Naaman était malheureux. Il avait sujet de l'être. C'était un personnage important et il s'était attendu à ce qu'Élisée, l'homme de Dieu, sorte invoquer le nom de l'Éternel son Dieu, passe sa main sur la plaie et le guérisse de sa lèpre (voir II Rois 5:11). Mais Élisée lui demanda de se plonger sept fois dans une rivière, et la rivière n'était pas celle que Naaman eût choisie. Une fois sa présomption vaincue, Naaman obéit et il fut guéri.
Combien de fois ne nous trouvons-nous pas malheureux, et avec de bonnes raisons de l'être ! Nous avons recherché l'aide de Dieu avec la Science Chrétienne et nous nous sommes attendus à ce que cette Science change quelque chose, peut-être qu'elle atténue l'égoïsme tenace de quelqu'un — pas le nôtre, bien entendu — ou bien qu'elle amène un bouleversement de ce qui était prévu de sorte que nous n'ayons pas à endurer de désagréments, ou bien encore qu'elle fasse disparaître instantanément une maladie douloureuse ou procure d'une source imprévue des revenus immédiats.
Mais au lieu de cela nous nous trouvons incités, soit par l'Amour, soit par la souffrance, à regarder en nous-mêmes et à nous incliner avec humilité, à reconnaître que tout est bien maintenant même et à rechercher la perfection de la Vie dans le présent. Il se peut que nous protestions d'être ainsi aiguillonnés en songeant: « Ne serait-ce pas pourtant une démonstration bien plus magnifique si les choses se déroulaient de la façon à laquelle je m'étais attendu ? »
La réponse est non. Comme dans le cas de Naaman, la guérison de la manifestation visible ne constitue qu'une démonstration secondaire. La chose merveilleuse, la manifestation vraiment grandiose du pouvoir de Dieu, c'est la guérison de la présomption.
Cette manifestation d'orgueil est un péché. C'est un manque notoire de confiance en l'unique Entendement et par conséquent, une négation de la totalité de l'Entendement. A la page 63 de Rétrospection et Introspection, Mrs. Eddy écrit: « Le péché, en tant que prétention, est plus dangereux que la maladie, plus subtil, plus difficile à guérir. » Si une guérison tarde à se produire, il se pourrait que ce soit parce que nous voyons trop petit et que nous nous attendons à recevoir trop peu. La lèpre de Naaman était une petite chose à guérir, comparée à son orgueil. Nous devons rechercher la guérison la plus grande et nous y attendre, si nous espérons être guéris d'inharmonies morales et physiques moins graves.
Accepter d'aborder le problème de cette manière est déjà un bon point de départ pour arriver à la victoire finale. On ne peut être absolument rempli de présomption et en même temps admettre que surmonter ses maux physiques ou autres faiblesses humaines est moins important que de vaincre sa présomption. Et si cette admission est suivie d'une sérieuse recherche de la droiture spirituelle propre au reflet de Dieu, la victoire est assurée.
La Science Chrétienne nous montre comment employer la vérité contre l'orgueil et comment le dominer. La vérité, c'est que Dieu, l'Amour divin, est Tout. L'homme n'est pas un être indépendant, il est l'image de Dieu. Prétendre à une individualité séparée de l'Amour divin, ou à une volonté qui doit se satisfaire indépendamment de la volonté divine, est une négation de la totalité de Dieu. Mais abandonner cette prétention erronée et accepter la condition d'image de l'Amour, c'est affirmer la vérité concernant Dieu et l'homme.
La maladie disparaît parce qu'elle existe seulement dans le pseudo-entendement mortel qui nie la totalité de Dieu. La guérison survient grâce au pouvoir de Dieu de maintenir Son image parfaitement conforme à Lui-même.
Celui qui est coupable de présomption en est rarement conscient, et le lui signaler ne l'en rendra pas nécessairement conscient. Mais faire pénétrer dans sa conscience la lumière de la Vérité lui révélera l'attitude juste et, par contraste, son erreur lui apparaîtra comme une chose étrangère.
Dans le cas de Naaman, ce furent les paroles humbles de ses serviteurs qui l'éclairèrent et le réveillèrent. « Mon père, dirent-ils, si le prophète t'avait prescrit une chose difficile, ne l'aurais-tu pas faite ? Combien plus dois-tu l'écouter quand il te dit: Lave-toi et tu seras pur ! » (II Rois 5:13).
Il ne fait pas de doute que Naaman devait être un homme digne d'affection, autrement ses serviteurs ne lui auraient pas parlé de cette manière; leur remarque naïve éveilla un écho en lui. Car cette présomption apparente chez Naaman n'était pas le fond de son caractère. En dessous, il y avait beaucoup d'amour.
Naaman dut à ce moment percevoir des lueurs de la vérité exprimée beaucoup plus tard par Christ Jésus qui, lorsqu'il eut « appelé un petit enfant, le mit au milieu d'eux » et dit: « Celui-là donc qui deviendra humble comme cet enfant, sera le plus grand dans le royaume des cieux » (Matth. 18:2–4).
Une affection semblable à celle de l'enfant est toujours plus puissante que l'orgueil. Quand on en appelle à lui avec un tel amour, l'orgueilleux ne peut résister et le pouvoir de cet amour pareil à celui d'un enfant devient apparent. La chose vraiment grande — la guérison de l'orgueil — survient et la chose moindre — la guérison des maux physiques — s'ensuit naturellement.