Le soleil de l'éternelle vérité spirituelle dissipe la brume de l'ignorance matérielle depuis des temps immémoriaux. Hors de l'emprise du temps, le rayon de lumière de la réalité spirituelle éclaira la pensée de Melchisédec, d'Abraham et de tous les personnages les plus remarquables de la Bible, qui, grâce à cette illumination, purent articuler la Parole de Dieu telle que nous la trouvons dans l'Ancien Testament. Puisqu'une telle illumination s'accompagne toujours de discernement spirituel, il était inévitable que les prophètes connaissent à l'avance les événements indispensables à l'accomplissement du plan divin, lequel plan prévoit la fin de l'ignorance matérielle survenant grâce à l'action de l'intelligence spirituelle, action qui se manifeste d'une manière susceptible d'être distinguée et comprise du genre humain.
Michée et Zacharie prédirent que deux messagers viendraient pour accomplir les desseins de Dieu. Le premier, Christ Jésus, par ses enseignements et les preuves éclatantes qu'il donna du pouvoir guérisseur de la Parole divine, définit le conflit fondamental entre le bien et le mal: ce sont deux forces antagonistes, celle de l'Entendement divin et celle d'un entendement imposteur, enclin au mal, ignorant de Dieu et qui prend la forme d'un homme mortel instable et d'un univers matériel destructible. Jésus savait que le plan divin appelait une deuxième révélation de la vérité. C'est pourquoi notre Maître prononça ces paroles prophétiques: « Je prierai le Père, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu'il soit éternellement avec vous » (Jean 14:16). Dans le douzième chapitre de l'Apocalypse, Jean reprend la prophétie de Michée, parlant d'une femme qui souffre les douleurs de l'enfantement pour mettre au monde la révélation de la vérité éternelle qui doit régner sur tous les peuples.
Cette deuxième manifestation de la vérité révélée fut présentée à l'humanité en 1875 avec la publication de Science et Santé par Mary Baker Eddy. Ce livre parut neuf ans après un accident survenu à l'auteur et qui faillit lui être fatal. Mais elle recouvra la santé parce qu'elle avait une confiance inébranlable dans le pouvoir guérisseur de l'Entendement divin. Elle vivait alors à Swampscott, près de Lynn, dans l'Etat de Massachusetts, sur la côte Atlantique, à environ quinze kilomètres au nord de Boston. Aussitôt après sa guérison, elle consacra plusieurs années à sonder les Écritures afin d'arriver à une connaissance démontrable des règles et des lois fondamentales de l'Entendement éternel. Elle voulait utiliser le pouvoir curatif de cet Entendement pour résoudre les problèmes humains. Science et Santé est la somme des conclusions auxquelles elle parvint. Sur l'origine de ce livre, elle écrit (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 114): « Ce n'est pas de moi-même que j'ai écrit, c'est le pouvoir divin de la Vérité et de l'Amour, infiniment supérieur, qui m'a dicté Science et Santé avec la Clef des Écritures. »
La découverte que Dieu est toujours prêt à guérir représentait pour Mrs. Eddy une grande responsabilité. Elle comprit qu'elle avait le devoir de faire connaître à tous ce que Dieu lui avait révélé. A ce propos elle dit dans Science et Santé (Préf., p. xi): « Lorsque Dieu appela l'auteur à proclamer Son Évangile à ce siècle, elle fut aussi chargée de planter et d'arroser Sa vigne. »
Il n'était pas facile de convaincre une humanité peu encline à abandonner ses dogmes religieux et ses croyances fabriquées de toutes pièces, et qui préférait faire usage de remèdes matériels auxquels elle était depuis si longtemps accoutumée, plutôt que de se tourner vers Dieu. Mais celle dont la pensée avait été capable d'éprouver et de démontrer le pouvoir de guérir qui appartient à Dieu, savait que Celui qui lui avait donné une telle lumière saurait la guider pas à pas, et l'aiderait à semer dans les consciences l'idée que l'être est spirituel, idée qui constituait l'essentiel de sa découverte.
Il lui fallait trouver les moyens pratiques de communiquer aux autres le message de la Science ChrétienneChristian Science: Prononcer 'kristienn 'saïennce.. Les gens n'allaient pas acheter Science et Santé simplement parce qu'elle croyait au message qu'il renferme. Il fallait d'abord inciter les gens à réfléchir aux vérités éternelles qui caractérisent l'être spirituel, et à la possibilité de rendre ces vérités démontrables en les appliquant aux besoins humains de chaque jour. Seule Mrs. Eddy pouvait donc s'acquitter de cette tâche.
En effet, elle était la seule sur terre à avoir compris et prouvé que la capacité donnée par Dieu aux hommes de comprendre et de démontrer le pouvoir curatif de l'Entendement était celle-là même dont Jésus avait prouvé l'efficacité. Elle ne s'autorisa aucun doute sur le succès de sa mission.
Peu après sa guérison, qui se produisit en février 1866, elle commençait à raconter sa découverte à ceux qui voulaient bien l'écouter. Pendant l'hiver de l'année suivante, elle accepta un premier élève. Peu à peu, d'autres personnes voulurent recevoir son enseignement. Vers 1875, leur nombre était suffisant pour permettre à Mrs. Eddy d'organiser des services religieux dans une salle de la ville de Lynn, où elle habitait maintenant. Ces services comprenaient ordinairement un sermon qu'elle écrivait pour l'occasion. C'est ainsi qu'elle commença à faire connaître la Science Chrétienne au public. Au début, elle n'eut pas grand succès, mais le bon grain était semé et prenait racine. On commençait à connaître le message du Consolateur, à savoir que Dieu a le pouvoir de guérir.
Grâce à des élèves et à quelques amis, on put organiser des réunions dans des familles qui habitaient la banlieue de Boston; c'est là qu'eurent lieu ses premières causeries sur la Science Chrétienne, qu'elle appelait des conférences de salon. En 1875, l'année où parut Science et Santé, elle écrivit à l'Église congrégationaliste, dont elle était membre depuis trente-sept ans, pour donner sa démission.
Les services qu'elle avait organisés à Lynn, et les conférences données en privé lui permirent de diffuser plus largement son message sur la guérison. Mais comme il n'y avait jamais plus d'une centaine de personnes à ces services, et généralement beaucoup moins, elle comprit qu'il lui fallait trouver un champ d'activité plus vaste pour proclamer la vérité. Après avoir donné un certain nombre de conférences en privé, elle fit savoir qu'il lui semblait nécessaire de s'adresser à un plus vaste auditoire.
Trois ans après la publication de Science et Santé, elle se mit à donner des conférences publiques ou des sermons à Boston. Tout d'abord, elle occupa la chaire au Tabernacle baptiste, église dont le pasteur avait été impuissant à retenir l'attention des fidèles. Pendant les quatre mois que dura sa prédication, l'auditoire augmenta à tel point qu'il n'y avait pas assez de places assises et qu'il fallut rajouter des bancs. Ensuite elle parla pendant plusieurs mois au Parker Memorial Hall de Boston où elle trouva un accueil chaleureux, grâce aux nombreuses guérisons effectuées par ses sermons. Entre novembre 1878 et juillet 1879, elle donna ainsi trente-deux conférences à Boston.
En avril 1879, l'Église du Christ, Scientiste, fut créée en présence de quatorze ou quinze membres. En novembre 1881, Mrs. Eddy fut officiellement ordonnée Pasteur. C'est le début officiel de sa carrière de pasteur; plus tard elle reçut le titre de Pasteur honoraire.
Un jour, sentant la nécessité de donner une conférence dans une ville voisine, elle écrivit à une de ses élèves, qui y résidait, pour lui demander de faire le nécessaire et de veiller à ce que la conférence soit annoncée partout, au moyen de prospectus. Mrs. Eddy insistait toujours sur la nécessité d'atteindre le plus grand nombre de gens possible.
La plupart du temps, les conférences et les sermons de Mrs. Eddy étaient reçus favorablement et suscitaient un vif intérêt; aussi la vente de Science et Santé augmentait en proportion. Mrs. Eddy aimait beaucoup répondre aux questions qui lui étaient posées à la fin d'une conférence. Un jour, quand un pasteur essaya de lui mesurer le temps nécessaire pour répondre, l'auditoire, en tapant des pieds et en applaudissant, exigea et obtint qu'on la laissât parler. Une autre fois, pour répondre à l'enthousiasme d'une foule désireuse de lui exprimer sa gratitude, elle dut serrer des mains pendant une heure. En l'espace d'une semaine elle donna huit conférences, en plus de toutes les visites que lui faisaient les malades et tous ceux qui voulaient se renseigner.
Mrs. Eddy comprit que l'Entendement divin se servait d'elle comme instrument pour semer le bon grain, la Parole de Vérité. Son message, elle savait le communiquer sans que sa personnalité entrât en ligne de compte. La dignité naturelle, le calme et la conviction avec laquelle elle parlait, faisaient sur son auditoire une profonde impression. Les Scientistes Chrétiens qui l'écoutaient furent amenés à comprendre la nécessité de travailler à l'établissement d'une grande Cause, qui exigeait tous leurs efforts.
Au cours des mois suivants, de plusieurs villes elle reçut des demandes pour venir faire des conférences. En 1882, en plus de son activité à Boston, elle alla parler de la Science Chrétienne à Washington, la capital des États-Unis. Ainsi le message éternellement neuf de la Vérité, parti de la robuste Nouvelle-Angleterre, se répandait de plus en plus loin et touchait les cœurs réceptifs. On commençait à en comprendre la portée universelle.
La Vérité ne désigne pas au hasard son messager, pas plus que le lieu où le message sera entendu. Christ Jésus apparut là où sa sainte mission avait le plus de chance de réussir et d'être conservée pour les générations à venir. De même, le Consolateur fut annoncé au Nouveau Monde dans la région où son message de guérison divine pouvait le mieux se faire comprendre et accepter.
C'est à Mrs. Eddy que Dieu donna le courage, la hardiesse, l'inspiration et la patience nécessaires pour entreprendre de révéler à tous la Science du Christ, ou Consolateur, par des explications verbales. Pendant les années qui suivirent sa découverte, de multiples tâches s'offrirent à elle. Elle se mit au travail de tout son cœur. Pendant les dix premières années elle trouva autour d'elle des gens et des groupements qui écoutaient volontiers les vérités que l'Entendement divin lui avait révélées. C'était le temps des semailles.
Pendant les dix années qui suivirent, la moisson fut abondante, et de très loin lui parvenaient des invitations à parler en public. Ainsi, Mrs. Eddy avait mené à bien une étape vitale, celle d'implanter la Science Chrétienne dans la conscience humaine, parce qu'elle s'était montrée désireuse et capable d'assumer, pour la première fois depuis Christ Jésus et Paul, la tâche d'exposer aux autres la Science du Christ.
En 1889, Mrs. Eddy quitta Boston où elle était venue vivre en 1882, pour se retirer à Concord, dans l'État voisin du New Hampshire, à quelque cent quarante kilomètres de Boston, afin de pouvoir travailler dans le calme. Après ce changement de résidence, elle ne s'adressa que rarement au grand public et dans certaines occasions seulement à son Église. Dans son rôle de conférencière et de prédicateur, elle avait servi la Cause suivant les besoins, pendant les premières années de son lancement. Elle eut ensuite beaucoup d'autres tâches à remplir, propres à un mouvement religieux en pleine expansion.
Se souvenant du succès remporté par ses premières conférences et de leur efficacité dans l'établissement de la Cause de la Sciecne Chrétienne, elle institua, en 1898, le Conseil des conférenciers de la Science Chrétienne. Ce conseil est chargé de poursuivre l'œuvre qu'elle a instaurée avec tant de sagesse, en obéissance au Fondateur du christianisme, qui a dit: « Allez par tout le monde et prêchez l'Évangile à toute créature » (Marc 16:15).
Christ Jésus, le premier des grands messagers de la Vérité annoncés par les prophètes, parla aux hommes comme personne ne l'avait jamais fait. Comprenant l'unité de l'homme et de l'Entendement-Père, il put se faire le porte-parole de Dieu auprès des hommes. Il dit: « Ce que je dis, c'est ce que le Père m'a ordonné de dire » (Jean 12:50). Ses paroles n'étaient rien moins que l'expression audible des pensées de l'Entendement divin, éternellement omniprésent. Jésus nous dit en effet (Jean 6:63): « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. »
Mrs. Eddy, qui avait fait siens les enseignements de Jésus grâce à des années de travail, de prière et de complet renoncement, se rendit digne de devenir le second messager de la Vérité, annoncé par les prophètes, et qui devait parachever la révélation en définissant les règles divines grâce auxquelles tous les problèmes humains pourraient être résolus.
A partir du moment, en 1866, où Mrs. Eddy prouva que le pouvoir de guérir appartenait à Dieu, elle comprit que cette découverte était d'origine divine et était destinée à abolir l'ignorance des sens matériels en faisant appel aux pensées-forces de l'intelligence spirituelle. L'Entendement lui révéla la vérité qu'elle a énoncée dans Science et Santé, et dont les enseignements fournissent la clé du contenu spirituel de la Bible.
Aujourd'hui comme au temps de Jésus, l'expression verbale de la Vérité est indispensable pour secouer la pensée au point qu'elle discerne la clarté grandissante de la réalité spirituelle. Par ses conférences privées, par les sermons qu'elle prononça dans sa propre église et à la demande d'autres congrégations, enfin par les conférences qu'elle donna en public dans des villes manifestant une certaine réceptivité, Mrs. Eddy montra qu'elle comprenait assez bien le lien qui existe entre l'Entendement omniscient — Dieu — et l'homme, pour en être un porte-parole doté du pouvoir de guérir et d'apporter à l'humanité des bénédictions impérissables.
Sa mission était voulue par Dieu. Elle est symbolisée dans l'Apocalypse par l'apparition d'une femme enveloppée du soleil, ou rayonnement de la vérité spirituelle, agissant sous l'empire de l'Entendement divin pour proclamer le message qui, comme le dit Jésus « vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16:13).
La prophétie de Jésus concernant le Consolateur ou esprit de Vérité a été accomplie au siècle dernier. Les enseignements de ce Consolateur permettent à ceux qui les acceptent de prouver l'immanence du pouvoir guérisseur inhérent à l'Entendement intelligent qui, seul, est Dieu.
Le Consolateur est présent, et sa présence confirme la vérité scientifique de ces paroles de Jésus, le plus grand de tous les médecins, où il indique en quelques mots très simples le remède à tous les maux: « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jean 8:32).