Un évêque de l'Église anglicane, prêchant en Australie, déclara que la première perte causée par la guerre fut l'honnêteté. Il semble en effet que pendant la guerre, beaucoup perdirent de vue les normes de l'honneur et de la bonne foi; les prétendues forces de l'égoïsme et de la rapacité se manifestèrent par la corruption, le désordre. Ces conditions paraissent encore prévaloir dans bien des cas.
Elles invitent à l'action le Scientiste Chrétien qui s'efforce de pratiquer la Science du christianisme, enseignée et vécue par Jésus. Dans la religion chrétienne, l'intégrité de l'homme est un fait fondamental que Jésus percevait et prouvait clairement. L'ordre qu'il donna (Matth. 5:48): « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » ne prévoyait pas la moindre variante dans la perfection de Dieu ou de l'homme. Le Maître ne dit pas: « Essayez d'être parfaits, » car sa compréhension de la vraie nature de Dieu et de l'homme lui permettait de voir que cette perfection est un fait actuel qui peut se démontrer dans la mesure où le disciple réalise la vérité. La perception spirituelle de Jésus était si claire qu'il pouvait transpercer du regard les prétentions des sens physiques d'après quoi l'homme serait mortel, matériel, malade et pécheur; il réalisait si bien la vraie nature de l'homme que ceux qui demandaient son aide obtenaient la guérison. Comme le déclare Mary Baker Eddy dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (pp. 476, 477): « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. Dans cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. »
La perfection de Dieu et de l'homme, telle est la base sur laquelle le Scientiste Chrétien fonde son raisonnement. Il n'oublie jamais cette affirmation de Mrs. Eddy (Science et Santé, p. 259): « La compréhension-Christ de l'être scientifique et de la guérison divine renferme un Principe parfait et une idée parfaite,— Dieu parfait et homme parfait, — comme base de la pensée et de la démonstration. » La Science Chrétienne admet que Dieu est Vérité, comme le dit la Bible; donc l'honnêteté, la droiture, la véracité, l'intégrité sont parmi ses attributs. La Vérité doit toujours être honnête, loyale. Elle ne saurait avoir recours aux subterfuges, à l'astuce. Dans l'infini de la Vérité tout est complet; la Vérité sans limites ne peut exprimer que sa propre nature parfaite. La fourberie, l'hypocrisie sont inconnues dans la Vérité. Celle-ci est toujours droite, absolument incapable d'être indigne, fausse, ou d'exprimer des choses qui lui soient dissemblables.
L'intégrité de la Vérité est inattaquable, car elle est Une. Ne connaissant que sa propre existence infinie, la Vérité ignore la crainte, et sa totalité est une loi éliminant ce qui lui est dissemblable. En aucun cas la Vérité ne peut être frustrée par une compréhension restreinte, entravée par des réglementations humaines, impuissante en face des conditions matérielles. Au contraire, elle agit librement par des lois éternelles toujours accessibles à l'homme, expression même de la Vérité. Étant l'image et la ressemblance de la Vérité, l'homme est honnête, honorable dans toutes ses voies, véridique et probe, ne reflétant que les caractéristiques de la Vérité. L'intégrité de l'homme est inattaquable comme celle de Dieu.
Donc la personnalité mortelle déloyale qui contredit cette définition de l'homme en tant qu'image et ressemblance de la Vérité, n'est aucunement l'homme. C'est un tableau erroné de l'homme, une suggestion du mal qu'il faut rejeter pour mettre à sa place la vraie compréhension spirituelle. C'est un faux sens de la création qui nous montre non pas la vérité de l'être, mais un homme malhonnête, indigne. Ce qui ment, dérobe, frustre, corrompt, c'est un sens matériel de l'homme; ce n'est jamais l'homme réel, la réflexion de la Vérité. Ce que nous acceptons dans notre pensée au sujet de Dieu et de l'homme gouvernera notre carrière humaine. Dans Pulpit and Press, notre Leader nous donne ce passage si encourageant (p. 3): « Sachez donc que vous possédez le souverain pouvoir de penser et d'agir justement; que rien ne peut vous ravir cet héritage ni empiéter sur l'Amour. »
Nous avons le souverain pouvoir de penser juste au sujet de l'homme, individuellement et collectivement, et de voir en Science, à l'instar de Jésus, l'homme parfait. Cette vision spirituelle dissipera chez nous les fausses croyances concernant l'homme; nous sentirons davantage la bonté, l'honnêteté, la bienveillance s'exprimant dans notre entourage; nous serons moins conscients du mal et verrons finalement disparaître le sentiment du mal. Par contre, si nous persistons à croire au sujet de l'homme les mensonges que l'entendement mortel ne cesse d'émettre, nous risquons d'en remarquer à chaque instant la présence. L'histoire de Jacob illustre bien ce fait.
Prenant à Ésaü son droit d'aînesse et la bénédiction de son père Isaac, Jacob s'était rendu coupable de fourberie. Son concept de l'homme était matériel. Il croyait que l'homme est capable d'enfreindre la volonté divine, c'est-à-dire d'être dissemblable à Dieu. En conséquence, ce faux concept de l'homme gouvernait sa carrière humaine. Non seulement il exprimait la duplicité, mais il en était victime dans ses transactions avec autrui. Laban le trompa, comme lui-même avait trompé Isaac. Pour que la nature de Jacob changeât et que sa vie prît un autre aspect, il dut lutter à Péniel contre son faux concept de l'homme — obtenir un sens plus spirituel de Dieu et de l'homme.
Aujourd'hui le Scientiste Chrétien est aux prises avec le faux concept de l'homme qui lui est sans cesse présenté; il peut acquérir l'idée véritable de Dieu et de l'homme, et maintenir dans sa propre conscience l'intégrité de l'homme. Le travail du Scientiste Chrétien consiste à percevoir la vérité de l'être, plutôt qu'à changer l'homme ou à le guérir. Il doit non pas transformer des personnes, mais dissiper les illusions au sujet de l'homme; or c'est la Vérité qui produit ce résultat. Lorsque nous nous trouvons en face de la mauvaise foi, dans les domaines individuel, national ou international, nous pouvons faire appel à la Vérité, prendre position sur ce terrain. Dieu est Vérité, agissant au moyen d'une loi parfaite, immuable; l'homme est la réflexion de la Vérité, il reflète éternellement l'honnêteté et la droiture.
Si nous sommes véridiques, honnêtes, ne nous en attribuons point le mérite, car nous reflétons simplement la Vérité toute-puissante, omniprésente; nous en sommes les témoins, nous avons été créés pour cela. En d'autres termes, nous n'exprimons pas certaines qualités qui nous placent au-dessus des autres, mais nous reconnaissons et manifestons celles qui sont inhérentes à tous, comme enfants de Dieu. Nous pouvons être honnêtes et réussir, car telle est la loi de Dieu. Reconnaître ce fait diminuera chez nous la tension, l'inquiétude, nous attirera le respect et l'approbation de notre prochain; la bonne influence qui s'exercera ainsi dans le milieu où nous sommes peut dépasser de beaucoup ce que nous prévoyons.
Certains diront qu'une personne peut être parfaitement honnête, agir avec droiture, et néanmoins ne pas réussir dans ses affaires. En effet, si elle a peur, il est possible qu'elle échoue. La crainte, c'est la croyance que Dieu n'est point omniprésent, que la Vérité n'est pas toute-puissante. Reconnaître que Dieu est l'omnipotente Vérité et croire en même temps que le mal est une puissance, cela indique une confusion mentale qui risque d'entraîner les échecs jusqu'au jour où nous apprenons que le mal n'existe pas dans l'univers spirituel et cessons de lui donner un pouvoir ou une réalité quelconque. Si nous admettons que l'homme reflète la Vérité, mais croyons qu'il est capable d'être malhonnête, ce penser faux gouvernera nos circonstances humaines. En revanche, pour celui qui perçoit la totalité de Dieu, de la Vérité, et l'absolu néant du mal, la crainte ou les échecs n'existent pas. Aucune crainte n'existe dans la pensée du disciple qui sait que l'action de la Vérité dans les affaires humaines est l'opération de la loi divine, toute-puissante, ne cessant d'agir. Aussi avance-t-il sans crainte, sûr que la Vérité est présente et que l'homme lui est éternellement uni. Il prouve qu'elle est vraie cette promesse de la Bible (Ps. 91:4): « Il te couvrira de ses ailes, et sous sa protection tu trouveras un refuge; sa fidélité sera ton bouclier protecteur. »
