enrichi ma vie.
Mrs. Eddy ne minimise pas la nature de la foi, souvent exprimée d'une manière émouvante par prédicateurs et théologiens pour qui Christ Jésus représente l'homme idéal, mais elle nous montre que la foi seule ne suffit pas, que les paroles sans les œuvres sont vaines. Elle écrit: « Lorsqu'on prêchera l'omnipotence de Dieu et que l'on fera ressortir Son absoluité, les sermons chrétiens guériront les malades. » Science et Santé, p. 345.