Il y a quelque temps, un dessin humoristique publié dans The New Yorker montrait Dieu assis à un bureau. Sur un côté du bureau on voyait une boîte de réception pleine de gens qui arboraient de larges sourires et se congratulaient ; de l’autre côté, une boîte d’envoi pleine de gens qui pleuraient et se lamentaient. Devant le bureau, une foule attendait le jugement de Dieu. Ce dessin, qui suscite les sourires attendus, parle de la vieille doctrine théologique de la prédestination, selon laquelle Dieu choisit arbitrairement ceux de Ses enfants qui seront sauvés tandis que les autres sont voués au châtiment éternel.
Bien que cette doctrine ait été largement abandonnée par les églises, d’autres formes laïques de prédestination, de « déterminisme », pour utiliser le terme philosophique en pointe, gardent une emprise sur la pensée humaine et placent ainsi l’homme dans des conditions sur lesquelles il est censé n’avoir aucun contrôle et qui limiteraient ses progrès et même ses chances de survie : par exemple, les lois matérielles fatales pour la santé, les croyances associées à l’hérédité, les menaces actuelles des problèmes environnementaux.
Toute forme de déterminisme – génétique, culturelle, biologique, économique – tire son autorité des théories humaines qui définissent l’homme comme étant matériel. Mais le déterminisme sous toutes ses formes, ainsi que la croyance sous-jacente à un homme matériel, est remis en question par la Science Chrétienne qui nous fait comprendre que Dieu est entièrement bon, qu’Il gouverne l’homme sans partage, et que par conséquent le destin de celui-ci est uniquement bon et harmonieux. Au lieu du fatalisme et des sombres perspectives des théories déterministes, la Science Chrétienne souligne la promesse lumineuse du salut éternel de l’homme, selon l’assurance de la Bible. « Ce que Dieu connaît, Il le prédestine... », écrit Mary Baker Eddy, la Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, dans sa brochure Non et Oui (p. 37). Ainsi l’homme – chacun de nous – est-il destiné à connaître uniquement le bien, et non des souffrances inévitables.
En tant que Père-Mère aimant, Dieu nous a créés pour Se glorifier lui-même. Il reconnaît dans l’être et la nature spirituels de l’homme le reflet de Son être et de Sa nature, et Il donne la santé, l’abondance, la sainteté et une conscience céleste à chacune de Ses idées, et ce éternellement. Tout ce qui arrive à l’homme spirituel véritable est ordonné par Dieu, non par des facteurs économiques ou environnementaux incontrôlables. Le dessein bienveillant de Dieu à l’égard de l’homme annihile toute théorie mortelle qui priverait celui-ci de sa perfection et de sa pureté innées.
On trouve un exemple poignant du dessein de Dieu de toujours sauver et racheter l’humanité dans l’histoire biblique de Jonas, relatée dans le livre du même nom. Jonas est chargé par Dieu de se rendre dans la ville de Ninive pour y prêcher la repentance, parce que les habitants suivent de mauvaises voies. Jonas refuse d’abord d’y aller, et s’embarque au contraire sur un bateau qui se rend à Tarsis. On comprend plus loin que Jonas estime que les gens de Ninive ne méritent pas d’être sauvés, tant leurs péchés sont grands. Ce qui survient ensuite est sans doute la partie la plus connue de l’histoire. Dieu lui ayant ordonné de faire ce voyage, Il le châtia pour sa désobéissance. La Bible raconte que Jonas est avalé par une baleine et qu’il reste trois jours et trois nuits dans son ventre – expérience qui amène Jonas à faire preuve d’humilité et à suivre les directives de Dieu. Il entreprend finalement ce voyage et prêche à Ninive, exhortant les habitants à se repentir de leurs mauvaises voies. Le roi et tout le peuple se repentent effectivement, et Dieu épargne la ville.
Le déterminisme sous toutes ses formes est remis en question par la compréhension que Dieu est entièrement bon et que par conséquent l’homme est harmonieux.
Le dessein de Dieu de sauver l’humanité est le plus clairement mis en évidence par l’avènement du Messie annoncé dans de nombreuses prophéties de l’Ancien Testament. Ces prophéties ont trouvé une merveilleuse réalisation à travers la vie, les enseignements et l’exemple de Christ Jésus. Il est intéressant de noter que, lorsque les scribes et les pharisiens lui demandent un signe prouvant que son œuvre est inspirée par Dieu, Jésus leur répond qu’ils n’auront d’autre signe que le « miracle... du prophète Jonas » (Matthieu 12:39). Voilà qui confirme que le dessein de Dieu à l’égard de tous Ses enfants est toujours de sauver et de restaurer, comme ce fut le cas pour les habitants de Ninive.
A mesure que nous acquérons la vraie compréhension de Dieu et de l’homme par des luttes spirituelles à l’instar de Jacob, luttes qui sont depuis toujours la caractéristique de la pratique chrétienne, nous nous libérons de la croyance à des théories humaines restrictives qui voudraient déclarer l’homme maudit et non béni. Avec chaque triomphe, et par des efforts persistants « pour assimiler davantage le caractère chrétien », comme l’écrit Mary Baker Eddy (Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 4), nous progressons vers notre ascension finale au-dessus de l’erreur et de la matérialité. Ce sont nos pas quotidiens dans cette direction qui donnent à l’existence humaine sa raison d’être suprême et tout son sens.
Lorsque ma sœur a eu cinq ans, selon un verdict médical censé être irréversible, elle a contracté la scarlatine. Le médecin qui la suivait a dit à mes parents que si elle n’ingérait pas une certaine pilule régulièrement, elle mourrait. Mais pour une raison que j’ignore, elle n’arrivait pas à avaler ces pilules. Très peu de temps avant, mon père était devenu scientiste chrétien après avoir été guéri d’un problème de peau considéré comme incurable par plusieurs médecins. C’est pourquoi, en désespoir de cause, ma mère a accepté au milieu de la nuit qu’il appelle une praticienne de la Science Chrétienne afin qu’elle prie pour ma sœur.
Comme ils n’avaient pas le téléphone à la maison, mon père s’est habillé et il est parti à la recherche d’une cabine téléphonique dans le quartier pour appeler la praticienne. Au matin, quelques heures plus tard, ma sœur était complètement guérie. Ma mère est devenue scientiste chrétienne, et ma sœur a été elle-même, et pendant plus de quarante ans, praticienne de la Science Chrétienne, aidant les autres à vaincre les croyances déterministes des lois médicales.
Pour ce qui est du déterminisme théologique, il est significatif que, dans son enfance, Mary Baker Eddy se soit rebellée contre la doctrine de la prédestination, qui était un credo de l’église protestante que sa famille aimait fréquenter, et dont elle est restée membre jusqu’à ce qu’elle fonde elle-même une église. « Je ne voulais pas être sauvée », écrit-elle dans sa courte autobiographie Rétrospection et Introspection, « si mes frères et mes sœurs devaient compter parmi ceux qui étaient condamnées à être bannis à jamais de la présence de Dieu. » (p. 13) La jeune Mary Baker avait l’intuition que la doctrine de la prédestination était une négation de la bonté et de la miséricorde de Dieu. Sa conviction que la volonté de Dieu procure le salut à tous est au cœur de la religion qu’elle a fondée plus tard.
Selon la Science Chrétienne, les hommes et les femmes sont « prédestinés » ou « programmés » uniquement pour manifester dans leur pleine mesure les attributs de l’Entendement, de l’Ame et de l’Amour divins – les qualités de leur créateur, éternellement exprimées par Sa création. Eclairée par cette conviction, la prière ôte toute malédiction pesant sur l’humanité et la remplace par la révélation universelle de l’amour invariable et éternel de Dieu.
« Ce que nous aimons détermine ce que nous sommes », déclare Mary Baker Eddy (La Première Eglise du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p. 270).