Ceux qui étaient plongés dans les enchevêtrements du péché ou de la maladie lorsque la Science Chrétienne leur fut présentée pour la première fois, savent avec quelle joie ils accueillirent la nouvelle interprétation que donne la Science Chrétienne de l'énoncé de Jean dans sa première épître, interprétation qui est grosse d'espérance,—“Mes bien-aimés, nous sommes dès à présent les fils de Dieu” (voir Bible anglaise). Quelles qu'aient été leurs douleurs, mentales, morales ou physiques, l'idée de la filialité divine présenta une vision spirituelle de possibilités qui se montra bientôt sous forme de santé et de bonheur accrus. Cette idée était pour eux si frappante qu'elle suffisait souvent en elle-même pour produire une guérison physique complète de maux datant de bien des années. Tous les obstacles qu'ils rencontraient chaque jour sur leur route furent mis de côté avec une triomphante foi en Dieu et en la domination de l'homme en tant que fils de Dieu.
Cependant, un Scientiste Chrétien aura dans sa vie bien des pas progressifs à faire. La vérité révélée présente une science exacte, exigeant de l'étudiant qu'il en apprenne les règles correctement et qu'il les mette consciencieusement en pratique. Le progrès est la loi du Christianisme non moins que des mathématiques, et c'est la démonstration intelligente, non la foi aveugle ni les conjectures, qui prouve indubitablement si le pas qu'on a fait a été dicté par l'inspiration. Lorsqu'on a prouvé une règle en mathématiques en résolvant les problèmes qui doivent élucider cette règle, on comprend la loi fondamentale que représente cette règle. Il en est de même des pas progressifs du Christianisme scientifique; le moment vient inévitablement où le fait spirituel que nous sommes fils de Dieu devra être soutenu par la compréhension de ce qu'il faut faire pour illuminer la vie journalière de manière à rendre ce fait apparent en toutes circonstances et en tous sens. Certains étudiants passent par une période où les obstacles qui s'éliminaient facilement autrefois, grâce à l'illumination de la pensée inspirée, ne se réduisent plus au néant avec autant de rapidité. Ceci indique la nécessité de mieux comprendre le Principe.
Nous ne renonçons jamais à l'idée que nous sommes les fils de Dieu, parce que nous avons trop souvent prouvé cette affirmation par la guérison pour souffrir aucun doute; mais ce qui nous étonne souvent, c'est de nous voir forcés de combattre des conditions matérielles desquelles nous paraissions exempts auparavant. Nous avons affaire, pour ainsi dire, à l'opiniâtre matérialité qui refuse de céder la place à notre sens actuel de l'être réel de l'homme en tant que fils de Dieu. Il y a alors danger de nous laisser aller à faire des concessions. Lorsque l'étudiant énonce des faits absolus concernant le Dieu parfait et l'homme parfait, il fait une restriction mentale, qu'il exprime quelquefois en des termes comme ceux-ci, par exemple: “Oh oui! je sais que cela est vrai de l'homme réel, mais, ” ou bien: “Puisque le corps physique n'est que l'expression de l'entendement mortel sensuel, quelle différence cela fait-il qu'il vive ou qu'il meure?” Il pourra même prendre une attitude de négligence, exposer le corps aux dangers, aux fatigues, et à d'inutiles expériences pénibles. Il pourra établir des prémisses injustifiables dont il tirera une conclusion tout à fait erronée en nourrissant des suggestions de fausse théologie selon lesquelles il y aurait deux entités séparées — l'homme réel, ou fils de Dieu, et l'homme mortel. Puis cette fausse théologie soutient en outre que, dans son existence humaine journalière, l'homme doit passer par un long conflit au moyen duquel il lui faut renouveler graduellement son moi mortel jusqu'à ce que, étant régénéré, il regagne l'état qu'il croyait avoir perdu en tant que fils de Dieu. Ces suggestions latentes de fausse théologie devront être réduites scientifiquement au silence, autrement elles produiront le découragement et feront douter de l'irréalité, tant de la maladie que du péché. La vie journalière perdra beaucoup de sa joie spontanée, les devoirs de chaque jour deviendront des tâches, et ainsi le sacrifice personnel au lieu du Principe divin sera accepté comme étant le sauveur, et dans une certaine mesure, la vie redeviendra labeur et peine.
Cet état mental est anomal chez un Scientiste Chrétien, et il a certainement besoin d'être délivré de ce malheureux état. Il trouve le salut dès qu'il commence de réaliser que Jésus faisait une distinction entre le “Fils de Dieu” et le “Fils de l'homme.” En parlant de ceci, le grand Maître dit: “L'heure vient, et elle est déjà venue, où les morts [ceux qui sont ensevelis dans les transgressions et les péchés] entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront entendue vivront. Car, comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils d'avoir la vie en lui-même, ... parce qu'il est le Fils de l'homme.”
La signification de ce passage nous est rendue claire par la conscience transparente de notre Guide bien-aimée, Mrs. Eddy, qui dit à la page 8 de son “Message to The Mother Church for 1901”: “Le Christ était le moi spirituel de Jésus; par conséquent le Christ existait avant Jésus, qui dit: ‘Avant qu'Abraham fût, je suis.’ ... La Science Chrétienne explique cette parole mystique du Maître concernant sa personnalité duelle, le Christ Jésus spirituel et matériel, que les Écritures appellent le Fils de Dieu et le Fils de l'homme — elle explique qu'elle a trait à son moi spirituel éternel et à son moi humain temporel,” A la page 10 elle dit: “Le Christ n'était pas humain. Jésus était humain, mais le Christ Jésus représentait à la fois le divin et l'humain, Dieu et l'homme.” Notre Guide inspirée dit aussi par rapport à l'idée divine (Miscellaneous Writi-ngs, p. 164): “Son Principe divin interprète l'idée incorporelle, ou fils de Dieu, par conséquent la distinction faite entre l'incorporel et le corporel est comme suit: le premier est l'idée spirituelle qui représente le bien divin, et le dernier est la présentation humaine de la bonté en l'homme.” L'étudiant élève maintenant le “Fils de l'homme” dans sa pensée avec cette même inspiration avec laquelle il éleva “le Fils de Dieu.” Il réalise avec joie que Jésus donna une règle pour cette période de progrès lorsqu'il dit: “Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l'homme soit élevé.”
Il commence immédiatement à élever le “Fils de l'homme,” il cesse de chercher à rendre le mortel bon, car il s'est réveillé et a vu l'homme auquel Paul fait allusion lorsqu'il dit: “Désormais nous ne connaissons plus personne selon la chair; et, même si nous avons connu Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus de cette manière.” Sa vie journalière doit exprimer le fait que c'est là son identité divine. Il est donc nécessaire de vaincre la croyance à la mort, car ce n'est qu'ainsi qu'il est possible de présenter l'idée juste de l'impérissable Christ éternel. Il voit maintenant que la première guérison qui lui vînt par sa perception du fils de Dieu était, en ce qui le concernait, la guérison par la foi. Il sait maintenant que c'est par le progrès qu'il devra atteindre la compréhension spirituelle, et qu'il lui faudra faire fidèlement chaque pas ascendant afin de conserver la guérison Chrétienne juste et scientifique de Jésus.
Sans nul doute Jésus sentait qu'il avait besoin de forces divines pour maintenir fermement ce concept de l'homme au-dessus du mesmérisme et du témoignage des sens, lorsqu'il dit: “Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi.”
