Il n'y a peut-être pas de proverbe qui soit plus fréquemment cité que celui qui nous dit que “le silence est d'or, la parole est d'argent.” Et cependant, les hommes ont été très lents à apprendre qu'il est sage de garder le silence. Bien des visions précieuses se sont perdues parce qu'elles ont été proclamées de vive voix avant qu'on ait réfléchi aux leçons qu'elles renfermaient et qu'on ait appris ces dernières; plus d'un précieux trésor de la pensée a été jeté au quatre vents parce qu'on en a causé d'une manière insensée, alors qu'il eût d'abord fallu l'examiner et l'aimer afin d'en être enrichi et béni par une assimilation faite en silence.
Le Scientiste Chrétien se trouve souvent face à face avec la grande nécessité de savoir quand il faut parler et quand il faut garder le silence. Dans sa lutte contre l'erreur, il ne se laisse que trop souvent entraîner à parler, alors que le silence eût été l'arme la plus puissante et la plus efficace. Il est souvent à se lamenter comme un certain homme des temps anciens qui “ne s'était jamais repenti d'avoir retenu sa langue, mais qui avait souvent regretté d'avoir parlé.” Il est constamment obligé de se souvenir que l'Entendement divin est la seule puissance, et que ses dispensations parfaites peuvent se refléter avec autant d'efficacité dans le silence légitime que dans les paroles légitimes.
En apprenant à comprendre et à exprimer les merveilles de l'Entendement divin, les Scientistes Chrétiens trouvent que Jésus devint leur Guide lors des premiers événements de sa carrière terrestre. Après sa naissance, parmi ces événements, le tout premier qu'il convient de rapporter est celui de l'ange du Seigneur, qui apparut “en songe à Joseph et lui dit: Lève-toi! Prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte; et tu y resteras jusqu'à ce que je te parle, car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire mourir.”
Aujourd'hui même il nous vient l'exhortation céleste de cacher à l'entendement mortel — le même Hérode destructif — les pensées saintes ou idées divines qui naissent dans notre conscience, et qui, par conséquent, n'ont pas encore atteint assez de force pour résister aux assauts de l'erreur. Au lieu d'observer un silence aussi sage, que de fois nous sommes tentés, à chaque nouvelle vision, de courir vers notre voisin,— vers quelque ami, quelque patient,— pensant qu'il pourra profiter de cette nouvelle lumière! La croyance que nous sommes influencés par le désintéressement nous empêchera peut-être d'entendre la voix de la sagesse divine, qui conseille de garder le silence jusqu'à ce que l'idée soit devenue assez forte pour se prononcer.
Après avoir soumis quelque idée spirituelle se déroulant nouvellement à l'hypothétique résistance de la croyance humaine,— que celle-ci soit entretenue soit par un ami soit par un ennemi,— chacun de nous s'est sans doute demandé où notre nouvelle vision s'était envolée. En vérité, nous nous sommes quelquefois étonnés de nous sentir ébranlés et lésés, alors que notre seul mobile était de faire du bien. Nous ne nous sommes pas toujours rendu compte que toute nouvelle vision, toute nouvelle lumière, est une révélation de Dieu, qui doit être aimée et démontrée avant qu'il soit sage de la transmettre à un autre.
Non seulement il est bon d'observer la prudence de ce silence alors que se fait le développement des idées nouvelles dans notre propre pensée, mais il faut aussi voir que ce silence est très souvent un facteur très important dans le travail du praticien pour le patient, si la démonstration de la guérison doit se faire avec succès. A la page 424 de Science et Santé avec la Clef des Écritures notre bien-aimée Leader nous dit: “Il est bon d'être seul avec Dieu et les malades lorsque vous traitez la maladie.” Nous ne nous souvenons pas toujours qu'avec le traitement de la Science Chrétienne les idées nouvelles se déroulent au patient; il ne devrait donc pas être possible qu'elles soient lésées ou perdues en étant exposées à l'erreur par suite d'un bavardage insensé. Cette tendre dispensation de la guérison devrait toujours rester sacrée; elle ne devrait jamais être ni corrompue ni altérée par des commérages à son propos. Lorsque le praticien et le patient sentent qu'il leur est nécessaire d'avoir ensemble des communications par téléphone, ils devraient aussi prier sérieusement pour savoir garder le silence. Ils devraient se rappeler qu'à de tels moments ils ne sont pas toujours seuls avec Dieu, sans une tierce personne. Il peut y avoir des indiscrets qu'ils n'inviteraient pas nécessairement à écouter leur conversation intime.
“Et Marie conservait toutes ces paroles et les repassait dans son cœur.” Quelle réconfort de savoir que Dieu, l'Entendement divin, est toujours là pour indiquer quand il est sage de garder le silence et quand il est sage de parler! Lorsque nous veillerons sans cesse, afin de nous mettre sous Sa direction, nous apprendrons à rester seuls avec l'Entendement, et nous verrons ainsi que l'Entendement protège et nourrit toutes les pensées qui se déroulent, jusqu'à ce qu'en Son temps et selon Sa sagesse, Dieu fasse naître chaque idée, et qu'elle soit forte et capable de remplir chaque besoin. Alors nous pourrons aller de l'avant et nous en servir avec toute la compréhension du pouvoir et de l'assurance résultant de l'obéissance envers l'Entendement divin, qui nous demande affectueusement d'obtenir la merveilleuse grâce de garder un silence de prudence.
