Toute victoire que nous remportons sur la croyance à un moi matériel implique un progrès vers la réalité. L'élimination complète de toute croyance à un moi séparé de Dieu est le point culminant de la tâche qui incombe à tout humain, et la Science Chrétienne contribue à cet accomplissement avec la lumière de sa révélation et de son exposition de la vérité de l'être. Elle élucide l'unité du bien, la relation qui existe entre Dieu et Son idée, unité à laquelle Jésus faisait allusion lorsqu'il dit: “En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et que vous êtes en moi, et que je suis en vous.” La parfaite compréhension de cette unité de Dieu et de l'homme, y compris la conscience spirituelle individuelle, impliquerait la complète destruction de la croyance à un moi matériel ainsi que la fin de toute souffrance humaine. Pour l'entendement humain non-éclairé, cependant, cet énoncé de l'être paraît menacer d'extinction ce qui lui semble un élément intégral de son être réel; aussi l'intérêt personnel s'oppose-t-il à chaque pas à la compréhension spirituelle, et érige-t-il les obstructions de ses propres intérêts contre la réalisation de la perfection actuelle et perpétuelle de l'homme.
La seule chose qui se dresse entre l'humain et sa réalisation du ciel, de l'harmonie, est la croyance à la personnalité matérielle, au moi dans la matière. Donc le processus par lequel il faut triompher du moi, c'est de renverser le témoignage du sens matériel. Le seul fait qu'on puisse avancer concernant le moi et le sens matériels, bien qu'il soit loin de les bien représenter, c'est qu'ils donnent une notion du moi véritable et du sens spirituel, de la réalité derrière le mensonge. Il est donc très clair que l'on ne saurait atteindre le moi spirituel de l'homme avant de triompher du faux moi matériel. De même que le moi matériel est une manifestation de l'entendement mortel qui disparaît à mesure que l'on se rend compte que l'entendement mortel lui-même est irréel et inexistant, de même le moi vrai ne peut être ni compris, ni prouvé, ni exprimé, avant que son origine, l'Entendement divin, soit compris scientifiquement. Cette compréhension de Dieu produit en nous les effets de la repentance, la bonne volonté de renoncer au sens erroné du moi, quelque lutte que cela dût nous coûter, vu qu'il est impossible que la guérison-Entendement scientifique s'effectue d'aucune autre façon, et qu'ainsi seulement les souffrances de la chair peuvent être échangées contre les harmonies de l'Esprit. Mrs. Eddy nous dit à la page 6 de “Unity of Good”: “Tôt ou tard la race humaine toute entière apprendra que dans la mesure où le moi impeccable de Dieu sera compris, la nature humaine se renouvellera, et l'homme recevra un moi plus élevé qui dérive de Dieu, et alors sera établie sur des fondements éternels la rédemption des mortels du péché, de la maladie et de la mort.”
La compréhension ou adoration scientifique de Dieu est, comme Jésus l'a dit à la Samaritaine au puits de Sychar, une reconnaissance si vraie et si spirituelle de la totalité de l'Esprit que la conscience qui rend ce culte reflète Dieu, c'est-à-dire est Son image. Cette compréhension ou adoration réveille le saint désir d'être la ressemblance de l'Amour, de croître en obéissance au divin Principe. Un tel culte ne laisse aucune place à un moi matériel. La totalité de l'Esprit est une chose si logique qu'elle exclut la possibilité du dualisme. On ne doit prendre en considération le moi mortel dans la Science de la guérison-Entendement, qu'autant qu'il est nécessaire d'y penser pour le prouver irréel. Donc il importe dâns la guérison métaphysique de la maladie physique de nier absolument le moi matériel et de reconnaître que l'homme est dès à présent l'idée immortelle de Dieu. Tout effort fait pour guérir par des moyens spirituels est par conséquent un effort fait pour détacher le moi du sens matériel et de s'élever à la vraie conscience de l'être.
Il est clair qu'on doit voir dans tout problème humain, devant être résolu par la Science Chrétienne, un dérivé de la croyance à un moi matériel séparé de Dieu. Toute tentative faite pour résoudre un problème spécifique par un processus scientifique de la pensée qui envisagerait en même temps la croyance à la causalité du moi mortel avortera forcément, vu qu'elle ne prend pas en considération la différence fondamentale entre le mortel et l'irréel, et l'immortel et le réel. Mais si un homme s'efforce loyalement d'en appeler au Principe pour lui aider à renoncer à sa croyance au moi de la mortalité lorsqu'il a recours à l'Esprit pour quelque besoin spécial, il acquiert dans la mesure de sa compréhension un sens plus clair de sa filialité spirituelle avec Dieu, et il perd une mesure analogue de sa prédisposition aux souffrances de sa nature charnelle. S'il travaille à nier le sens matériel, non pour chercher simplement ses aises dans les sens, il sortira de chaque lutte qu'il aura livrée contre l'erreur avec une compréhension plus claire de l'Amour divin et de la loi divine en tant que Principe et règle de l'être.
Attendu que la Science Chrétienne ne promet que le bien et ne révèle pas autre chose que le bien, il semble qu'on ne doive pas avoir à lutter pour accepter tout ce qu'elle a à offrir. Il n'y aurait pas de lutte si l'entendement humain savait recevoir le bien absolu que la Science Chrétienne proclame et qu'elle démontre. Mais l'entendement humain, y compris son sens du moi, est une contrefaçon de l'Entendement divin et de la filialité spirituelle, et c'est pour cette raison qu'il ne pourra jamais devenir bon ni connaître le bien. Il lui faudra céder la place à ce qui est réel, et c'est là justement le point où l'humain lutte contre le divin.
Alors pourquoi troubler ce faux sens du moi s'il ne doit jamais devenir meilleur? Pourquoi ne pas le laisser tomber dans l'extinction qui l'attend inévitablement, vu que la contrefaçon ne saurait porter atteinte à l'homme réel? Parce qu'on ne saurait se débarrasser d'un mensonge en admettant d'abord qu'il est présent, qu'il a du pouvoir, et en l'ignorant par la suite. On se débarrasse de l'erreur en en prouvant l'irréalité par la compréhension de Dieu et de Son idée. Il faut qu'il y ait en premier lieu le sens vrai que le moi matériel n'est qu'une irréalité et il faut ensuite commencer à y renoncer en triomphant des manifestations moindres de l'égoïsme, de la propre-volonté, de l'amour du moi, des appétits, des plaisirs aussi bien que des douleurs des sens. C'est dans la mesure où un homme cède à l'Entendement “qui était aussi en Christ Jésus” (voir Bible anglaise), et qui est le vrai moi, qu'il se dégage du moi matériel. De même que la nuit s'évanouit devant le jour qui se lève, de même la vérité que “vous êtes tous enfants de la lumière,” ainsi que Paul l'a dit, doit s'employer avec un pouvoir positif afin de prouver que “nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres.”
Le seul moyen de vaincre le sens humain du moi, c'est de reconnaître que l'homme est l'image de Dieu, et de vivre conformément à ce que l'on a reconnu, afin que la pensée qui reposait autrefois sur des désirs personnels cherche maintenant à être réceptive des idées spirituelles, et que la pensée qui cherchait autrefois la substance et le bonheur dans la matière voie aujourd'hui dans l'Esprit le domaine de la réalité. Ainsi en est-il que Mrs. Eddy nous dit à la page 167 du Miscellany: “L'Esprit nous apprend à renoncer à ce que nous ne sommes pas et à comprendre ce que nous sommes dans l'unité de l'Esprit — dans cet Amour qui est fidèle, qui est un secours toujours-présent dans les détresses et qui ne nous délaisse jamais.”
La victoire sera remportée scientifiquement sur le matérialisme dans la mesure où l'homme discernera sa vraie identité en tant qu'idée de Dieu, dans la mesure où il en arrivera à aimer Dieu suprêmement et à voir que rien n'importe autant que de renoncer complètement à un sens d'existence en dehors de l'Esprit, et d'en commencer aussitôt la démonstration en résistant journellement à toutes les tendances vers l'égoïsme. Cela n'implique nullement que dans le dédale de la lutte humaine, l'on doive se laisser dominer par la volonté d'autrui afin de prouver qu'on a échappé au sens personnel du moi. Ce serait là le moyen le plus faible de résoudre la question en chargeant autrui du fardeau d'égoïsme que l'on est trop indolent ou trop poltron pour nier et renverser. Il n'y a qu'une seule croyance à un moi séparé de Dieu. Si un homme détruit scientifiquement cette prétention illusoire, il sera délivré de la nécessité de se soumettre à l'égoïsme d'autrui dans la mesure où il vaincra son propre sens personnel du moi. La renonciation au moi implique l'obéissance au Principe, bien que cette obéissance puisse exiger que l'on coupe la main droite et que l'on arrache l'œil droit de la volonté et du désir matériels. Ainsi que nous le dit Mrs. Eddy à la page 6 du Miscellany: “Demeurer dans notre nature meilleure détachée du moi, c'est en avoir fini pour toujours des péchés de la chair, des torts de la vie humaine, du tentateur et de la tentation, du sourire et du mensonge de la damnation.”
