Bien qu'Amos figure généralement parmi les « petits prophètes », c'est là une classification qui n'a rien de péjoratif. Elle comprend les prophètes dont les livres sont relativement courts, par opposition aux « grands prophètes » tels que Jérémie ou Ézéchiel qui écrivirent de plus longs ouvrages.
Amos a été décrit comme un des plus grands réformateurs du monde malgré son origine simple et le milieu apparemment médiocre dont il était issu. Il reconnut franchement qu'il était berger, sans aucune formation prophétique technique; il le dit humblement: « Je suis berger, et je cultive des sycomores » (Amos 7:14).
Pendant la moitié de siècle entre la fin de l'œuvre d'Élisée et le commencement de la carrière d'Amos, un grand changement s'effectua dans la situation politique de la Palestine, et ceci avait une influence directe sur le message prophétique des écrivains du huitième siècle av. J.-C. et sur celui d'Amos en particulier. Les problèmes qu'Élisée avait dû affronter comprenaient la guerre, le danger et la famine. La situation qui confrontait Amos était plus subtile, mais comportait tout autant de défis. La guerre avait maintenant fait place à la paix, et la prospérité matérielle et le relâchement des mœurs avaient suivi. Il y avait un besoin urgent de réforme et Amos eut le courage de le proclamer.
Il semble qu'il ait été le premier prophète grâce auquel, rompant avec tout caractère de guilde officielle, ou profession, la prophétie prit son point d'appui sur la certitude de l'inspiration divine. L'appel que Dieu lui fit était simple, mais sublime. « L'Éternel m'a pris derrière le troupeau », dit-il (7:15). Et il décrit d'une manière vivante la puissance de son message (3:8): « Le lion rugit: qui ne serait effrayé ? Le Seigneur, l'Éternel, parle: qui ne prophétiserait ? » Voilà un défi qu'il ne pouvait ignorer.
Amos habitait à Tekoa, village situé dans les collines à neuf kilomètres environ au sud de Bethléhem, en Judée. Bien qu'il s'agît là de son territoire natal, ses dénonciations et ses prophéties s'adressèrent principalement, non pas à Juda, mais au territoire du nord d'Israël, et ceci en obéissance implicite au message qu'il tenait de Dieu Lui-même. Ce fut à Béthel, un des temples les plus renommés d'Israël, qu'Amos dénonça les Israélites et les mit en garde — d'une façon si efficace qu'Amatsia, le prêtre, fit savoir au roi Jéroboam: « Le pays ne peut supporter toutes ses paroles » (7:10).
C'est dans ce qui semble être le cadre des fêtes de la moisson, un genre de foire campagnarde, que le prophète s'adressa au peuple. Les gens se rassemblaient, venant de toutes directions, s'attendant sans doute à des divertissements et à des réjouissances, et nullement aux jugements sévères que prononça Amos. Il commença par le sujet à la mode qui consistait à condamner leurs ennemis, y compris les Philistins et les Syriens, ainsi que d'autres états voisins (voir 1:3–2:3). Puis, après s'être retourné brusquement contre Juda, la nation sœur, lui reprochant d'avoir rejeté la loi de l'Éternel (voir 2:4, 5), il en vint à prédire le châtiment d'Israël même. Parlant au nom de l'Éternel, il dit: « A cause de trois crimes d'Israël, même de quatre, je ne révoque pas mon arrêt » (verset 6).
Les péchés dont le peuple d'Israël était accusé ne consistaient pas en crimes barbares caractéristiques des Philistins ou d'autres peuplades païennes, mais c'était pour sa propre corruption qu'Israël allait être sévèrement châtié, y compris l'immoralité, l'ivrognerie, l'injustice et l'oppression (voir versets 6–12).
Le prophète rappela au peuple que, pendant des siècles, Dieu avait aidé et soutenu les Israélites et que leur désobéissance était sans excuse. « Je vous ai choisis, vous seuls parmi toutes les familles de la terre; c'est pourquoi je vous châtierai pour toutes vos iniquités » (3:2). C'était là une claire indication qu'alors, tout comme aujourd'hui, les privilèges comportent des responsabilités.