La fille sur mon écran d’ordinateur hurlait. Dans la série en ligne que je visionnais, elle était l’une des huit adolescentes bloquées sur une île déserte. Et elle était sur le point de craquer.
Dans ses cris, j’ai vu comme un écho aux appels à l’aide que j’entends depuis environ un an dans la vie réelle. De nombreux adolescents que je connais ont l’impression d’être sur le point de craquer. Et pour l’instant, le « sauvetage » ne semble même pas pointer à l’horizon – du moins pas si nous attendons la fin de la pandémie ou que la vie revienne à la normale.
Mais est-ce cela que nous attendons ? Le seul moyen de rester sain d’esprit résiderait-il dans un compte à rebours vers la « normalité » ?
Alors que je me posais ces questions, dans un moment qui ressemblait pour moi à un moment de crise, j’ai obtenu une réponse intéressante : Quand on est au point de rupture, la clef est de comprendre qu’il n’existe pas de point de rupture.
Si quelqu’un m’avait dit cela, j’aurais pensé que mon état de saturation n’était pas pris au sérieux. Et, en matière de santé mentale, il nous faut affronter ces sentiments profonds et difficiles et ne pas les mettre de côté. Mais le message que j’ai reçu en priant pour obtenir de l’aide s’est imposé avec un tel sentiment de sécurité et de paix que je me suis sentie à la fois entendue et guérie. Et j’ai su que quelque chose d’important se produisait, au-delà de l’aide personnelle que je recevais : Dieu me montrait une façon de prier pour tous ceux, y compris nous-mêmes, qui ont l’impression d’être sur le point de craquer.
La notion de point de rupture, ce moment où l’on craque, découle d’un paradigme basé sur le cerveau, dans lequel chacun de nous a un entendement qui lui est propre – un entendement vulnérable aux traumatismes et aux courts-circuits. Dans ce scénario, nous avons très peu de contrôle sur les pensées et les sentiments qui se bousculent en nous, ou sur les réponses que nous y apportons. Nous craquons parce que... eh bien parce que c’est ce qui se passe lorsqu’il y a trop de pression.
Si notre univers était ainsi fait, alors nous compterions tous sur quelque chose qui ressemblerait à une force surhumaine pour pouvoir nous maîtriser. Mais mon étude de la Science Chrétienne m’a appris que cette vision de notre monde, qui serait fragile et hostile, n’est pas correcte. Et qu’en voyant notre univers différemment, nous pouvons vivre notre vie – et même nos problèmes – différemment.
Quelle est cette vision différente ? C’est celle d’une réalité spirituelle totalement bonne, gouvernée et soutenue par Dieu. Elle est basée sur la compréhension qu’il n’y a pas plusieurs entendements, mais un seul Entendement, l’Entendement divin, ou Dieu. Parce que l’Entendement est aussi « l’infini, soutien constant » (Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. vii), il est impossible qu’il soit surchargé, qu’il s’arrête, qu’il soit court-circuité, ou qu’il craque. Ses qualités incluent la stabilité, la permanence, la paix, l’espoir, la plénitude et le courage.
Voici la façon dont la Bible le décrit : « Car je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance. » (Jérémie 29:11)
Ainsi, les pensées que l’Entendement nous donne ne sont ni accablantes ni effrayantes. Elles sont bonnes, paisibles et intelligentes, parce que l’Entendement est le bien et l’intelligence. Et, bien qu’il puisse sembler que l’Entendement nous envoie ces pensées de quelque part « là-haut », en fait, l’Entendement est notre Entendement, ici et maintenant. Puisqu’il n’y en a qu’un, il doit donc être le nôtre. L’Entendement et ses idées – nous – sont un.
Cela peut sembler abstrait, mais la prière qui reconnaît l’Entendement divin comme notre unique Entendement, et les pensées de Dieu comme nos uniques pensées, est puissante. J’ai constaté que prier de cette façon nous renforce afin de résister et de rejeter les sentiments sombres et dévastateurs comme étant fondamentalement illégitimes – comme venant de nulle part et n’appartenant à personne. Nous sommes soutenus lorsque nous nous rebellons pour interrompre notre chute brutale vers l’abîme du burn-out, de l’anxiété et de la dépression.
Et nous sommes également capables de savoir, de la manière la plus certaine et la plus fiable, qu’on ne peut pas être sur le point de craquer, car il n’existe pas de point de rupture. Non pas parce que tout est redevenu rose, mais parce que notre salut réside dans un changement de perspective – dans le fait de découvrir que nous ne nous accrochons pas désespérément aux dernières branches de notre raison, mais que l’Entendement, qui est perpétuellement stable et paisible, nous aime et nous conduit à reconnaître que nous sommes d’ores et déjà en sécurité.