La Victoire d’une Mère

Pendant les mois qui viennent de s’écouler l’auteur de ces lignes a appris une leçon précieuse dans la Science Chrétienne. Lorsque fut publiée la déclaration que notre pays était en état de guerre, je me rendis compte que cela pourrait bien toucher à notre foyer. Pendant plusieurs mois ma pensée avait subi un changement graduel, grâce à la lecture de nos périodiques, grâce surtout à la lecture du Monitor; j’avais cessé de désirer la paix à tout prix, j’avais compris que la paix, si elle est établie sur une base autre que celle du Principe, n’est pas la paix.

Lorsque, plus tard, on vota le tirage au sort pour le recrutement de l’armée, la crainte m’envahit de plus en plus, et je me rendis compte qu’il me fallait travailler fidèlement à résoudre notre problème. Naturellement il pourrait arriver que notre fils ne soit pas appelé mais cette pensée ne me donna pas un réconfort durable. La pensée me venait constamment qu’il pourrait l’être et j’y répondais toujours en déclarant que Dieu place l’homme et le maintient dans la place qu’il lui assigne. Cependant, lorsque je déclarai ceci, j’avais toujours l’espoir qu’il en résulterait que notre fils restât chez nous, mais je vis bientôt qu’il n’était pas honnête de travailler ainsi, je cessai donc de déterminer la solution du problème et me détournai pour toujours de toute aide humaine vers Dieu, le seul secoureur réel. Je réalisai que puisque Dieu place l’homme, si notre fils était appelé sous les drapeaux, il n’y aurait aucun doute quant à l’issue, quand bien même cette issue pût être contraire à celle à laquelle nous nous attendions. Il fallut aussi travailler à vaincre la tentation de réclamer une exemption pour lui. Je m’étais tant soit peu rattachée à cette pensée, mais ce ne fut là qu’un roseau brisé qui ne me fut d’aucun secours. Lorsque je me tournai absolument vers Dieu, lorsque je trouvai en Lui seul mon soutien et ma force, il me vint quelque peu cette paix qui surpasse toute intelligence, et je pus déclarer que si mon fils était appelé je consentirais de bon cœur à ce qu’il partît. Lorsqu’on annonça les nombres qui avaient été tirés et que le sien en était, je ne fus ni deçue ni surprise. J’étais prête alors à faire le pas suivant, savoir, obéir à l’injonction: “Déliez-le, et laissez le aller.” Je réalisai que Dieu est son Père-Mère, je renonçai à mon sens humain de maternité, et je commençai de voir que Dieu pouvait le protéger bien mieux que je ne saurais le faire, car humainement parlant, je ne pouvais rien pour lui.

Inutile de dire que le garçon se ressentit de cet affranchissement, qu’il n’essaya même pas d’obtenir une exemption et que, sans même nous en faire part, il s’engagea dans la marine. Lorsque arriva le moment fixé pour son départ, la présence de l’Amour divin fut de nouveau prouvée car nous nous sentîmes libres, heureux et joyeux, et il n’y eut pas le moindre vestige de chagrin, ni aucune pensée de séparation. Il s’est déjà rendu compte, par la lecture de notre livre de texte, du pouvoir de la Vérité sur la discorde. Après avoir reçu certaines piqûres de sérum, traitement auquel tous les soldats durent se soumettre, il tomba très malade. Il prit donc Science et Santé et se retira dans son hamac; après avoir lu pendant une demi-heure il s’endormit et lorsqu’il se réveilla le lendemain matin il était complètement dégagé, bien que tous les autres hommes de la compagnie souffrissent encore. Ceci fut pour lui une preuve convaincante de l’efficace de la Science Chrétienne. Lorsqu’il me raconta son expérience, je remerciai Dieu des circonstances qui l’avaient mis à même de faire sa propre démonstration, car jusque-là il lui avait semblé plus aisé de demander à sa mère de travailler pour lui.