Nous traversons une période de trouble et de destruction, où l'on a besoin d'un courage héroïque. Dans bien des cas, il faut plus que du courage: le réconfort est nécessaire. L'un de ceux qu'on aimait a soudain disparu. Il n'est plus visible aux humains. Les cinq sens ne peuvent nous dire où il est, comment il se trouve.
Pourtant tout être humain sent quelquefois une divine influence qui l'élève plus haut que les peines ou les incertitudes de l'existence quotidienne et lui fait entrevoir le monde de la paix, de la certitude absolue — monde toujours présent même si nous ne le voyons pas. Après tout, qu'est-ce qui offre le caractère de certitude le plus incontestable? La Vie! On peut avoir des doutes sur une foule de choses. Mais nul ne met en question le fait qu'il vit.
L'existence de l'homme est la plus haute manifestation de l'universelle Vie que nous appelons Dieu. Personne ne peut dire: « Je n'existe pas. » Nul ne peut se rappeler une époque où il n'existait point, ou se représenter un avenir où il aurait cessé d'être. On entend beaucoup parler de commencement et de fin. Mais — chose réconfortante — il n'y a, au point de vue individuel, aucune preuve qui soutienne l'une ou l'autre de ces phases. En d'autres termes, personne ne se souvient d'avoir commencé son existence, personne ne peut dire qu'il en est sorti. Quelles que soient la pensée ou l'opinion d'autrui à son sujet, l'individu lui-même ne connaît que l'existence continue.
Méditant ce problème, on rejoindra la cohorte des penseurs éclairés appartenant à diverses races, à maintes périodes différentes, qui ont adopté la conclusion suivante: le commencement et la fin sont deux imposteurs. Oui, la Vie est illimitée! Elle ne se termine dans aucune direction. L'éternité s'étend aussi bien dans un sens que dans l'autre. Chacun de nous, au milieu de cet océan sans bornes, jouit des instants qui coulent l'un après l'autre d'un réservoir inépuisable. Nous n'en recevons qu'un à la fois, et nous devrions en faire le meilleur usage possible.
La Vie n'a jamais été créée, faite, causée ou commencée. La Vie existe en soi. Elle est ici, partout, perpétuellement, en vertu de son éternité et de son universalité inhérentes. Tout homme y a part; chacun de nous est un témoin de sa présence, ce qui le rend impérissable. Après avoir guéri, à la piscine de Béthesda, l'infirme qui avait attendu si patiemment, Jésus déclara: « Comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils d'avoir la vie en lui-même. » La version américaine de Goodspeed rend ainsi ce verset: « Précisément comme le Père existe par soi-même, il a donné au Fils l'existence en soi. »
L'homme ne saurait être en même temps mortel et immortel. Il n'y a pas de mortel, en réalité. Ce qui paraît un mortel est tout au plus une fausse opinion de ce qu'est l'homme — opinion qui peut se perdre ou être abandonnée sans nuire à l'homme en aucune façon. Avec la pénétration spirituelle qui la caractérisait, Mary Baker Eddy déclare: « Il n'y a point de mortalité et, à vrai dire, il n'y a pas d'êtres mortels, car l'être est immortel, comme la Divinité, — ou plutôt l'être est inséparable de la Divinité » (Science et Santé, p. 554).
En vrai prophète, elle reconnaissait ainsi l'unicité de Dieu et de l'homme, l'union de l'homme avec la Vie éternelle; c'est ce que font déjà ressortir les enseignements de Jésus tels que les rapporte le quatrième Évangile; c'est ce que le Maître démontra d'une manière positive par sa résurrection et son ascension.
La vie indestructible s'apparente si intimement à l'homme qu'elle est en lui, manifestée par lui. Elle constitue sa substance, son être même, son individualité véritable. Dans les plus hautes régions de la pensée, il s'écrie: « C'est moi! » D'où l'affirmation de Mrs. Eddy: « Nous devons être pour toujours conscients de l'existence » (ibid., p. 428). Cette conclusion anéantit non seulement la mortalité, mais la maladie et le désespoir. C'est la vérité par laquelle les hommes sont affranchis.
Lorsque des humains disparaissent dans l'inconnu, ils ne cessent pas d'être. Ils deviennent seulement invisibles pour des mentalités où la lumière fait défaut. Une mentalité spirituellement éclairée reconnaîtrait que la prétendue fin n'est qu'un incident de la vie humaine. N'étant plus visibles sous la forme à laquelle nous étions accoutumés, ceux qui nous quittent revêtent une forme que nos sens obtus ne peuvent saisir. Notre vision confuse paraît les exclure. Une vue plus claire nous révélerait leur existence ininterrompue.
C'est là une des leçons que nous donne la transfiguration, où Jésus vit Moïse et Élie, s'entretenant avec eux des siècles après leur départ. De même Paul, sur la route de Damas, entendit la voix de Jésus et lui répondit, plusieurs années après que le Maître eut disparu pour les sens humains. Nos semblables ne s'en vont pas, ils ne s'éteignent point, ils ne perdent aucunement leur identité à l'heure du trépas. Emerson a dit:
Ce qui est excellent,
Puisque Dieu vit, est permanent:
Si les cœurs tombent en poussière,
Leur amour à jamais demeure.
Souvenons-nous que l'homme est non pas un être matériel, mais l'expression de l'intelligence, que ni les armes ni la maladie ne peuvent frapper. Certainement ceux qui de nos jours ne reculent pas devant le sacrifice suprême pour défendre la liberté se trouvent en vie, plus libres qu'auparavant, ayant oublié leurs blessures ou leur maladies.
Comment pensons-nous à eux? Chacun est un ensemble des qualités de l'Éternel. Sachons qu'ils continuent de progresser, ayant le pouvoir et les bons désirs qui permettent d'atteindre le but. Pensons à l'homme spirituel. Cette attitude est une prière; et la vérité mise en œuvre par la prière ou le penser juste accomplit sa mission d'une manière rapide et certaine. Quand on traite par la Science Chrétienne, la prière n'est pas moins efficace lorsque le patient se trouve dans une autre chambre que le praticien. Même si tout un continent les sépare, cela ne fait aucune différence. Il importe peu que le patient dorme tandis que le praticien fait son travail. Les divers stades de la conscience, les distances, les océans, les murs ne font point obstacle à la vérité que réalise le penser spirituel. Si l'on comprend l'omniprésence de l'Entendement, l'on peut être sûr que cet Entendement soutient même ceux qui échappent à notre vue: il guide leurs pas sur la route ascendante où ils se sont engagés.
